Farnham: une facture salée pour éliminer le chlore dans la Yamaska

ENVIRONNEMENT. Le règlement d’emprunt de 951 100 $ adopté par la Ville de Farnham en décembre dernier pour mettre fin aux déversements d’eau chlorée dans la rivière Yamaska sera loin de suffire. La Municipalité devra en effet débourser 759 294 $ de plus que prévu pour résoudre cet épineux problème.

Le maire Patrick Melchior se dit sensible aux problèmes environnementaux et reconnaît que la Ville ne rencontre pas les normes gouvernementales au niveau des rejets de chlore dans la rivière. Celui-ci s’empresse toutefois d’ajouter que la capacité de payer des contribuables de Farnham a ses limites et que les gouvernements devraient aussi faire leur part pour aider la Municipalité à régulariser la situation.

«Notre volonté de faire les choses convenablement est bien réelle, mais il y a des limites à payer. On va essayer d’être le plus imaginatif possible, mais il faudrait que les gouvernements nous aident financièrement, avec le Pacte fiscal ou autrement», insiste le maire de Farnham.

Prise en défaut

Des vérifications effectuées en 2017 par Environnement Canada ont permis de constater que de l’eau chlorée contenue dans les bassins de l’usine de filtration municipale était rejetée à l’extérieur du bâtiment au moment du nettoyage des installations et prenait la direction de la rivière. L’instance gouvernementale a alors demandé à la Ville de ne plus envoyer cette eau dans la Yamaska et de la diriger vers l’usine d’épuration afin d’y être débarrassée des particules de chlore qu’elle contient.

Bien que cette eau ne contienne aucune impureté, les autorités fédérales estiment que sa concentration en chlore peut nuire à la faune aquatique. On craint en effet que les poissons qui s’aventurent à proximité du déversoir de l’usine de filtration puissent être incommodés par cette substance au moment du déversement. Une fois l’eau chlorée diluée dans la rivière, le problème se résout de lui-même.

Correctifs à apporter

Pour rencontrer les exigences d’Environnement Canada, Farnham entend acheminer les eaux de lavage par gravité jusqu’à un réservoir souterrain en béton de 230 m3 devant être aménagé à la gauche de l’usine de filtration. Le liquide sera par la suite pompé à petites doses jusqu’à l’égout sanitaire de la rue Principale est.

«Comme le nettoyage des bassins entraîne le rejet d’un important volume de liquide, il n’est pas possible d’acheminer les eaux de lavage directement dans le réseau d’égouts en raison des risques de débordement. Voilà pourquoi il nous faut construire un réservoir permettant de stocker le liquide avant de le rediriger à petits débits – 10 litres par seconde – jusqu’au réseau municipal», explique Alain Baril, directeur du service de traitement des eaux à la Ville de Farnham.

La plus grosse partie de l’emprunt de 1 708 600 $ servira à l’aménagement du réservoir, la construction de la station de pompage, la mise en place et le raccordement des conduites.

«Dans un projet comme celui-là, on doit également prévoir un fonds de réserve, soit l’équivalent de 20 % du coût des travaux, pour les contingences. Il faut bien comprendre que l’usine de filtration date de 1920 et pourrait nous réserver des surprises», ajoute M. Baril.

Échéancier des travaux

La Ville de Farnham a reçu quatre propositions d’affaires, au terme d’un appel d’offres public prenant fin à la mi-octobre, pour la réalisation de ce projet. Le montant des soumissions varie entre 1 415 000 $ et 1 979 869 $ et est largement supérieur aux coûts estimés des travaux. La Municipalité devra attendre l’approbation de son nouveau règlement d’emprunt, par le ministère des Affaires municipales, avant de pouvoir accorder le contrat.

«Trois mois seront nécessaires pour réaliser les travaux. Nous envisageons une mise en chantier au printemps 2020», signale le directeur général de la Ville de Farnham, Yves Deslongchamps.