«Ils n’ont plus d’eau depuis une semaine»: un Vancouvérois a parlé à son frère à Gaza

Après avoir essayé pendant quatre jours d’appeler sa famille dans la bande de Gaza, Omar Mansour, un résident de Vancouver, a finalement pu entendre la voix de son frère pendant quelques minutes lundi matin.

Ces quelques minutes au bout du fil avec son frère Firas lui ont apporté un grand soulagement: sa famille avait survécu à la fin de semaine.

Les communications ont été temporairement interrompues à Gaza de vendredi à dimanche en raison d’une offensive de l’armée israélienne. Samedi, le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, a annoncé que la guerre était entrée dans une «deuxième phase», trois semaines après le début des hostilités.

M. Mansour, qui travaille comme consultant informatique, a mentionné que la voix de son frère semblait «robotique» au téléphone, car le réseau 2G dans la bande de Gaza est soumis à une immense pression en raison du nombre important de familles qui tentent de se contacter en même temps.

«Je les appelle 50 fois, mais on obtient la ligne juste une fois», a-t-il noté.

Sa famille composée de 11 personnes, dont ses parents septuagénaires, vit dans une maison située dans le nord de la bande de Gaza, où ils sont agriculteurs.

Malgré le contexte difficile, M. Mansour a souligné que sa famille demeure plus chanceuse que plusieurs autres, puisque leur maison est équipée de panneaux solaires, une denrée inestimable dans le territoire assiégé.

Toutefois, la plupart des panneaux solaires, de même que leur réservoir d’eau, ont été détruits dès le premier jour des bombardements israéliens, a déploré M. Mansour, qui est arrivé au Canada en 2014.

«Ils ont eu de la nourriture pendant une, deux semaines – des aliments d’urgence comme des boîtes de conserve que tout le monde garde dans ses armoires», a-t-il précisé.

Israël a ordonné un «siège complet» à Gaza au lendemain de l’attaque meurtrière du Hamas, le 7 octobre. En vertu de ce blocus, la nourriture, l’eau et le carburant ne peuvent pas entrer dans ce territoire long de 40 kilomètres.

Les réserves d’eau potable sont épuisées et le seul liquide qu’ils obtiennent provient des conserves, a souligné M. Mansour.

«Ils n’ont pas eu d’eau depuis une semaine», a-t-il dénoncé.

«Ils ne boivent rien. Ce qu’ils mangent, ce sont les restes des conserves. Du vieux pain. Et c’est tout. Je me sens même coupable d’être en vie.»

Des bombardements aux nombreux impacts

Lors de la conversation, Firas, âgé de 23 ans, a avoué à son frère que toute la famille souffrait de saignements du nez et des oreilles à cause des bombardements.

«Quand il y a des bombardements, la pression de l’air fait saigner leurs oreilles et leur nez», a affirmé M. Mansour.

Le bilan du conflit a dépassé les 8000 morts du côté palestinien, pour la plupart des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé de Gaza. En Cisjordanie, plus de 110 Palestiniens ont été tués.

Plus de 1400 personnes ont aussi été tuées en Israël, pour la plupart des civils tués lors des premières attaques du Hamas.

Quelque 800 000 personnes ont obéi aux ordres de l’armée israélienne et ont quitté la partie nord de la bande de Gaza, selon le porte-parole de l’armée israélienne, Jonathan Conricus. Avant la guerre, on estimait que le nord de Gaza comptait environ 1,1 million d’habitants.

Deux des sœurs de M. Mansour, qui sont médecins à Gaza, ont été blessées dans les bombardements, a-t-il indiqué.

L’une de ses sœurs, Rasha Omar, a déménagé dans le sud de la bande de Gaza pour vivre chez des cousins. Peu de temps après son arrivée, elle a été blessée par un éclat d’obus alors qu’elle cueillait un citron sur un arbre qui se trouvait encore dans la cour de la maison de son cousin.

Son autre sœur, Ruba Omar, a déménagé avec son mari dans le sud de la bande de Gaza lorsqu’on leur a demandé d’évacuer, a-t-il expliqué. Ensuite, l’appartement dans lequel ils résidaient a été bombardé et sa sœur a été blessée.

L’hôpital a classé la blessure à sa jambe comme étant «mineure», a expliqué M. Mansour, car les médecins sont débordés.

Elle a été renvoyée chez elle.

«Elle est dans une situation terrible», a avoué M. Mansour.

Aujourd’hui, le Vancouvérois se sent impuissant de ne pas pouvoir aider sa famille.

«S’ils ne veulent pas mourir à cause des bombardements et qu’ils vont à l’hôpital pour se réfugier, ils vont quand même mourir. Même s’ils sont juste assis dans un hôpital», a-t-il déploré.

«Il fait de plus en plus froid, l’hiver arrive, et aucune ressource n’arrive pour les aider.»