«Convoi»: la juge du procès examinera les documents de la police d’Ottawa

OTTAWA — La juge du procès des deux organisateurs de la manifestation du «convoi de la liberté» a ordonné l’accès aux documents internes de la police afin de déterminer s’ils devaient être admis comme preuve.

La juge Heather Perkins-McVey a déclaré qu’elle devait examiner les copies non éditées des communications de la police pour déterminer si elles sont protégées par le secret professionnel et si elles sont pertinentes pour évaluer la crédibilité des témoins de liaison de la police.

Les avocats de Tamara Lich et de Chris Barber, qui sont jugés pour leur rôle dans l’importante manifestation contre les mesures de santé publique contre la COVID-19, survenue au début de l’année 2022, ont demandé à voir les courriels indiquant les éléments de preuve demandés aux policiers dans le cadre de l’affaire.

Ils veulent également voir toutes les instructions données aux agents concernant la mise à jour du logiciel de leur cellulaire à la fin de la manifestation, car la juge a affirmé que cette  mise à jour a supprimé les messages entre M. Barber et l’agente de la police d’Ottawa Nicole Bach, considérée comme un contact principal de M. Barber.

La policière Isabelle Cyr, une autre agente de liaison de la police lors de la manifestation du convoi, qui a témoigné plus tôt au procès, a également perdu des enregistrements de communications lors d’une mise à jour de son téléphone professionnel, a déclaré la juge Perkins-McVey.

La juge a affirmé qu’il était «très inhabituel» que deux agents qui témoignent perdent des informations pertinentes dans une affaire pénale.

La défense n’avait reçu que des documents fortement censurés en réponse à sa demande, la Couronne et la police d’Ottawa affirmant que les seules informations omises n’étaient pas pertinentes ou étaient protégées par le secret professionnel de l’avocat.

Le sergent de la police d’Ottawa, Jordan Blonde, qui se décrit comme un contact «secondaire» de M. Barber, était de retour à la barre, mardi, pour répondre aux questions des procureurs.

Toutefois, les avocats de la défense ont déclaré qu’ils ne pourront pas achever leur contre-interrogatoire tant que la juge ne se sera pas prononcée sur l’admissibilité des documents internes de la police.

Les procureurs de la Couronne n’ont posé aucune question relative aux interactions directes de M. Blonde avec M. Barber.

Mardi, M. Blonde a raconté que certains manifestants étaient «déterminés» à se faire arrêter dans leurs gros véhicules ou camions. Il a indiqué qu’il y avait eu une résistance passive à l’opération de la police de la part des membres du groupe de manifestants, les gens refusant de quitter le centre-ville.

La semaine dernière, M. Blonde a décrit des scènes «hostiles» ayant mené à une opération policière visant à expulser de force les manifestants, après que ceux-ci aient bloqué le centre-ville d’Ottawa pendant trois semaines.

Dans un témoignage antérieur du 19 octobre, Mme Bach a déclaré que M. Barber avait dit très tôt que la manifestation devenait «incontrôlable» et que les manifestants ne s’arrêteraient pas tant qu’ils n’auraient pas été reconnus par le premier ministre et le gouvernement fédéral.

Elle a indiqué que quelques jours après le début de la manifestation, M. Barber a affirmé que le convoi avait «perdu de vue» ce pour quoi il était initialement venu à Ottawa.

Tamara Lich et Chris Barber font face à de multiples accusations, notamment de méfait, d’avoir conseillé à d’autres de commettre des méfaits et d’intimidation.

La Couronne cherche à prouver que les deux organisateurs de premier plan ont eu une influence sur les actions des foules qui manifestaient. 

Le procès a été fréquemment retardé en raison de problèmes liés à l’admissibilité des preuves.

Il devrait reprendre mercredi avec davantage de témoignages de M. Blonde. Le contre-interrogatoire des agents de liaison de la police devrait également commencer.