Journée mondiale de prévention du suicide: les Québécois plus conscientisés

MONTRÉAL — Ce dimanche marque la Journée mondiale de prévention du suicide. Se déroulant sous le thème «Ravive ta flamme», cette journée rappelle que d’agir avant que le pire ne se produise est l’affaire de tous.

Chaque jour, 12 Canadiens s’enlèvent la vie, indique Santé Canada. Du nombre, le quart sont des Québécois.

Au Québec, la mort par suicide représente la huitième cause de décès en importance, et touche trois fois plus d’hommes que de femmes.

L’Association québécoise de prévention du suicide (AQPS) rappelle que pour chaque personne qui s’enlève la vie, de sept à dix personnes sont en moyenne «endeuillées, et de nombreuses autres sont ébranlées».

Ce faisant, la problématique concerne toute la société, soutient Luc Massicotte, président-directeur général par intérim de l’AQPS.

«Par la journée d’aujourd’hui, on souhaite inviter les gens à la bienveillance, envers eux-mêmes d’abord, mais aussi envers leurs proches et peut-être en amont, créer de la culture de bienveillance de manière à agir sur la prévention de la détresse et aussi du suicide», indique-t-il en entrevue téléphonique.

Des chiffres dévoilés en février par l’Institut national de santé publique du Québec indiquent que 1055 personnes avaient commis l’irréparable en 2020. Ce chiffre ne tient pas compte des tentatives de suicide, qui sont trente fois plus nombreuses.

Bien que sombres, les statistiques laissent toutefois transparaître une lueur d’espoir, puisque le taux de suicide par 100 000 habitants au Québec a diminué de près de moitié depuis 25 ans. En 1996, celui-ci était de 20,4 décès, avant de grimper à 22,2 trois ans plus tard; en 2020, il avait chuté à 12,3.

«Depuis le début de l’an 2000, il y a vraiment une amélioration du taux de mortalité par suicide, constate M. Massicotte. C’est une baisse qui est modeste chaque année, mais constante, et qui donne un bon résultat.»

Cette baisse est notamment attribuable à l’intensification des services en prévention du suicide, dont certains sont désormais disponibles «à toute heure du jour et de la nuit sur tout le territoire du Québec», et à une meilleure formation des intervenants.

Un autre facteur majeur qui entre en ligne de compte est la plus grande sensibilisation du public face à cet enjeu de société.

«On a développé un regard sur la détresse des autres un peu différent avec le temps, allègue M. Massicotte. La société québécoise se sent davantage concernée par la détresse suicidaire de leurs proches. On ne dit plus c’est son affaire, c’est son histoire. On intervient, on se permet d’être intrusifs si on pense qu’ils représentent un danger.»

Les personnes qui souffrent d’idées noires ont aussi davantage le réflexe de demander de l’aide avant de passer à l’acte, se réjouit le PDG.

«La capacité de prévenir le suicide, elle est réelle, dit-il. Ce n’est pas une fatalité: on peut agir sur la mortalité et on est capable d’avoir des résultats si on déploie les moyens.»

Nouvelle ligne d’aide en novembre prochain

À l’image des États-Unis, qui disposent déjà de ce service, Santé Canada lancera, le 30 novembre prochain, le numéro national à trois chiffres 9-8-8 comme ligne d’intervention directe pour la prévention du suicide et pour offrir une assistance directe aux personnes en crise psychosociale.

Le Centre de toxicomanie et de santé mentale de Toronto sera responsable de coordonner ce nouveau service pour lequel Ottawa allouera 156 millions $ sur trois ans. Il n’est pas encore clair de quelle manière ce service sera arrimé aux ressources déjà en opération au Québec, souligne M. Massicotte.

D’ici la mise en service de la ligne 9-8-8, on peut toujours communiquer avec «Parlons suicide Canada» par téléphone au 1-833-456-4566 et par message texte (en soirée) au 45645.

Les résidants du Québec peuvent composer le 1-866-277-3553, envoyer un message texte au 535353, ou consulter la page suicide.ca pour obtenir du soutien par clavardage.