Bombardier: des appuis, mais pas de consensus pour la demande de Legault

WINNIPEG — La demande de François Legault pour que le gouvernement fédéral lance un appel d’offres pour remplacer sa flotte de 14 avions de patrouille maritime canadiens ne semble pas intéresser l’Alberta et le Manitoba. Le premier ministre québécois a toutefois reçu des appuis. 

Appelée à commenter le sujet, mardi, la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, a tout d’abord indiqué qu’elle n’était pas au courant de la demande de M. Legault, pour ensuite affirmer que sa province tentait d’attirer des entreprises d’aviation en offrant un environnement propice pour les affaires. 

«Je laisse à M. Legault le soin de parler des choses qu’il juge importantes pour le gouvernement fédéral, mais nous n’avons pas besoin de l’aide du gouvernement fédéral à cet égard», a-t-elle affirmé en marge d’une rencontre avec ses homologues dans le cadre de la deuxième journée du Conseil de la fédération qui se déroule à Winnipeg. 

François Legault croit que Bombardier serait capable de pourvoir à la demande du fédéral, mais, selon lui, Ottawa veut donner le contrat sans appel d’offres à l’entreprise américaine d’aviation Boeing. 

Lundi, le premier ministre Legault avait dit qu’il aimerait avoir l’appui de tous ses homologues. Mardi, questionné à savoir si un consensus était absolument nécessaire pour interpeller Ottawa, M. Legault à répondu par la négative. «Doug Ford et moi, on a déjà fait la demande au fédéral», a-t-il dit. 

«J’ai toute la confiance du monde dans Bombardier. J’espère que le gouvernement fédéral va avoir un processus d’appel d’offres juste et que la meilleure entreprise gagne», a pour sa part lancé le premier ministre ontarien, mardi. 

«Je soutiens pleinement l’appel lancé par le Québec»

Le premier ministre de la Colombie-Britannique, David Eby, appuie la demande du Québec. 

«Je soutiens pleinement l’appel lancé par le Québec […] au gouvernement fédéral pour qu’il utilise son processus d’approvisionnement – comme d’autres pays le font pour la défense – afin de développer des opportunités pour les entreprises canadiennes», a-t-il affirmé en point de presse. 

À la fin de la journée de lundi, la première ministre du Manitoba, Heather Stefanson, a tenu une conférence de presse, mais n’a pas voulu commenter la demande de François Legault.

Boeing a une usine à Winnipeg. Questionnée à savoir si Mme Stefanson était favorable à ce que ce soit cette entreprise qui reçoive le contrat du fédéral, la première ministre manitobaine a répondu: «Je vais continuer de supporter les entreprises manitobaines pour qu’elles puissent se développer. Ça a toujours été l’une de mes priorités depuis que je suis devenue première ministre et ça ne va pas s’arrêter», a-t-elle indiqué.

Le Bloc québécois se range derrière le Québec et l’Ontario. «L’aérospatiale est une expertise québécoise qui ne doit pas être laissée tomber et Bombardier doit pouvoir participer au processus. 22 000 emplois dont plus de 6000 au Québec pourraient être en jeu!», a indiqué par écrit le porte-parole du Bloc québécois en matière d’aérospatiale, Simon-Pierre Savard-Tremblay.

Les premiers ministres doivent discuter du sujet mercredi.

Un prix concurrentiel

Bombardier affirme que ses avions, qui pourraient remplacer les appareils de patrouille maritime canadiens vieillissants, afficheront un prix concurrentiel par rapport à celui des jets proposés par son rival américain Boeing.

Bombardier s’est associé cette année à la compagnie américaine General Dynamics pour produire un avion de surveillance doté d’une technologie de détection des sous-marins.

L’avion de Bombardier, une version modifiée de l’avion d’affaires Global 6500 équipée de la technologie et des capteurs de General Dynamics, n’existe jusqu’à présent que sur papier, bien que le constructeur affirme que l’avion sera prêt au début des années 2030, conformément aux besoins du gouvernement.

Les deux partenaires demandent au gouvernement du Canada de lancer un processus d’approvisionnement ouvert pour remplacer les 14 avions de patrouille maritime CP-140 Aurora, de Lockheed Martin, qui devraient être mis au rancart en 2030 après un demi-siècle d’utilisation par l’Aviation royale canadienne.

Le prix des 16 P-8A Poseidon et des équipements associés que Boeing vise à vendre à Ottawa s’élève à 5,9 milliards $ US, selon des informations publiées le 27 juin par une agence du département américain de la Défense.