Des centaines d’inspections depuis l’incendie mortel du Vieux-Montréal en mars

MONTRÉAL — Le service d’incendie de Montréal affirme que depuis qu’un incendie dans le Vieux-Montréal a tué sept personnes en mars, il a effectué 460 inspections ciblées dans le cadre d’une campagne spéciale visant à sécuriser les bâtiments potentiellement dangereux.

Cette campagne, baptisée Opération Vulcain, s’est d’abord concentrée sur les bâtiments patrimoniaux du centre-ville, mais a ensuite été élargie pour inclure d’autres bâtiments à haut risque et ceux faisant l’objet de plaintes de citoyens, qui ont triplé après l’incendie du 16 mars.

Les 460 inspections ciblées dans le cadre de l’opération qui s’est déroulée entre avril et la fin septembres’ajoutent aux 5292 inspections régulières des bâtiments effectuées par les pompiers entre janvier et septembre.

Le service d’incendie dit avoir identifié 2042 éléments non conformes aux règles de sécurité incendie et donné 13 mises en demeure aux propriétaires exigeant des changements immédiats.

Des chiffres inférieurs aux années antérieures

La directrice adjointe du Service de sécurité incendie de Montréal, Chantal Bibeau, a fait savoir que l’organisme a effectué 12 391 inspections au total, y compris d’autres types d’inspections et de suivis, depuis le début de l’année. Il s’agit d’une augmentation par rapport aux 11 572 inspections de 2022, mais un niveau bien inférieur à celui des années antérieures. Le nombre total d’activités liées à l’inspection en 2017 était de 29 598.

Mme Bibeau a défendu ces chiffres inférieurs, affirmant que les pompiers concentrent leurs efforts sur les situations à haut risque.

«C’est relatif, a-t-elle souligné. On peut faire des inspections de bâtiment qui sont faciles à inspecter ou qui sont somme toute de récente construction. Ce n’est pas ça qu’on veut. Ce qu’on veut, c’est de travailler aux bons endroits.»

La présentation du service d’incendie faisait suite à une motion du conseil municipal de l’opposition en août demandant une mise à jour sur les efforts d’inspection depuis l’incendie de mars, qui fait maintenant l’objet d’une enquête criminelle de la part du Service de police de la Ville de Montréal.

Réagissant à la présentation de mardi après-midi, le porte-parole de l’Opposition officielle en matière de finances, Alan DeSousa, a déclaré que l’administration municipale et les pompiers doivent être plus clairs sur leurs objectifs d’inspection dans le cadre de la nouvelle approche.

M. DeSousa souhaite avoir une idée du nombre total de bâtiments à être inspecté et sur quelle période.

«Il manque de clarté, a-t-il affirmé aux journalistes. Il faut avoir des points de repère à ce moment-là, les points de repère que nous avions pour les années antérieures.» 

Le responsable de la sécurité publique au comité exécutif, Alain Vaillancourt, a plutôt vanté la transparence de la nouvelle stratégie du Service d’incendie et estime que la Ville «s’en va dans la bonne voie». 

«Je voulais rassurer les gens que tout est en place pour s’assurer de la sécurité des Montréalais et Montréalaise et aussi il y a un gros effort pour aller chercher ceux qui sont non conformes. Pas juste les identifier, mais aussi tout est en place et on va bonifier cela pour qu’ils se conforment aux non-conformités.» 

Vieillissement du parc immobilier

Mme Bibeau a indiqué mardi que l’opération s’inscrit dans une stratégie actualisée de prévention des incendies qui prend en compte des défis tels que le vieillissement de la population et du parc immobilier.

Dans un document qui présente les résultats de la campagne de prévention spéciale, on souligne que le vieillissement des bâtiments, la densification urbaine et l’inflammabilité des matériaux constituent des défis importants en matière de prévention. 

On indique que les 460 inspections ciblées ont pour objectif de réduire les délais de mise en conformité. Dans cette opération spéciale, lors de non-conformité, une mise en demeure est remise au propriétaire sur le champ. La Ville demande un plan d’action dans les 48 heures et en cas de non-remise du plan, une procédure judiciaire est enclenchée. 

Les opérations ciblées ont aussi pour but d’intensifier les inspections des bâtiments patrimoniaux de l’arrondissement de Ville-Marie, en priorisant des immeubles résidentiels à risque élevé construits avant 1946. 

Ces opérations visent aussi à ajouter des bâtiments ayant fait l’objet de plaintes suite à l’incendie du Vieux-Montréal. Dans un document du Service de sécurité incendie de Montréal, on indique que les plaintes ont augmenté de 300% depuis le 3 avril.