Disparue: Mélina Martin aurait 21 ans

Près de huit ans après la disparition de Mélina Martin, de Sainte-Sabine, les Services nationaux des enfants disparus de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) travaillent à la réalisation d’un deuxième vieillissement de portrait, a appris GranbyExpress.com. Françoise Algier, la mère de la jeune disparue qui a soufflé ses 21 chandelles samedi dernier, attend impatiemment la nouvelle photo de sa fille.

«On attend le vieillissement de photo. J’ai hâte de la voir», lance d’emblée Mme Algier. Cette dernière croit que Mélina va avoir des traits semblables à sa grande sœur Marie-Josée, âgée de 25 ans.

«Quand elles étaient jeunes, elles se ressemblaient beaucoup», confie Françoise Algier qui espère que ce nouveau portrait va «réveiller le monde» afin de retrouver sa fille.

Un portraitiste judiciaire de la GRC avait produit un premier vieillissement de photo en 2007, dévoilant ce qu’aurait pu avoir l’air Mélina Martin à l’âge de 15 ans, soit deux ans après sa disparition. «Ils en font aux cinq ans. Ils m’ont dit que cette année, ils en faisaient un», précise la mère.

Pour que la GRC puisse mettre en branle le processus, Françoise Algier a dû fournir une demi-douzaine de photos. «Ils avaient déjà des photos de Mélina. J’ai retrouvé des photos de ses sœurs. Son père est décédé, mais j’ai trouvé une photo de lui alors qu’il avait 40 ans. J’ai aussi envoyé une photo de moi quand j’avais 20 ans, mais il ne m’en restait pas beaucoup parce que j’ai passé au feu en 1985», raconte la mère de Mélina.

La directrice générale d’Enfant-Retour Québec, Pina Arcamone, explique que le vieillissement de photo est une stratégie d’enquête dans les dossiers non résolus.

«Ce n’est pas un art parfait à 100%, mais ça donne une bonne idée de l’apparence de l’enfant et le but, c’est de faire reparler de l’histoire de Mélina», explique-t-elle.

L’organisme espère profondément que le nouveau portrait de Mélina Martin soit fin prêt pour la date anniversaire de sa disparition, dans une semaine jour pour jour, mais rien n’est sûr. Une fois réalisé, celui-ci sera diffusé dans les médias.

«On garde espoir»

Même si de nombreuses années ont passé depuis la date fatidique du 23 janvier 2005, Françoise Algier garde espoir, tout en confiant que l’attente est très longue. «On espère tout le temps de tout cœur avoir des nouvelles. On garde toujours espoir», lâche-t-elle.

Samedi dernier, Mélina Martin célébrait ses 21 ans. Pour marquer l’anniversaire de sa fille disparue, Françoise Algier a fait brûler 21 chandelles toute la journée dans la maison, à côté du portrait de l’adolescente.

L’une des sœurs de Mélina, Roxane, 19 ans, navigue aussi abondamment sur l’Internet dans l’espoir de la retrouver. «Elle envoie des photos à des amis et leur demande de vérifier s’ils vont dans une autre ville. Quand elle est allée à Cuba, elle a amené la photo de Mélina pour demander aux gens s’ils l’avaient vu», explique Mme Algier.

Des questions sans réponse

Chaque matin, le premier visage que Françoise Algier voit en se réveillant, c’est celui de sa fille qui manque à l’appel. «J’ai une photo de Mélina à côté de mon lit. Je ne veux pas l’oublier. Souvent, je lui dit t’es où? T’es où? en regardant la photo.»

«Ça tracasse la tête. Ça trotte tout le temps. On se pose des questions. On veut avoir des réponses à nos questions. On veut avoir un signalement, savoir qu’elle est vivante. Je suis certaine que quelqu’un sait de quoi. D’après moi, elle est vivante. On veut croire qu’elle est vivante et qu’elle va retontir un jour», ajoute la mère de sept enfants.

Cette dernière s’attendait à revoir sa fille il y a trois ans, lorsque Mélina a célébré ses 18 ans, mais ce souhait ne s’est pas réalisé. «On se disait ça, parce qu’elle tombait majeure, mais là, on ne sait plus.»

Après huit longues années d’attente, Françoise Algier a un message à livrer à sa fille. «J’aimerais lui dire qu’on l’aime beaucoup, qu’elle nous donne un signe de vie, qu’elle nous téléphone, n’importe quoi. Peu importe où elle est, on va aller la chercher», insiste Mme Algier qui a reçu récemment un diagnostic d’un cancer.

Une fugue?

Françoise Algier écarte du revers de la main la thèse de la fugue. «Huit ans sans donner signe de vie, sans information, d’après moi ce n’est pas ça», dit-elle.

«Ça fait déjà plusieurs années qu’elle manque à l’appel. Elle n’avait que 13 ans. C’est très inquiétant. Habituellement, les fugueurs ne quittent pas si longtemps sans donner de nouvelles, enchaîne Pina Arcamone. C’est difficile de croire à la thèse de la fugue. Un enfant de 13 ans n’a pas les ressources pour refaire sa vie.»

Si Enfant-Retour et les corps policiers peuvent recevoir de nombreuses informations lors de disparitions d’enfants, ce ne fut pas le cas pour le dossier de Mélina. «Chacune des informations reçues est prise au sérieux. On peut avoir des centaines de signalements dans certains dossiers, mais pour Mélina Martin, nous n’avons pas eu une grande quantité de signalements», précise Mme Arcamone.

Cette dernière croit que la disparition de Mélina «est très, très suspecte», mais n’ose pas trop s’avancer sur la véritable nature du dossier. «Dans le cas des enlèvements, c’est en grande majorité un enlèvement parental. C’est très rare que c’est un étranger, on parle de moins de 1% et Mélina pourrait faire partie de cette statistique», croit Pina Arcamone.

Au fil du temps, Mme Algier a fait appel à différents voyants, mais ne leur fait plus confiance. «Ils m’en ont trop dit. Il n’y avait rien de vrai. J’ai parlé à un monsieur de Cowansville cet été qui m’a dit que j’aurais des nouvelles le 12, du 12, 2012 et je n’en ai pas eu. À force de se faire dire des choses qui ne sont pas vraies, on ne croit plus à ça», convient-elle.

Pina Arcamone indique aussi que le dossier de Mélina Martin n’a pas bénéficié d’une grande exposition médiatique. «Il y a sûrement quelqu’un qui a pu voir quelque chose, mais on n’a pas été capable de recueillir des informations.»

La mère de la disparue regrette aussi que le cas de sa fille n’ait pas fait couler beaucoup d’encre. «On n’a pas eu grand-chose. Je ne sais pas pourquoi. D’après moi, ils avaient trop dans l’idée que c’était une fugue. Lorsque les enfants ont moins de 12 ans, les policiers considèrent ça comme un enlèvement et comme une fugue lorsqu’ils ont plus de 12 ans. Son âge a joué contre elle.»

Malgré le temps qui passe, Mme Arcamone précise que le dossier de disparition de Mélina Martin est encore un dossier prioritaire. «Chez Enfant-Retour, c’est un dossier chaud par son jeune âge et parce qu’elle ne s’est jamais manifestée auprès de sa famille et de ses amies, même de manière anonyme. C’est extrêmement inquiétant.»

Du côté de la Sûreté du Québec, le dossier de la disparition de Mélina Martin est toujours d’actualité. Les policiers travaillent avec les informations reçues lors de la disparition de la jeune fille.

«On ne ferme jamais un dossier de disparition. Les policiers vont analyser et enquêter toute nouvelle information à ce sujet jusqu’à ce que le mystère autour de sa disparition soit résolu», indique l’agente Aurélie Guindon, porte-parole de la Sûreté du Québec de l’Estrie.

Rappel des événements

Françoise Algier a déposé Mélina Martin au parc Roch-Bourbonnais, en début d’après-midi, le 23 janvier 2005, afin que sa fille puisse participer au Festival d’hiver de Farnham. À 17 heures, elle devait rejoindre sa mère au restaurant Valentine, mais elle ne s’est jamais présentée au rendez-vous. «Avoir su ce qui était pour se passer, je ne l’aurais pas déposé là. J’ai du regret, mais en même temps, c’est ce qu’elle voulait. Sa sœur Roxane dit qu’avoir pu, elle aurait été avec elle», conclut Mme Algier.

Mélina Martin en bref

– Née le 12 janvier 1992.

– Disparue le 23 janvier 2005, à l’âge de 13 ans.

– Elle a les yeux pers.

– Lors de sa disparition, elle mesurait 5pi 4po (1,60m) et pesait 115 lbs (52 kg).

– Elle arborait plusieurs perçages aux oreilles, sur le nombril et sous la lèvre inférieure.

– Elle portait des jeans, une camisole beige, une veste jeans avec fourrure aux manches, un manteau noir avec capuchon de fourrure, un foulard blanc, des gants roses et une sacoche en vinyle beige avec une étoile bleue. 

L’ABC d’un vieillissement de portrait

– L’enfant doit avoir au moins deux ans au moment de sa disparition.

– Il doit être disparu depuis au moins deux ans.

– Il faut des photos de l’enfant, de face, peu de temps avant sa disparition.

– Il faut des photos des parents biologiques ainsi que des frères et sœurs à l’âge auquel on veut le vieillir.

– Il faut des photos des parents biologiques ainsi que des frères et sœurs à l’âge que l’enfant avait lors de sa disparition.

– Les photos peuvent être en blanc et noir ou en couleur.

– Les photos ne doivent comporter aucune marque.

Source : Gendarmerie royale du Canada

Toute personne détenant des informations concernant la disparition de Mélina Martin est invitée à communiquer avec Échec au Crime (1-800-711-1800) ou avec Enfant-Retour Québec (514-843-4333).