Facebook: «C’est spécial que Québec solidaire ne soit pas solidaire», dit Legault

QUÉBEC — Cibles de critiques, voire de moqueries, depuis plusieurs jours, Québec solidaire (QS) et le Parti libéral (PLQ) ont fait savoir qu’ils suspendront leurs publicités sur les plateformes de Meta pour une seule journée, vendredi, afin de suivre l’appel au boycottage de Facebook.

Les deux partis souscrivaient à l’appel au boycottage lancé cet été contre la multinationale, avec le Parti québécois (PQ) et la Coalition avenir Québec (CAQ), mais ils s’étaient désolidarisés récemment: ils ont décidé d’effectuer des placements publicitaires sur Meta pour l’élection complémentaire dans Jean-Talon. Ce sont ces publicités qui seront désactivées pour une journée vendredi.

«Québec solidaire devrait changer de nom», a lancé le premier ministre François Legault, en mêlée de presse jeudi matin, en précisant que son parti allait maintenir son boycottage durant la complémentaire.

Ce boycottage avait été lancé à la suite de la décision de Meta de bloquer les contenus des médias canadiens, pour protester contre la nouvelle loi fédérale sur les nouvelles en ligne. Cette loi exige que les géants du web négocient avec les médias une compensation financière pour l’utilisation de leur contenu.

«Le problème, actuellement, ne rend personne à l’aise», a admis le député Étienne Grandmont, de QS, jeudi matin, concernant le maintien des publicités de son parti pour la durée de l’élection complémentaire.

«Si on est dans cette situation-là actuellement, là, c’est parce que le gouvernement Trudeau a décidé de mettre en place une loi qui est en train d’être étudiée», a-t-il ajouté. Or, la loi a été adoptée en juin dernier.

Quand on lui a demandé si les publicités de QS allaient être désactivées lors de la journée de boycottage, il a laissé entendre que le parti allait «revenir exactement pour les technicalités».

QS a fait savoir ensuite qu’il a désactivé temporairement les huit publications commanditées qui faisaient la promotion de son candidat Olivier Bolduc, mais elles seront réactivées après la journée de boycottage.

De son côté, le PLQ a confirmé jeudi matin que ses publicités allaient être suspendues pour la journée de vendredi.

«Demain (vendredi), on participe au boycott, alors, demain, pas de Facebook, pas d’Instagram», a assuré le chef intérimaire Marc Tanguay. Mais son parti poursuivra ses dépenses publicitaires sur Meta pour le reste de la campagne électorale dans Jean-Talon.

De son côté, la CAQ, après avoir menacé mardi de mettre fin elle aussi au boycottage pour jouer à armes égales avec ses rivaux dans l’élection complémentaire, a décidé de ne pas fléchir finalement.

«On a eu un caucus hier soir (mercredi) et on a décidé de maintenir le boycott de la pub sur Meta», a précisé M. Legault en mêlée de presse jeudi matin à l’Assemblée nationale.

Le gouvernement juge qu’il faut garder un front commun contre les géants du web qui ne veulent pas payer pour le contenu d’information qui alimente leurs plateformes.

Le premier ministre a évoqué l’exemple de l’Australie. Ce pays a en effet adopté une loi similaire à la loi canadienne et après un affrontement, Facebook et Google ont convenu de verser des dizaines de millions de dollars aux médias australiens.

«Je pense qu’on peut gagner cette bataille, a dit M. Legault. Mais l’important, c’est d’être solidaire, c’est quand même spécial que Québec solidaire ne soit pas solidaire des journalistes et des médias québécois. (…) Je trouve ça vraiment déplorable.»

La journée de boycottage de vendredi a été appelée par la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) et la Société québécoise des professionnels en relations publiques.

D’autres organisations ont annoncé qu’elles adhéraient à ce mouvement de protestation contre Meta, entre autres la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM).

Le Parti québécois maintient aussi son boycottage et a même déposé une motion à l’Assemblée pour demander aux élus d’être «solidaires de nos médias nationaux et régionaux» et de ne pas acheter de publicités sur Meta, mais QS et le PLQ ont bloqué la motion.

QS soutient que les plateformes de Meta sont essentielles pour entrer en contact avec les électeurs et que les gestes symboliques comme les boycottages ne règlent pas le problème.

QS réclame plutôt des «solutions structurantes» du gouvernement du Québec, comme imposer les géants du web.