Les contaminants toujours bien présents dans les affluents de la rivière aux Brochets

ENVIRONNEMENT. Selon les relevés de l’Organisme de bassin versant de la baie Missisquoi (OBVBM), réalisés pour le compte du ministère de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques, la qualité de l’eau de la rivière aux Brochets est toujours considérée comme «satisfaisante», même si celle-ci reçoit les eaux impropres de plusieurs ruisseaux.

L’indice de qualité bactériologique et physicochimique (IQBP6), établi sur la base de six paramètres distincts, révèle que la cote de la rivière aux Brochets à l’entrée du Québec a varié de 60 à 75 (qualité satisfaisante) au cours des deux dernières décennies alors que la cote de ce même plan d’eau à la hauteur de Pike River a fluctué entre 47 (qualité douteuse) et 74 (qualité satisfaisante) durant la même période.

«Les cours d’eau en milieu agricole (qui se jettent dans la rivière aux Brochets) ont les indices les plus faibles avec des dépassements importants en phosphore, nitrates-nitrites et coliformes fécaux provenant de la fertilisation et du lessivage des lisiers et fumier», indique Frédéric Chouinard, chargé du plan directeur de l’eau à l’OBVBM, par voie de communiqué.

Le ruisseau au Castor affiche notamment un indice de 11 (très mauvaise qualité) alors que les ruisseaux Ewing, Morpions et Walbridge affichent respectivement un indice de 31, 29 et 28 (mauvaise qualité).

Des prélèvements supplémentaires effectués de mars 2019 à mars 2020 par l’OBVBM nous apprennent par ailleurs que la qualité de l’eau du ruisseau aux Ménés, à Saint-Armand (IQBP6 de 52) et de la rivière aux Brochets Nord, à Stanbridge East (IQBP6 de 48) est considérée comme douteuse.

«La fertilisation parfois excessive des cultures, les rejets d’eaux usées non traitées ou encore les sols à nu (après un labour, l’entretien d’un fossé routier ou sur un chantier de construction) sont autant de sources importantes de sédiments et de contaminants dans le bassin versant de la baie Missisquoi», précise M. Chouinard.

Sels de voirie

Une nouvelle série d’analyses permettent par ailleurs de dresser un premier portrait des concentrations en chlorures dans les eaux de surface de la portion québécoise du bassin versant de la baie Missisquoi.

«À première vue, les concentrations en chlorures, principal indicateur de la présence de sel de voirie dans l’eau, se situent bien en dessous du critère de 230 mg/l pour protéger la vie aquatique d’effets chroniques», signale M. Chouinard.

Les concentrations les plus élevées ont été recensées dans les ruisseaux Castor (56 mg/l) et Ewing (40 mg/l), toutes deux échantillonnées en aval de la route 133.

«Les sels de voirie peuvent affecter la qualité des eaux souterraines, des eaux de surface et des écosystèmes aquatiques en plus de nuire à leur biodiversité par une augmentation de la dureté et du pH de l’eau, et une réduction de la perméabilité et de la fertilité de certains sols. Une situation qui favorise l’expansion de certaines espèces exotiques envahissantes comme le roseau commun (phragmite) et qui peut contribuer à une augmentation de l’érosion», note le responsable du plan directeur de l’eau à l’OBVBM.

«L’impact des concentrations de chlorure sur la couverture et la fonte de glace sur les cours d’eau du bassin versant de la baie Missisquoi demeure toutefois mal connu et devra être approfondi», ajoute M. Chouinard.