Un projet de résolution de l’ONU vise un cessez-le-feu au Soudan pendant le ramadan
TANZANIA, Tanzanie — Le Royaume-Uni a fait circuler un projet de résolution de l’Organisation des Nations unies appelant à une cessation immédiate des hostilités à l’approche du mois sacré musulman du ramadan qui commence bientôt au Soudan, un pays ravagé par les conflits.
Le projet, obtenu mercredi soir par l’Associated Press, exprime «de graves inquiétudes face à la propagation de la violence et à la situation humanitaire catastrophique et détériorée, y compris les niveaux de crise d’insécurité alimentaire aiguë, en particulier au Darfour».
Alors que le ramadan devrait probablement commencer dimanche, en fonction de l’observation de la nouvelle lune, le conseil souhaite voter rapidement, peut-être vendredi.
Le Soudan a plongé dans le chaos en avril dernier, lorsque des tensions de longue date entre son armée dirigée par le général Abdel Fattah Burhan et les forces paramilitaires de soutien rapide commandées par Mohammed Hamdan Dagalo ont dégénéré en combats de rue dans la capitale, Khartoum.
Les combats se sont étendus à d’autres régions du pays, en particulier aux zones urbaines, mais dans la région du Darfour, à l’ouest du Soudan, ils ont pris une forme différente, avec des attaques brutales des Forces de soutien rapide, à majorité arabe, contre des civils d’origine africaine. Des milliers de personnes ont été tuées.
Il y a vingt ans, le Darfour est devenu synonyme de génocide et de crimes de guerre, en particulier commis par les milices arabes Janjaweed contre des populations qui s’identifient comme étant d’Afrique centrale ou orientale.
Le procureur de la Cour pénale internationale, Karim Khan, a déclaré fin janvier qu’il y avait des raisons de croire que les deux parties au conflit actuel commettaient de possibles crimes de guerre, des crimes contre l’humanité ou un génocide au Darfour.
Pendant ce temps, l’ambassadeur de France à l’ONU, Nicolas de Rivière, a déclaré qu’il serait honteux de parvenir à une trêve du ramadan au Soudan, mais pas à Gaza. «On a besoin des deux», a-t-il affirmé.
Le 20 février, les États-Unis ont opposé leur veto à une résolution appelant à un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza, qui a été soutenue par la quasi-totalité des 15 membres du Conseil de sécurité.
Les États-Unis négocient leur propre proposition de résolution sur Gaza, le dernier projet appelant à un «cessez-le-feu d’environ six semaines à Gaza ainsi qu’à la libération de tous les otages» dès qu’Israël et le Hamas seront d’accord. Le projet ne fait aucune mention du ramadan.
Crise alimentaire
Le dernier projet de cessez-le-feu au Soudan a été diffusé le même jour où le chef de l’agence alimentaire des Nations Unies a averti que le conflit soudanais «risque de déclencher la plus grande crise alimentaire au monde», alors que l’attention mondiale est concentrée sur la guerre entre Israël et le Hamas.
Cindy McCain, directrice du Programme alimentaire mondial, a déclaré que le conflit au Soudan avait brisé la vie de millions de personnes et a appelé les parties belligérantes à cesser les combats et à permettre aux agences humanitaires de fournir une aide vitale.
Selon cette agence des Nations unies, 18 millions de personnes au Soudan sont confrontées à une faim aiguë, les plus désespérées étant coincées derrière les lignes de front. Parmi eux, 5 millions sont confrontés à la famine, précise le communiqué.
La résolution proposée par l’ONU appelle toutes les parties à lever les obstacles et à permettre «un accès humanitaire complet, rapide, sécuritaire et sans entrave», y compris à travers les frontières du Soudan et les lignes de conflit.
Le projet appelle également à une coordination renforcée de plusieurs efforts régionaux et internationaux «pour faciliter la fin du conflit et restaurer une transition démocratique durable, inclusive et dirigée par des civils».
Des experts de l’ONU ont déclaré dans un rapport obtenu par l’AP le 1er mars que les combattants des Forces de soutien rapide et leurs milices alliées ont commis des meurtres ethniques et des viols généralisés tout en prenant le contrôle d’une grande partie du Darfour, ce qui pourrait constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.
Le rapport au Conseil de sécurité dresse un tableau horrifiant de la brutalité des Forces de soutien rapide à majorité arabe contre les Africains au Darfour. Il détaille également comment le groupe a réussi à prendre le contrôle de quatre des cinq États du Darfour, notamment grâce à des réseaux financiers complexes impliquant des dizaines d’entreprises.