Une chapelle ardente se tient à Montréal jeudi à la mémoire de Michel Côté

MONTRÉAL — Un homme «fait en acier», qui avait sa famille à coeur: c’est la façon dont Maxime Le Flaguais a décrit son père Michel Côté, jeudi matin, au Monument-National, à Montréal, où se tient une chapelle ardente à la mémoire de l’acteur qui a marqué la culture québécoise. 

Le fils du comédien a rencontré les médias en matinée, peu avant que la chapelle ardente soit ouverte au public. Les citoyens pourront s’y présenter jusqu’à 21h jeudi.

Déjà, sur le coup de 13h, quelques dizaines de personnes attendaient à l’extérieur du Monument-National pour rendre hommage à l’acteur. 

«Il a été très fort mon père tout au long de sa vie. Il souffrait d’arthrite aussi mon père, c’était quelqu’un vraiment fait en acier», a dit Maxime Le Flaguais, l’air calme et posé. 

Les funérailles de l’acteur, connu notamment pour ses rôles dans les films «Crusing Bar» et «C.R.A.Z.Y.»,ont été célébrées mercredi, en compagnie de sa famille et de ses amis proches. Jeudi, le cercueil fermé de Michel Côté est exposé sur la scène du Monument-National, où l’acteur a déjà joué «Broue». Le drapeau du Saguenay-Lac-Saint-Jean ainsi que deux photos de l’acteur se trouvent aussi sur la scène. 

Michel Côté est décédé le 29 mai dernier, à l’âge de 72 ans, des suites d’une maladie de la moelle osseuse. L’homme a reçu une greffe de moelle osseuse et a effectué des traitements de chimiothérapie, qui n’ont pu éradiquer la maladie, a raconté son fils. Le comédien avait 35 % de chance de survie. 

«C’est vraiment toute une maladie. Comme je disais en « joke », ce n’est pas un rhume», a dit Maxime Le Flaguais. 

Le fils du comédien a dit avoir été très ému par la vague d’amour du public à la suite de la mort de Michel Côté. 

«Je n’ai jamais autant pleuré de ma vie, a-t-il lancé. Il (mon père) nous a laissés dans une tempête médiatique, certes, une tempête d’amour aussi.»

Le fils du célèbre acteur a précisé que son père a passé ses derniers jours en compagnie de sa famille.

«Ce qu’il m’a laissé pendant cette période-là, c’est une force hallucinante», a-t-il dit, précisant que dès que Michel Côté a appris que ses jours étaient comptés, il a cessé de pleurer.

«Il m’a appris comment mourir en fait, a évoqué Maxime Le Flaguais. Mourir avec dignité, mourir fort, et mourir heureux. Il était content de sa vie.» 

Il a souligné les talents de comédien de son père, qui pouvait passer de l’humour au drame dans ses différents rôles. «Les gens qu’il touchait, il les touchait vraiment profondément», a-t-il dit, précisant avoir été ému par les nombreux témoignages qu’il a reçus, où son père était dépeint comme «un grand homme» avant un «grand acteur». 

Maxime Le Flaguais a aussi plaidé pour l’importance du métier de comédien. «C’est important comme métier, ce n’est pas anodin», a-t-il déclaré, disant que les productions culturelles représentent un miroir de la société.

Le fils de Michel Côté a affirmé que sa famille n’a pas demandé de funérailles nationales, disant que son père aurait préféré que cet argent serve à d’autres choses qu’à ses obsèques, comme à l’éducation ou à la santé, a-t-il raconté, un sourire aux lèvres.

Toutefois, Michel Côté sera décoré au grade de chevalier de l’Ordre national du Québec à titre posthume le 21 juin, avait déjà annoncé le gouvernement. 

Le ministre de la Culture et des Communications, Mathieu Lacombe, est d’ailleurs venu se recueillir à la chapelle ardente au nom du gouvernement du Québec. 

«Il a surtout touché plusieurs générations», a déclaré le ministre avant d’aller offrir ses sympathies à la famille. «En plus de ça, tout le monde nous dit que c’était quelqu’un de tellement gentil. Souvent, on dit un vrai gentil», a-t-il ajouté. 

La communauté artistique en deuil

De nombreux membres de la communauté artistiques sont venus rendre hommage à Michel Coté au courant de l’après-midi. 

«J’aurais aimé jouer sur scène avec lui. Pour moi c’était un monument. Michel Côté, c’est le respect, c’est la générosité, c’est le côté rassembleur. C’est une grosse perte», a affirmé le comédien Paul Dion, avant d’entrer dans le Monument-National. L’actrice Sylvie Potvin, qui figurait dans La petite vie, a pour sa part souligné la «bonne humeur» et le «côté rassembleur» de l’acteur. 

«Il n’y avait pas de filtre, a affirmé l’animateur Winston McQuade. Faire une interview avec Michel, ce n’était pas faire une interview. C’était une rencontre, c’était une jasette. On se parlait de coeur à coeur.» Pour M. McQuade, l’acteur «a mis sa signature sur la culture québécoise». 

La mairesse d’Alma, la ville natale de Michel Côté, Sylvie Beaumont, est aussi venue présenter ses sympathies à la famille de M. Côté. «Aussitôt que tu parlais à Michel, tu étais sous le charme de Michel Côté. C’était un homme qui était extrêmement charismatique», a dit Mme Beaumont. 

«Lui, l’humanité était devant l’égo», a pour sa part affirmé l’acteur Patrice Coquereau. «J’espère qu’il est parti en paix», a-t-il ajouté. 

Plusieurs citoyens sont aussi venus se recueillir à la mémoire de l’acteur. «C’était un grand», a déclaré Normand Dubois. «Il habitait le personnage, il avait beaucoup de talent», a renchéri Jacqueline Dollard, qui souhaitait également rendre un dernier hommage à l’acteur. 

Hommages à l’Assemblée nationale

Les élus ont aussi rendu hommage à Michel Côté au Salon bleu jeudi. 

«On perd un grand acteur évidemment, mais je pense qu’il va rester pour toujours dans nos mémoires puis dans nos coeurs», a affirmé le premier ministre François Legault. 

«C’est un acteur d’un immense talent qui nous quitte. Si notre drapeau national est en berne aujourd’hui, c’est pour lui rendre hommage et pour commémorer son apport inestimable à la culture québécoise», a pour sa part déclaré Pascal Bérubé, député du Parti québécois. 

Le chef du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay, a évoqué qu’«il restera toujours de quoi de Michel Côté qui nous a touchés à travers ses différents personnages». 

Gabriel Nadeau-Dubois, chef parlementaire de Québec solidaire, a aussi rendu hommage à l’acteur. «Michel Côté, on l’a dit souvent dans les derniers jours, était aimé des Québécois. Tout le monde l’aimait. Je pense que c’est parce que lui, il aimait tout le monde», a-t-il dit.