Rapport: 1700 autobus «prennent la poussière dans des garages à travers le pays»

MONTRÉAL — Malgré les milliards de dollars investis par Ottawa, il y avait moins d’autobus sur les routes du pays en 2022 que neuf ans auparavant, selon un rapport publié par Équiterre et Environmental Defence qui recommande au fédéral d’investir trois milliards $ supplémentaires par année pour financer les services de transport collectif.

Depuis 2015, Ottawa a versé plus de 20 milliards $ en financement pour soutenir des projets de transport en commun dans les collectivités de l’ensemble du pays.

Pourtant, il y avait moins d’autobus sur les routes du pays en 2022 que neuf ans auparavant, selon le rapport publié mardi.

En se basant sur les données de l’Association canadienne du transport urbain (ACTU), le document indique que le nombre d’autobus au Canada dans les services de transport collectif était de 15 530 en 2013 comparativement à 16 926 en 2022.

Toutefois, 12 470 véhicules, en moyenne, étaient en service sur les routes aux heures de pointe en 2013 alors qu’en 2022, ce nombre était de 12 389.

Cette baisse d’autobus sur les routes s’expliquerait par une «augmentation des autobus de rechange excédentaires», c’est-à-dire que plusieurs véhicules ne seraient tout simplement pas utilisés.

«On estime à 1700 le nombre d’autobus qui prennent la poussière dans des garages à travers le pays», peut-on lire dans le rapport qui explique cette situation par le manque de financement des sociétés de transport.

«Le gouvernement canadien a beaucoup investi pour financer l’achat de nouveaux autobus ou de nouvelles infrastructures, ce qui représente une excellente nouvelle», mais «il faut maintenant s’assurer que tous ces nouveaux autobus sortent rapidement du garage et transportent la population», a indiqué Nate Wallace, responsable du programme de transport proprechez Environmental Defence. 

Les activités des transports collectifs sont financées par les provinces et les municipalités, mais les auteurs du rapport suggèrent que le gouvernement fédéral en assume une partie des frais pour en prévenir le déclin.

Financer les opérations en doublant le fonds permanent

Le nouveau fonds permanent pour le transport en commun au Canada, annoncé en 2021,  prévoit 3 milliards $ par année à partir de 2026-27 pour les projets de transport collectif des villes.

«Mais il n’est pas prévu que les villes utilisent ce fonds pour les opérations», a indiqué l’analyste en mobilité durable d’Équiterre Anne-Catherine Pilon.

Son organisation demande donc que le fédéral «double la mise» et allonge 3 milliards supplémentaires pour «aider les villes à financer les opérations du transport collectif».

«Grâce à la création prochaine du Fonds permanent pour le transport en commun, le Canada dispose d’une occasion sans précédent permettant de rattraper ses homologues du monde entier en ce qui concerne les performances en transport collectif», peut-on lire dans le rapport.

Quatre mesures

Le rapport d’Équiterre et Environmental Defence propose un plan qui s’articule sur quatre mesures phares: fournir un financement pour les opérations de transport collectif, encourager la densité résidentielle à proximité des transports collectifs, encourager l’achat d’autobus électriques et inciter les villes à mettre en place des voies réservées aux autobus.

Investir 35 milliards sur 12 ans

Selon les auteurs du rapport modélisé par la firme Dunsky + Climate Advisors, en combinant ces quatre mesures, le Canada pourrait «doubler l’achalandage national du transport collectif et diminuer de 35 % les kilomètres parcourus en auto d’ici 2035».

Ce plan requerrait des investissements supplémentaires de 35 milliards $ sur 12 ans.

«Ce qui représente à peu de choses près l’équivalent des investissements du gouvernement dans le pipeline Trans Mountain. La différence c’est que notre plan permet à des gens – et non du pétrole – de se déplacer plus rapidement et à moindre coût», a indiqué l’analyste Anne-Catherine Pilon.

 «À titre de comparaison, cette dépense pourrait être entièrement financée en augmentant d’un seul point de pourcentage le taux général de l’impôt fédéral applicable aux profits des sociétés : cette somme représenterait environ 0,5 % des dépenses fédérales totales prévues en 2024», peut-on lire dans le rapport.

Augmentation des services au Québec

Il y aurait en moyenne 7 % moins de services de transport en commun (calculés en véhicule-kilomètres parcourus) au Canada aujourd’hui qu’il y a huit ans, selon le rapport publié mardi.

Toutefois, il s’agit d’une moyenne nationale et dans certaines provinces, les services auraient augmenté.

Ce serait le cas au Québec, où le nombre de kilomètres parcourus par véhicule aurait connu une hausse de 9 % depuis 2016, selon l’analyste Anne-Catherine Pilon.