Carolyn Bennett ne sera vraisemblablement plus ministre après un remaniement mercredi

OTTAWA — La ministre fédérale de la Santé mentale et des Dépendances, Caroline Bennett, perdra sans doute sa place au conseil des ministres puisqu’elle n’a pas l’intention de se représenter aux prochaines élections.

La politologue Geneviève Tellier estime qu’il est «essentiel» que chaque membre du cabinet remanié que s’apprête à dévoiler le premier ministre Justin Trudeau ait l’intention d’être sur les rangs au prochain scrutin général.

«Ça aide M. Trudeau (dans ses choix), puis il peut très bien utiliser ça comme justification pour ne pas reconduire des ministres», dit en entrevue la professeure à l’Université d’Ottawa.

Selon elle, après deux ans à la tête du présent gouvernement minoritaire, M. Trudeau veut sans doute présenter une équipe redynamisée et montrer que son équipe est la meilleure pour gouverner.

«Ça peut être une stratégie pour dire ‘’Ok, on brasse un peu les cartes, on montre qu’on a peut-être de nouvelles choses à proposer puis on remet du dynamisme dans la machine”», résume Mme Tellier.

Mme Bennett a vraisemblablement libéré l’une des 39 places à la table du conseil des ministres. Celle qui fait partie du cabinet de M. Trudeau depuis 2015 a indiqué lundi, au cours d’un point de presse, qu’elle n’avait pas l’intention de briguer un autre mandat comme députée. Elle a dit en avoir informé le premier ministre.

Le remaniement devrait survenir mercredi,selon une source gouvernementale. La Presse Canadienne lui a accordé l’anonymat puisqu’elle n’était pas autorisée à discuter publiquement de cette question.

De nombreux observateurs de la scène fédérale estiment que le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, risque de se faire montrer la porte du conseil des ministres ou, du moins, de se voir rétrogradé à un poste moins prestigieux.

Mme Tellier croit que M. Mendicino ne perdra pas forcément son titre de ministre, mais qu’il sera muté à un autre ministère.

«Justin Trudeau, ce n’est pas le genre à brasser beaucoup la cage puis quand il y a eu des ministres qui ne faisaient pas tout à fait l’affaire, il ne les renvoyait pas tout le temps», soutient la politologue.

À ses yeux, Ahmed Hussen, qui est présentement ministre du Logement, de la Diversité et de l’Inclusion, pourrait perdre son actuel poste.

«(La crise du logement), c’est le sujet de l’heure auquel pensent de nombreux Canadiens puis on ne l’entend pas beaucoup sur ce dossier-là», juge la professeure.

Elle ajoute que «la rumeur veut que Trudeau veut (aller) chercher de bons communicateurs», ce qui pourrait selon elle désavantager M. Hussen.

Quant à M. Mendicino, il s’est retrouvé sous le feu des critiques en raison de plusieurs dossiers, comme celui du contrôle des armes à feu et celui du transfert de prison du tueur en série Paul Bernardo.

Le ministre avait fait un mea culpa, l’hiver dernier, après que le gouvernement Trudeau eut dû faire marche arrière sur des amendements au projet de loi C-21 sur les armes à feu.

Les amendements retirés avaient suscité une levée de boucliers de la part de chasseurs et de membres de communautés autochtones qui craignaient que des armes utilisées pour la chasse soient interdites.

Ce n’est que bien plus tard que M. Mendicino est revenu à la charge avec une nouvelle mouture des amendements qui a été entérinée par une majorité de députés, mais qui a laissé sur sa faim le groupe PolySeSouvient.

Quant à Paul Bernardo, il a récemment été transféré d’une prison à sécurité maximale vers un établissement à sécurité moyenne. Les familles des victimes du tueur en série n’en ont été avisées que le jour même du transfert.

Quand la nouvelle a fait surface, M. Mendicino avait déclaré que le Service correctionnel devait une explication aux Canadiens compte tenu de la gravité des crimes commis par Bernardo.

Il avait également affirmé qu’il n’avait été informé du transfert que le lendemain du jour où il s’est produit, bien que son personnel en ait été informé les mois précédents. Les conservateurs, qui ont réclamé, dans la foulée de cette affaire, la démission du ministre, accusent ce dernier d’avoir menti en soutenant qu’il n’avait pas été mis au courant.