La trajectoire incertaine de l’ouragan Lee inquiète les provinces de l’Atlantique

HALIFAX — Bien que la trajectoire de l’ouragan Lee reste encore incertaine, l’anxiété créée par les puissantes tempêtes s’est accrue sur la côte Est, en particulier dans les communautés qui ont ressenti la colère de Fiona l’année dernière.

Le maire de Port aux Basques, à Terre-Neuve-et-Labrador, affirme que depuis que l’ouragan de l’année dernière a endommagé plus de 100 maisons et emporté dans les eaux une femme de 72 ans, les membres de la communauté se préoccupent de Lee, même si les prévisionnistes ne savent toujours pas si l’ouragan se dirige vers la région.

«L’ancienne attitude était: « C’est juste une autre tempête. Nous pouvons l’endiguer »», a indiqué le maire Brian Button lors d’une entrevue, dimanche.

«Maintenant, c’est un sentiment d’inquiétude.»

À Amherst, en Nouvelle-Écosse, le maire David Kogon a déclaré qu’il était à craindre qu’un raz de marée puisse inonder l’isthme de Chignecto.

«Un ouragan synchronisé avec une marée haute pourrait inonder l’isthme (…) ce qui nous couperait totalement du Nouveau-Brunswick et du Canada», a-t-il indiqué.

M. Kogon, qui est également médecin semi-retraité, dit que lorsqu’il se promène dans sa communauté, il voit davantage de génératrices dans les hangars et les cours, prêtes en cas de panne de courant, rappelant à quel point ces crises climatiques créent de l’anxiété.

«La santé mentale est une crise plus grave que certains autres domaines de la médecine. Et donc avec (l’anxiété climatique), vous avez un autre facteur qui va (…) mettre la pression sur le système de santé», a-t-il noté.

Les gouvernements de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick ont demandé à Ottawa de couvrir la moitié du coût pour la protection de la route et du chemin de fer sur l’isthme, mais une étude technique publiée l’année dernière a révélé qu’il faudrait des décennies pour améliorer et renforcer le système de digues.

En date de dimanche, l’ouragan Lee créait de grandes houles qui frappaient plusieurs îles du nord-est des Caraïbes alors qu’il se déplaçait dans les eaux libres en tant que tempête de catégorie 2.

Bob Robichaud, météorologue chez Environnement Canada, a affirmé samedi que l’agence fédérale surveillerait en début de semaine le moment où la tempête devrait faire son virage vers le nord-ouest. Il a dit que l’agence s’attend à ce que la tempête ait un impact sur la région d’ici la fin de semaine prochaine.

Il a ajouté que plus le tournant se situe à l’est, plus faible est la probabilité d’un impact significatif sur la région. Les prévisionnistes surveilleront également de près un système de haute pression au-dessus des Grands Lacs, dans l’espoir qu’il repousse l’ouragan plus au large.

De plus, il existe des facteurs tels que la température de l’eau qui pourraient jouer. M. Robichaud a déclaré que plusieurs «zones» d’eau froide ont été détectées au cours du week-end, que la tempête devrait traverser pour atteindre l’Atlantique, ce qui pourrait diminuer sa puissance.

Cependant, les températures de l’eau sont également plus chaudes que la normale au large de la côte sud de la Nouvelle-Écosse. Selon M. Robichaud, les températures sont d’environ 3 à 4 °C supérieures aux normes historiques pour cette période de l’année.

«Il y a encore une assez grande diversité dans la modélisation quant aux types d’impacts, le cas échéant, de Lee au Canada. Mais c’est certainement un sujet à surveiller à l’approche des prochains jours», a soutenu le météorologue.