Autoroute 35: un projet coûteux, mais essentiel, plaide Gerry Simard

TRANSPORT. Le coordonnateur de la voirie de Pike River, Gerry Simard, s’invite à son tour dans le débat concernant le parachèvement de l’autoroute 35.

«J’assiste aux rencontres avec le ministère des Transports du Québec et je suis de près l’évolution des travaux sur le terrain. J’ai donc accès à des informations de première main», signale ce Franco-Américain d’origine, établi à Pike River depuis une trentaine d’années, pour justifier son intervention.

Ce dernier reconnaît que les phases 3 et 4 du prolongement de l’autoroute vont coûter une petite fortune, mais estime que le jeu en vaut la chandelle.

«D’après moi, il y en a pour à peu près 140 M$ pour les phases III-A et III-B. La construction du pont au-dessus de la rivière aux Brochets va coûter à elle seule un bon 50 M$», affirme-t-il.

Il convient de rappeler que la phase III se déroule en deux étapes. L’étape A, actuellement en voie de réalisation, consiste à aménager un tronçon de 4 km reliant la route 133, à Saint-Sébastien, et le chemin Molleur, à Pike River. Cette petite route sans issue longe le côté ouest de la rivière aux Brochets.

Le contrat de 29,3 M$, accordé au consortium Coentreprise Bricon et Construction Longer, inclut également l’aménagement d’un viaduc permettant à la route 202 de passer par-dessus l’autoroute. Cette section de la route 202 relie Venise-en-Québec à la route 133, à Pike River.

Une autre série de travaux, devant être réalisée à l’été 2021 dans le cadre de l’étape B, permettra de relier le chemin Molleur (Pike River) et le carrefour de la route 133, du chemin Champlain et du chemin du Moulin (Saint-Armand). C’est à cet endroit que l’autoroute ira rejoindre la section de la route 133 qui est déjà en configuration d’autoroute.

Le contrat pour le chantier de 2021 n’est pas encore accordé, mais on s’attend à ce que le coût des travaux de l’étape B soit supérieur à ceux de l’étape A. Il faut rappeler que l‘étape B inclut notamment la construction d’un pont au-dessus de la rivière aux Brochets.

«Le coût du pont va sans doute avoir doublé à la suite des modifications apportées aux plans d’origine par le ministère des Transports du Québec (MTQ)», signale M. Simard.

«Pike River est la seule municipalité entre Montréal et Boston où le trafic est tenu de ralentir à 50 km/heure. Et avec le projet de mise en place de quatre panneaux d’arrêt au coin des routes 202 et 133, qui devrait se concrétiser dans les prochains mois, le prolongement de l’autoroute entre Saint-Sébastien et Saint-Armand devient encore plus pertinent que jamais.» – Gerry Simard, coordonnateur de la voirie à Pike River

Mesures d’atténuation

Gerry Simard désire également apporter des nuances à certains propos tenus par les opposants au projet de parachèvement de l’autoroute 35. Selon lui, le MTQ a fait plusieurs concessions dignes de mention au fil des ans afin de mieux protéger les zones sensibles et de répondre aux demandes du milieu.

«Le ministère a notamment modifié le parcours original en 2011 pour éviter d’empiéter sur la plaine inondable. Les terres de l’ancien tracé déjà expropriées seront remises en culture. Ces terres pourront servir à la culture du foin, mais elles ne pourront pas être labourées», précise notre interlocuteur.

M. Simard prend également soin de rappeler que la portée du pont surplombant la rivière aux Brochets sera relativement longue puisqu’il n’y aura pas de pilier dans le lit de la rivière. On craignait que la présence de piliers dans le plan d’eau contribue à la formation d’embâcles lors du passage des glaces.

«Une bonne portion du pont va passer au-dessus d’une zone protégée du côté ouest de la rivière», indique-t-il. «Deux digues seront par ailleurs enlevées du côté est de la rivière de sorte que le secteur retrouvera sa configuration d’origine, soit celle d’une plaine inondable.»

Le coordonnateur de la voirie de Pike River reconnaît que l’autoroute constitue un îlot de chaleur non négligeable, mais ajoute que les grandes cultures ont un peu le même effet.

«Il faut savoir que 97 % du territoire de Pike River est en culture, les derniers 3 % étant occupés par les forêts, les résidences et les industries. Ça ne laisse pas grand place pour des arbres», explique-t-il.

Avec la collaboration de Gilles Bérubé