Aussitôt ouvert à Montréal, le magasin de champignons magiques est visité par le SPVM

MONTRÉAL — Le tout premier magasin de «champignons magiques» au Québec venait tout juste d’ouvrir ses portes mardi, à Montréal, lorsque les policiers y ont mené une perquisition et ont arrêté quatre personnes.

Mais malgré cette opération policière, un porte-parole de l’entreprise s’attendait à ce que le magasin rouvre dans les 24 heures.

Le magasin de champignons magiques «FunGuyz», situé dans le quartier Sainte-Marie, dans l’arrondissement de Ville-Marie, vend des capsules microdosées, des champignons séchés et des barres de chocolat contenant tous de la psilocybine, le principe actif de certains champignons hallucinogènes.

Les «champignons magiques» et leurs produits dérivés sont soumis à des interdictions de vente et de possession au Canada.

Quelques heures plus tard, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a confirmé qu’il avait lancé une opération contre le magasin et qu’il avait procédé à quatre arrestations.

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) avait prévenu plus tôt dans la journée qu’il pourrait prendre des mesures pour faire respecter les lois contrôlant la vente de psilocybine. La relationniste pour le SPVM Sabrina Gauthier a indiqué en après-midi que «la vente au détail de champignons magiques et des dérivés est illégale» au Canada «en vertu de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances».

Le porte-parole du magasin, qui s’est identifié comme Edgras Goban, a qualifié la descente de «simple» saisie de produits et de «gaspillage de l’argent des contribuables».

M. Goban a affirmé mardi que «FunGuyz» avait déjà été la cible de perquisitions en Ontario, où on compte 10 franchises. Il a déclaré que FunGuyz «avait déjà vécu cela plusieurs fois auparavant».

Le porte-parole a été identifié dans les médias comme étant le copropriétaire des magasins FunGuyz en Ontario. Ces reportages ont épelé son nom de différentes façons, notamment «Edgars Gorbans» et «Edgar Gurben». Mardi, il a refusé de dire s’il était le propriétaire de la marque et de divulguer l’identité du franchisé de Montréal.

Avant même que la police ne débarque dans son magasin, M. Goban s’attendait à une perquisition, «parce que ce que nous faisons est évidemment illégal», a-t-il dit. «Mais est-ce que la police est prête à (…) utiliser l’argent des contribuables pour des affaires de champignons?»

M. Goban a décrit «FunGuyz» comme une forme de protestation contre la politique publique entourant les drogues hallucinogènes au Canada. Il prévoyait ouvrir cinq autres succursales au Québec cet été, dont une à Laval «d’ici quelques semaines».

Plusieurs clients avaient réussi à acheter des produits à l’établissement FunGuyz de Montréal avant la descente de police. Parmi eux, Ahmed Adel, qui a déclaré avoir l’habitude de se rendre à Amsterdam pour consommer des champignons magiques.

«Lorsque ce magasin a ouvert ses portes ici, il m’a évité de prendre l’avion», a-t-il déclaré, rejetant les avertissements des autorités concernant la psilocybine.

«Je n’aime pas la police. Je n’ai pas affaire à la police. Je ne reconnais pas la police. Je n’ai rien à voir avec la police et ce qu’elle pense n’a aucune importance.»

Roman Lebourg faisait également partie des clients curieux de FunGuyz mardi. «J’étais très intrigué et je voulais venir avant que les autorités ne ferment le magasin», a-t-il dit.

M. Lebourg s’est dit préoccupé par le contenu des produits de FunGuyz en l’absence de toute législation sur le contrôle de la qualité, contrairement, selon lui, à l’assurance qualité des magasins de cannabis gérés par le gouvernement du Québec, la SQDC.

Dans un courriel, le cabinet de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a indiqué que «malgré la position forte de notre administration en faveur de la décriminalisation de la possession simple de drogue, ainsi que l’adoption d’une déclaration en ce sens adoptée par l’ensemble du conseil municipal, la vente de psilocybine demeure illégale et le SPVM continuera d’appliquer la Loi».

____

Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.