Mortalité massive de tortues à Bedford

La découverte d’une dizaine de tortues mortes sur le sentier naturel Keith-Sornberger, près de la rivière aux brochets à Bedford, dimanche dernier, a forcé l’intervention d’Urgence-Environnement. Un embâcle formé sur la rivière aux brochets serait à l’origine de cette mortalité massive.

Lors d’une simple promenade sur le sentier naturel à Bedford, une citoyenne a découvert plusieurs dizaines de tortues décédées, trouvaille qu’elle a immédiatement signalée aux autorités concernées. «On s’est rendu sur les lieux la journée même. On a remarqué que le secteur était inondé et couvert de glace dus à des embâcles qui se sont formés en aval de la rivière aux brochets. La personne qui est allée sur les lieux n’a pas fait tout le sentier qui mesure 2 kilomètres. Elle a fait un diamètre de 30 à 40 mètres, mais l’effet des glaces a fait qu’il y en avait un peu partout», expliquait en entrevue jeudi à lAvenirEtDesRivières.com, Renée Plamondon, directrice adjointe du Centre de contrôle environnemental du Québec (CCEQ) du ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs (MDDEFP).

Trois tortues serpentines et onze tortues peintes ont été répertoriées par Urgence-Environnement. «Il y avait une tortue serpentine dont la carapace atteignait 50 centimètres de diamètre. Parmi les tortues peintes, il n’y avait qu’un seul mâle. Le reste était des femelles, ce qui est préoccupant», mentionne Lyne Bouthillier, agente de recherche au ministère de la Faune.

Celle-ci mentionne que certaines des bêtes sont décédées tardivement, en tentant de regagner les berges. «D’autres ont eu les pattes mangées par des prédateurs», ajoute Mme Bouthillier. Au passage de l’AvenirEtDesRivières.com plus tôt cette semaine, les dépouilles d’une tortue serpentine et d’une demi-douzaine de tortues peintes étaient toujours sur les lieux. «Cet hibernacle était occupé par plusieurs tortues. Il pourrait y avoir d’autres cadavres qui sont encore au fond de l’eau ou plus loin», croit Lyne Bouthillier.

Un embâcle en cause?

Un embâcle pourrait être à l’origine de la mort de ces tortues. Renée Plamondon indique que des travaux de démantèlement d’embâcle ont été faits par la municipalité de Bedford en aval de la rivière la semaine qui a précédé cette découverte. «On n’a constaté aucun déversement ou aucune cause exogène. Il n’y a aucune raison de croire à une raison anthropique. Ce qu’on prétend, c’est que la cause la plus plausible serait d’origine naturelle. L’habitat naturel de la tortue, qui était en hibernation, aurait été perturbé par ce démantèlement d’embâcles. Cette conclusion est partagée par les spécialistes de la faune», précise Mme Plamondon.

Les tortues ont le sang froid. «La température de leur corps s’adapte à la température de l’environnement. À nos latitudes, elles hibernent l’hiver. Elle tombe dans un mode de sommeil comateux. Elles sont endormies et ne peuvent réagir à l’environnement extérieur. Les conditions hivernales ne sont pas en cause dans ces décès. Est-ce à cause d’un embâcle ou une débâcle? Une chose est sûre. Les cadavres ont été projetés en dehors du lit de la rivière. Ça témoigne d’un événement subi et important», explique Lyne Bouthillier.

La spécialiste mentionne que les tortues recherchent, pour leur hibernation, des zones d’eau assez profondes qui ne sont pas atteintes par le gel. «Elles sont souvent envasées ou bien où l’eau est courante, dans des fosses et sont légèrement enfouies», mentionne Mme Bouthillier. Elles en ressortent lorsque l’eau atteint 10 degrés Celsius.

Notons que les deux espèces de tortues ne sont pas désignées menacées et que ce type d’événement est peu fréquent.