École Saint-Romuald: des changements qui soulèvent des questions

ÉDUCATION.  Deux modifications à l’offre de services de Val-des-Cerfs soulèvent des questions chez certains parents d’élèves fréquentant l’école primaire Saint-Romuald et ont donné lieu à la mise en circulation d’une pétition. L’Avenir & Des Rivières s’est entretenu avec le directeur général adjoint (DGA) du Centre de services scolaire, Carl Morissette, dans le but de connaître les motifs à l’origine de ces décisions. 

Val-des-Cerfs dispose actuellement de quatre locaux de répit, aussi appelés classes Oasis, permettant d’accueillir des étudiants aux prises avec des troubles de comportement pour de courts séjours d’une à six semaines. Ces locaux, d’une capacité de huit places chacun, sont situés à Farnham (un), à Cowansville (un) et à Granby (deux).

À compter de septembre prochain, la classe Oasis de Farnham fermera ses portes et les élèves des secteurs de Farnham et de Bedford devant avoir recours audit service devront se rendre à Cowansville.

Certains parents déplorent cette nouvelle situation et estiment qu’elle va à l’encontre des intérêts des élèves. L’un d’eux va même jusqu’à dire que le service Oasis devrait être offert dans chaque école primaire du territoire (au lieu de trois pour 33 écoles primaires comme c’est le cas actuellement).

Le DGA de Val-des-Cerfs voit les choses d’un autre œil.

« Ce changement, dit-il, permettra de bonifier l’offre de répit et de rendre le service plus performant. Avec trois classes Oasis, au lieu de quatre, on optimise l’utilisation des ressources humaines et on dégage des heures pour accompagner l’élève au moment où il retourne dans son école d’origine. Chacune des trois classe disposera de deux techniciennes en éducation spécialisée en tout temps pour répondre à la demande. »

Ce dernier ajoute que la présence en tout temps de deux adultes dans un local de répit de type Oasis n’est pas dictée par un enjeu de sécurité. Il n’y a pas eu d’incident violent dans ce type de classe à sa connaissance.

Alors que certains parents disent craindre que les élèves concernés aient de la difficulté à s’adapter à leur nouvel environnement, M. Morissette avance que « la très grande majorité des élèves fréquentant une classe Oasis le font dans une école qui n’est pas la leur ». Ceux-ci doivent donc – déjà – s’acclimater à un autre milieu, précise-t-il.

Classe de coenseignement

Val-des-Cerfs a par ailleurs décidé de scinder la classe de coenseignement (1) de l’école Saint-Romuald en deux classes distinctes de sixième année. Cette décision prendra effet dès la rentrée scolaire 2023-2024.

« Il y avait une situation problématique à Saint-Romuald et le conseil d’administration a décidé de faire appel à une firme externe pour y voir plus clair. La firme consultée a recommandé à Val-des-Cerfs de prendre position dans le dossier. Et c’est ce que nous avons fait en décidant d’abolir la classe de team-teaching« , indique M.Morissette.

Ce dernier ajoute qu’un mur permanent sera érigé, durant l’été, au milieu de la grande salle de cours pour la diviser en deux portions égales. 

Certains parents acceptent mal cette décision et ont choisi de signer une pétition réclamant le maintien de la classe de coenseignement.

« Cette décision est un « retour en arrière incompréhensible, à l’ère où nous devons trouver de nouvelles manières d’enseigner pour motiver (les élèves) et rendre l’école attractive à nos enfants », soutiennent les 375 signataires de la pétition.

Les parents concernés ajoutent que le team-teaching permet aux enseignantes concernées de se libérer du temps pour le développement de projets novateurs qui motivent les jeunes à fréquenter l’école et à s’investir dans leur milieu. Ces derniers font plus précisément référence aux ateliers culinaires, d’informatique et de culture de légumes hydroponiques, au revampage de la bibliothèque scolaire et à la course des couleurs.

« Cette classe fait l’envie des plus jeunes et plusieurs aspirent à pouvoir y participer en sixième année », plaident les signataires de la pétition.

Aux yeux de certains parents, il est inconcevable de « déconstruire quelque chose qui fonctionne bien et qui fait rayonner l’école ». D’autres abordent la question sous un autre angle. « En quoi l’abolition de la classe de coenseignement va-telle être bénéfique aux élèves? » « Pourquoi pénaliser les élèves pour régler une problématique d’adultes? » « Au lieu de bâtir un mur, pourquoi ne pas en abattre d’autres pour créer d’autres classes de coenseignement? »

La présidente du conseil d’établissement de Saint-Romuald, Virginie Deslandes, déplore que le CE n’ait pas été consulté au sujet de l’abolition de la classe de coenseignement. « On l’a appris de la bouche de certains parents », dit-elle.

Pour Carl Morissette, les modalités d’enseignement relèvent de l’équipe-école.

« Ce n’est pas une prérogative du conseil d’établissement. Comme le local ne change pas de vocation – il continuera à servir de classe – ce n’est pas du ressort du conseil d’établissement », explique-t-il.

Le DGA de Val-des-Cerfs est confiant que Saint-Romuald va demeurer une école dynamique et que la qualité de l’éducation va y être maintenue.

« Il y a des beaux projets dans les autres écoles », ajoute-t-il, en réaction aux craintes exprimées par certains parents.

Le dossier n’est peut-être pas clos pour autant. Un membre du conseil d’établissement envisage en effet la possibilité de demander un sursis d’un an à Val-des-Cerfs afin de permettre la poursuite des discussions. « Ce grand local pourrait se libérer, une fois que la nouvelle école primaire de Farnham aura été construite, et ainsi avoir d’autres utilités. Le problème, dit-elle, c’est qu’une fois le mur construit, il sera difficile de revenir en arrière. »

(1)  Note: par classe de coenseignement, on entend deux groupes d’élèves regroupés dans un même local où deux enseignants se partagent la tâche et collaborent ensemble.