Itinérance: interpellé par la mairesse de Gatineau, le ministre Carmant se défend

SAGUENAY, Qc — Après avoir été vertement critiqué par la mairesse de Gatineau, France Bélisle, au sujet de l’itinérance, le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, visiblement piqué au vif, s’est défendu en affirmant que sa sortie était «injuste». 

«J’aimerais être clair, je suis extrêmement déçu de la sortie de la mairesse. […] Il n’y a pas une sortie comme ça qui va aider à sortir une personne de l’itinérance», a lancé le ministre en marge du caucus de la Coalition avenir Québec, jeudi à Saguenay.

Jeudi, lors du Sommet sur la fiscalité municipale à Montréal, Mme Bélisle a affirmé qu’elle faisait la «job» du ministre dans le dossier de l’itinérance. 

«M. Carmant, j’ai 80 personnes dans un campement, mon refuge pour sans-abris déborde. Les gens se déplacent dans les autres parcs de ma ville, M. Carmant», a affirmé la mairesse lors du sommet dans un extrait qui circule sur les réseaux sociaux. 

La mairesse de Gatineau a aussi dit qu’elle s’est fait raconter qu’une itinérante de 18 ans avait dû accoucher seule dans le bois avant d’être aidée par d’autres itinérantes. «C’est quoi ça? C’est tu ça mon Québec de 2023?» a-t-elle lancé. 

Le ministre Carmant, pour sa part, assure que le gouvernement est là pour soutenir l’ouverture de refuges si tant est que les municipalités trouvent un site et un organisme communautaire.

«Partout au Québec, si vous me trouvez un organisme et un site, nous on va venir vous aider à offrir les services et vraiment ça prend la collaboration de tout le monde», a-t-il dit. 

«Si vous voulez tuer des maires et des mairesses…»

Le maire de Québec, Bruno Marchand, n’y est pas non plus allé avec le dos de la cuillère. 

«Si vous voulez tuer des maires et des mairesses, continuez de faire ce qu’on fait […] avec des gens qui s’engagent mais qui ont l’impression d’être seuls au combat. Pas parce que le Québec fait rien. Je ne suis pas en train de dire que le Québec fait rien. J’ai jamais dit ça. Est-ce que le Québec en fait pas assez? La réponse est oui», a-t-il lancé.

M. Carmant a lancé un appel au calme. «J’invite tous les maires à baisser le ton.»

Il a assuré qu’il allait discuter avec les maires le 15 septembre prochain lors du Sommet municipal sur l’itinérance. «J’ai accepté de vous rencontrer, donc travaillons ensemble», a-t-il ajouté. 

En entrevue à «La Presse» cette semaine, le ministre des Finances, Eric Girard, a dit qu’il comptait répondre aux demandes des municipalités en matière d’itinérance dans la prochaine mise à jour économique de novembre. On parle de 280 millions $ en cinq ans.

«Je comprends que les maires comprennent que la mise à jour serait trop proche de l’hiver. Je pense qu’il faut agir avant et c’est pour ça que je vais les rencontrer le 15 septembre», a indiqué le ministre Carmant. 

En plus de l’itinérance, le torchon brûle entre Québec et les municipalités sur des questions d’argent. Plus tôt dans la journée de jeudi, le gouvernement caquiste a fermé la porte aux demandes de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, qui veut réformer la fiscalité à l’avantage des municipalités.

C’est aux maires à «bien gérer leurs municipalités», a affirmé la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest. Sa déclaration a été accueillie par des huées à la réunion d’élus municipaux.