La mairesse Plante veut créer des «rues éponges» pour s’adapter au climat

MONTRÉAL — La mairesse de Montréal, Valérie Plante, propose d’éventuellement aménager des «rues éponges» pour s’adapter aux changements climatiques, ce qui impliquerait de rendre certaines rues plus perméables, en retirant par exemple de l’asphalte, donc en retirant des places de stationnement.

Invitée par le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM) à discuter du rôle des grandes villes face à la crise climatique, la mairesse Plante a suggéré, mardi midi, de créer des rues éponges.

«L’idée, c’est de garder la voie circulable, mais par exemple, à certains endroits où il y a du stationnement, de peut-être enlever des cases de stationnement pour faire des endroits qui vont être plus perméables. Parce que ce qui se passe avec les pluies torrentielles, c’est que le réseau d’aqueduc n’est pas prêt, n’est pas fait pour ça, pour ce volume d’eau qui tombe d’un coup.».

De plus en plus souvent, les pluies torrentielles surchargent les égouts de Montréal et mettent à rude épreuve les infrastructures de la métropole.

Les inondations liées aux changements climatiques vont s’amplifier et la mairesse a rappelé que certains quartiers sont plus vulnérables que d’autres.

«Il y a des endroits dans la ville où, à chaque pluie torrentielle (…), ils se retrouvent inondés, alors qu’est-ce qu’on fait? Il faut que je change le territoire, je ne peux pas le laisser de même, les gens ne sont plus assurables, c’est d’une tristesse inouïe de voir des gens qui viennent pleurer dans un conseil d’arrondissement.»

Déminéraliser l’espace public ou verdir les milieux urbains pour laisser des espaces naturels absorber l’eau de pluie est reconnu comme une mesure efficace d’adaptation au changement climatique.

Lors des pluies torrentielles au début du mois de juillet, le réseau souterrain a été incapable d’avaler la quantité d’eau déversée par le ciel. Des routes, comme le boulevard Décarie, sont devenues de véritables piscines, des maisons ont été inondées, l’eau s’est également introduite dans le métro et des bouches d’égout se sont littéralement envolées sous la pression de l’eau.

À Montréal, 43 % des gaz à effet de serre sont causés par les transports, principalement l’auto-solo et dans les dernières semaines, certaines mesures prises par l’administration Plante pour freiner l’expansion du parc automobile au profit de la mobilité active ont suscité la colère de certains citoyens.

Par exemple, des manifestations ont eu lieu récemment dans le quartier Parc-Extension, où 250 espaces de stationnement doivent être retirés pour créer une nouvelle piste cyclable. La Ville a aussi soulevé l’ire de citoyens en annonçant que la voie Camillien-Houde sur le mont Royal ne sera plus accessible au transport automobile à partir de 2027.

Lors d’une discussion avec Mark Watts, directeur exécutif du réseau C40, qui réunit des villes engagées dans la transition écologique, la mairesse a reconnu que les mesures d’adaptation au changement climatique, comme la création de rues éponges, risquent de créer des mécontents.

«Face au changement climatique, définitivement, on nous demande d’agir. Donc ça amène de devoir faire des choix qui ne sont pas toujours faciles», a indiqué Valérie Plante.

«Si je dois enlever des stationnements pour faire une rue éponge, j’ai besoin que la population m’aide et je dois donner assez d’information pour que la population comprenne pourquoi on le fait», a ajouté la mairesse en précisant qu’avant de mettre en place ce type de mesure, «bien sûr que la population sera informée».

La mairesse a tenu à préciser que cette mesure, à elle seule, ne réglera pas les problèmes et qu’il faut aussi mettre à jour les infrastructures et les systèmes d’égouts et que «malgré tout ce qui va être mis en place», certains quartiers continueront de subir davantage les effets des inondations.