Visite du président Biden au Canada: une longue tradition qui reprend

OTTAWA — Joe Biden et Justin Trudeau auront sans doute une rencontre plus agréable que la dernière visite d’un dirigeant américain au pays.

Cela fait près de cinq ans que Donald Trump s’est envolé pour La Malbaie, au Québec, pour un sommet du G7, une réunion qui a bien mal terminé.

Une image mémorable du compte Instagram officiel de la chancelière allemande Angela Merkel résume les discussions.

Sur la photo, le président Trump est assis d’un côté d’une table, les bras croisés, regardant ceux qui l’entourent d’un demi-sourire. Penché vers lui du côté opposé se trouve Mme Merkel au regard sévère, dont les mains sont à plat sur la nappe blanche, et le président français Emmanuel Macron, qui semble avoir l’attention de Trump. Le premier ministre japonais Shinzo Abe est au centre du cadre, les bras croisés sur la poitrine.

M. Trudeau n’est pas sur la photo, mais selon M. Trump, c’est son discours dur sur le commerce qui a fait tomber la fragile déclaration de consensus du sommet quelques heures seulement après la signature du document.

Donald Trump a eu vent de la conférence de presse de M. Trudeau depuis l’avion présidentiel et il a commencé à réagir avec des gazouillis.

Il a affirmé dans l’un de ses messages que «sur la base des fausses déclarations de Justin lors de sa conférence de presse » et en raison des tarifs «massifs» du Canada, il n’approuverait plus le communiqué final du G7.

Les présidents américains font le voyage vers le nord depuis Washington, D.C., depuis 100 ans.

Ces séjours se sont avérés mémorables à de nombreuses autres occasions, donnant un aperçu de l’état de la relation entre les dirigeants des deux pays voisins.

Des moments mémorables

Lors du Sommet Shamrock, le nom familier donné à leur rencontre de 1985 à Québec, le président américain de l’époque, Ronald Reagan, le premier ministre canadien de l’époque, Brian Mulroney, et leurs épouses ont chanté en harmonie une interprétation de «When Irish Eyes Are Smiling».

Un article paru dans le Time Magazine parlait d’une mise en scène politique non pas tant pour résoudre des problèmes internationaux que pour créer une atmosphère propice à la recherche d’une solution.

Pour M. Mulroney, cela marquait une «nouvelle ère dans les relations» entre les deux pays, alors qu’ils discutaient de la sécurité sur le continent et de commerce. Trois ans plus tard, M. Reagan et lui signaient l’Accord de libre-échange Canada-États-Unis, précurseur de l’ALENA.

Près de 20 ans plus tard, la première visite officielle de George W. Bush est cependant accompagnée d’un accueil glacial.

M. Bush venait d’être réélu à la présidence lorsqu’il a rencontré le premier ministre de l’époque, Paul Martin, à Halifax, en décembre 2004.

Des manifestants s’étaient rassemblés sur la colline du Parlement pour exprimer leur opposition à l’invasion de l’Irak par les États-Unis.

M. Bush s’en est moqué lors d’une conférence de presse affirmant: «Je tiens à remercier les Canadiens qui sont venus nous saluer, avec leurs cinq doigts de la main, pour leur hospitalité».

L’ambassade des États-Unis sur le site Web du Canada énumère des dizaines de visites présidentielles qui remontent à 1923, lorsque Warren G. Harding a assisté à une réception à Vancouver — bien que les États-Unis aient seulement reconnu le Canada comme un «État indépendant exerçant un contrôle autonome sur ses relations étrangères» en février 1927.

Franklin Roosevelt se trouvait régulièrement au nord de la frontière pendant son séjour au bureau ovale, même si bon nombre de ses escales étaient pour des vacances sur l’île Campobello, au Nouveau-Brunswick.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le président Roosevelt et le premier ministre britannique Winston Churchill se sont rendus deux fois à Québec pour ce qu’on appelle maintenant la Première Conférence de Québec et la Deuxième Conférence de Québec.

Selon les Roosevelt Papers, le président de l’époque a suggéré le lieu de la réunion d’août 1943 parce que «Québec offrait les avantages d’un climat agréable et des quartiers convenables et confortables à la Citadelle historique et au Château Frontenac».

Même s’il était l’hôte, le premier ministre de l’époque, William Lyon Mackenzie King, n’a pas assisté à bon nombre des principales réunions.

Quant au mandat de Pierre Trudeau, il coïncidait avec celui de cinq présidents différents.

Parmi eux, Richard Nixon, qui, comme on le découvrira plus tard, n’aimait pas particulièrement le premier ministre de l’époque: les tristement célèbres enregistrements de ses conversations au Bureau ovale incluaient Nixon faisant référence à «ce fils de pute de Trudeau» dans une conversation avec son secrétaire au Trésor.

Et il y a cette blague de Nixon, pas la plus citée sur les Trudeau. Lors d’un dîner officiel en 1972, M. Nixon avait porté un toast au fils aîné de M. Trudeau, Justin, qui n’était alors qu’un enfant, l’appelant «le futur premier ministre du Canada».

Plus récemment, la popularité de Barack Obama a eu un impact durable sur plus d’une pâtisserie du centre-ville d’Ottawa.

La première visite officielle de l’ancien président dans un autre pays a eu lieu en février 2009 et comprenait une promenade surprise au marché By d’Ottawa.

On lui a donné une pâtisserie Queue de castor, garnie de crème fouettée en forme de «O», et on lui a acheté des biscuits en forme de feuille d’érable du Moulin de Province.

«J’ai pensé que je gagnerais des points avec mes filles», avait affirmé le président Obama en ramassant les biscuits rouges et blancs.

Ils sont devenus si populaires que son ancien vice-président Joe Biden, aujourd’hui président des États-Unis, peut encore mettre la main sur les fameux biscuits Obama cette semaine.