Conflit entre Israël et le Hamas: Trudeau favorable à des «pauses humanitaires»

OTTAWA — Le Canada est favorable à des «pauses humanitaires» dans le conflit entre Israël et le Hamas, a indiqué mardi le premier ministre Justin Trudeau. Il continue cependant d’écarter la demande d’un cessez-le-feu.

«On doit rester ancrés sur la priorité de protéger les innocents, de libérer les otages. Et on est ouverts et on appuie l’idée de pauses humanitaires pour permettre l’accès à des ressources nécessaires pour les civils», a-t-il déclaré à son arrivée à la période des questions.

«Pas d’un cessez-le-feu», a-t-il ensuite précisé en entrant dans la Chambre des communes.

M. Trudeau a précédemment expliqué en anglais que la priorité de son gouvernement est «la protection continue des civils innocents et la libération des otages».

Sur X (anciennement Twitter), la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a repris le message du premier ministre.

«Un civil est un civil. Il faut que plus d’aide humanitaire puisse entrer à Gaza et que les Canadiens puissent sortir. C’est pourquoi nous demandons qu’une pause humanitaire dans les hostilités soit considérée», a-t-elle écrit. 

La ministre Joly a ensuite supprimé son message pour plutôt réclamer «des pauses humanitaires».

Les ministres européens des Affaires étrangères ont convenu lundi qu’un arrêt temporaire des combats était nécessaire pour acheminer l’aide vers Gaza. Le président français, Emmanuel Macron, était en Israël mardi pour faire pression en faveur d’une telle «trêve humanitaire» afin d’approvisionner les civils gazaouis.

Des centaines de militants du Hamas ont organisé une attaque terrestre et aérienne dans le sud d’Israël le 7 octobre, tuant 1400 personnes, dont plusieurs centaines lors d’un festival de musique en plein air et des familles vivant dans des coopératives agricoles connues sous le nom de kibboutz.

Depuis ce temps, les Gazaouis sont confrontés à de graves pénuries de nourriture, d’eau et de carburant et plus d’un million d’entre eux ont été déplacés dans l’enclave. Les autorités palestiniennes, dirigées par le Hamas, affirment que plus de 5000 personnes sont mortes à Gaza à cause des tirs de roquettes israéliennes.

Les conservateurs et le Bloc favorables

Au pays, les conservateurs ont signalé dans un communiqué être eux aussi favorables à «une pause temporaire» des activités militaires.

Cela, précisent-ils, aurait à la fois pour objectif que les citoyens canadiens et les autres ressortissants étrangers puissent quitter Gaza, mais aussi de permettre l’acheminement de nourriture, d’eau, de médicaments et d’autres formes d’aide humanitaire aux civils par l’intermédiaire de couloirs humanitaires.

«Nous soutenons les pauses temporaires pour ces raisons humanitaires, tout en continuant à reconnaître qu’Israël a le droit de se défendre et de prendre des mesures pour éliminer la menace posée par le Hamas. Ces pauses temporaires doivent être respectées par tous», écrit leur porte-parole en matière d’affaires étrangères, Michael Chong.

Le Bloc québécois a quant à lui précisé sa demande de «cessez-le-feu multilatéral et temporaire» de la veille. Son chef, Yves-François Banchet, a insisté que sa demande n’a «rien à voir» avec celled’un cessez-le-feu faite par les néo-démocrates et d’une vingtaine de libéraux et «tout à voir» avec celles de l’Organisation des Nations unies, de l’Union européenne et de la France.

«Un cessez-le-feu et une trêve, ce n’est pas pareil, a-t-il dit. Une trêve, par nature, est une décision consentie sur une base temporaire (…) pour faire acheminer de l’aide humanitaire. Un cessez-le-feu a la prétention d’être permanent et de mener à une négociation.»

M. Blanchet estime ainsi qu’il n’y a eu «aucun changement» dans la position de son parti, lui qui jugeait la semaine dernière qu’un cessez-le-feu n’était «pas réaliste».

Il a dit ne pas voir d’avenue «à court terme» pouvant aboutir à une paix durable et souhaite «candidement» qu’Israël poursuive «sa démarche» contre le Hamas.

«Israël n’a pas tiré de roquette sur cet hôpital»

Lors de la période des questions, le chef conservateur, Pierre Poilievre, a demandé à M. Trudeau s’il croit «oui ou non» qu’Israël a tiré une roquette ou un missile sur l’hôpital Al-Ali à Gaza, et ce, bien que le ministre de la Défense nationale avait révélé samedi les conclusions du Canada.

M. Poilievre a préalablement reproché au premier ministre d’avoir «amplifié la désinformation» sur le sujet la semaine dernière, de s’être «caché» et d’avoir «refusé de répondre aux questions».

M. Trudeau a d’abord expliqué qu’il est essentiel de s’appuyer sur «des faits» lorsqu’il s’agit de questions ayant «des répercussions aussi graves sur les Canadiens et sur les peuples du monde entier».

«C’est pourquoi j’ai demandé à nos experts de la défense et à nos spécialistes militaires d’analyser les données « open source » et classifiées pour parvenir à une conclusion, a-t-il continué. Et la conclusion est que, selon les meilleures preuves dont ils disposent, Israël n’a pas tiré de roquette sur cet hôpital.»

Fait rare: les conservateurs se sont alors levés pour applaudir le premier ministre.

Quelques heures plus tôt, le ministre de la Défense, Bill Blair, a affirmé que l’organisation terroriste Hamas constituait une menace pour le monde entier et devait être «éliminée».

M. Blair a aussi indiqué qu’il ne s’attendait pas à ce que le Hamas respecte le droit international, y compris tout accord de cessez-le-feu avec Israël.

Il s’agit là des commentaires les plus directs venant d’un ministre canadien pour expliquer la position de son gouvernement, qui ne soutient pas les appels à un cessez-le-feu.