Accident mortel: l’intersection montrée du doigt
Chargé d’enquêter sur la mort de Rudolph Tchadej qui a perdu la vie en mars 2012 dans une violente collision à Saint-Armand, le coroner Michel Ferland recommande au ministère des Transports du Québec d’examiner la possibilité de réaménager le secteur des chemins Saint-Armand, Montgomery et de la route 133.
Le conducteur de 57 ans circulait sur le chemin Saint-Armand, le 6 mars 2012. Rendu à l’intersection de la route 133, vers 11h40, le quinquagénaire, qui résidait à Saint-Armand, n’a pas fait correctement son arrêt obligatoire.
«Il s’engage dans la portion de la route 133 Nord afin de revenir sur la portion de la route 133 sud qui le mènera vers son domicile. Alors qu’il s’est engagé, il ne voit pas un train routier qui circule en direction nord», écrit le coroner Michel Ferland dans son rapport rendu public le 5 mars dernier. La Nissan Sentra de M. Tchadej a été violemment percutée au niveau des portières.
Les ambulanciers sont arrivés sur place 14 minutes après l’appel logé au 911. L’état de la victime, qui a été désincarcérée, et le moniteur cardiaque révèlent une asystolie (aucune trace d’activité électrique dans le cœur). Rudolph Tchadej a été transporté à l’hôpital Brome-Missisquoi-Perkins en mode «non-urgent» et son décès a été constaté à son arrivée à l’établissement à 13h22.
Dans son rapport, le policier de la Sûreté du Québec de Brome-Missisquoi, chargé de faire la lumière sur les événements, a indiqué que l’Armandois n’aurait pas cédé le passage et qu’il n’avait pas vu le train routier. «Il ajoute que cette intersection est problématique et qu’une grande attention est requise des conducteurs. Si un véhicule traverse alors qu’un autre circule en direction nord, un impact peut survenir et peut être très violent car la limite de vitesse sur la route 133 est de 90 km/h et qu’un véhicule qui a fait son arrêt circule à une vitesse basse», indique l’agent. Ce dernier conclut que l’endroit est sujet à des impacts à haute vélocité qui laisse peu de chance aux personnes impliquées.
Une intersection dangereuse
Le portrait de cette intersection est dressé par le coroner Ferland. Par rapport à la route 133, le chemin Saint-Armand se trouve dans un axe sud-sud-est. Ce tronçon routier permet aux conducteurs d’emprunter les portions nord et sud (délimitées par un terre-plein) de la route 133 de même que le chemin Montgomery, situé de l’autre côté de la provinciale qui permet de se rendre dans le secteur Philipsburg et vers le lac Champlain.
Le coroner indique aussi que les conducteurs se doivent d’être vigilants puisque les véhicules en provenance des États-Unis se retrouvent dans un angle mort. «Il suffit qu’un conducteur ne voit pas un véhicule roulant en direction Nord par inattention, distraction ou pour n’importe quelle autre raison. En s’engageant, il présente alors le côté latéral du conducteur comme site d’impact sans qu’il puisse faire quoi que ce soit pour l’éviter.»
Une recommandation au MTQ
Le spécialiste conclut que si le chemin Saint-Armand était perpendiculaire à la route 133, le dangereux angle mort serait éliminé. Dans cette vision, il recommande au MTQ d’examiner «la possibilité de réaménager le secteur chemin St-Armand/route 133/chemin Montgomery afin de le reconfigurer en privilégiant des points d’intersection perpendiculaire ou autre configuration et d’éliminer ainsi toute situation d’angle mort de vision», expose M. Ferland.
La proposition de ce dernier trouve écho dans les cartons du MTQ et pourrait voir le jour. «Dans le cadre du parachèvement de l’autoroute 35, entre Saint-Jean-sur-Richelieu et la frontière américaine, le MTQ prévoit réaménager à moyen terme l’intersection du chemin Saint-Armand/route 133/chemin Montgomery à Saint-Armand, indique Benoît Lachance, porte-parole de la direction de la Montérégie-Est du MTQ. La planification des interventions est guidée par le besoin d’assurer des déplacements sécuritaires pour le transport des personnes et des biens.»
Le Plan québécois des infrastructures est actuellement révisé par le gouvernement provincial afin d’établir une planification sur dix ans plutôt que sur cinq ans. M. Lachance précise que «cet exercice permettra de préciser le calendrier des travaux à venir pour le tronçon du parachèvement de l’autoroute 35 entre Saint-Sébastien et Saint-Armand.»