L’arrêt du train New York – Montréal «très décevant» pour le milieu touristique

MONTRÉAL — Le milieu touristique montréalais se désole de la suspension, en pleine période estivale, du service de train de la compagnie américaine Amtrak reliant Montréal et New York. L’interruption pourrait durer jusqu’à la mi-septembre. 

«C’est très décevant parce que l’été représente la saison touristique la plus importante à Montréal. Et entre New York et Montréal, il n’y a pas d’alternative ferroviaire», commente la porte-parole de Tourisme Montréal, Aurélie de Blois. 

«C’est donc une contrainte importante pour plusieurs voyageurs, poursuit-elle. Il y a des gens qui ne veulent pas prendre l’avion ou qui n’ont pas de voiture. Et s’ils prennent leur voiture finalement, ils sont obligés de s’embarrasser d’une auto à destination. On sait qu’il n’y a pas beaucoup de stationnements, c’est assez compliqué.» 

Amtrak avait relancé sa liaison New York – Montréal en avril dernier après l’avoir mise à l’arrêt en 2020 en raison de la pandémie de COVID-19. 

L’entreprise a toutefois annoncé le 23 juin dernier que les trains 68 et 69 de la ligne Adirondack ne feront désormais que le trajet entre New York et Albany «jusqu’à nouvel ordre». L’entreprise a ainsi cessé de desservir une dizaine d’arrêts, qui incluent Montréal ainsi que Saratoga Springs et Plattsburgh dans l’État de New York. 

Amtrak a motivé sa décision par les restrictions entourant la vitesse imposées par le Canadien National (CN) sur ses rails en raison de la chaleur. Cela implique désormais une limite de 16 km/h sur une distance d’une soixantaine de km, soit entre la frontière canado-américaine et la Gare Centrale à Montréal. 

Selon Tourisme Montréal, environ 60 000 visiteurs américains débarquent dans la métropole québécoise chaque année via la ligne Adirondack. 

«Le nord-est des États-Unis, c’est un marché qui est hyperimportant pour Tourisme Montréal. C’est un marché historique pour notre organisation. Les Américains sont notre plus grande part de marché. En 2023, on attend quelque deux millions d’Américains à Montréal», dit Mme de Blois en entrevue.  

Néanmoins, l’organisme touristique ne croit pas que l’arrêt du service de train découragera les voyageurs qui souhaitent visiter la ville, même s’ils doivent opter pour un moyen de transport moins écologique. Ils compenseront peut-être leur empreinte carbone d’une autre manière, indique Mme de Blois. 

Éventuelle reprise à la mi-septembre

Des discussions ont eu lieu avec le CN et le département des Transports de l’État de New York (NYSDOT) pour explorer différentes solutions, a indiqué un porte-parole d’Amtrak, dans un courriel transmis à La Presse Canadienne, mardi.

«Malheureusement, Amtrak, le CN et NYSDOT n’ont pas trouvé de solution réalisable pour cet été qui éviterait à nos clients de subir des retards importants pouvant aller jusqu’à quatre heures, voire d’être bloqués au milieu de leur voyage», a déclaré Jason Abrams. 

Il mentionne que le service régulier de la ligne pourrait reprendre à la mi-septembre au moment où le CN devrait lever ses restrictions liées à la chaleur. 

«Il est possible que les restrictions thermiques soient levées avant cette date si la température locale baisse, et Amtrak, avec le soutien de ses partenaires, pourrait alors rétablir le service plus tôt que prévu», a précisé M. Abrams. 

Entre-temps, à compter du 24 juillet, l’Adirondack desservira de nouveau la gare de Saratoga Springs, située à près de 60 km au nord d’Albany.

De son côté, le CN a dit appliquer ces restrictions de vitesse tant aux transports de passagers que de marchandises, dues aux conditions météorologiques dans le sud du Québec.

«Pendant les périodes de chaleur intense, les compagnies ferroviaires mettent en œuvre des restrictions de vitesse sur différentes parties de leur réseau afin de garantir la sécurité des opérations ferroviaires en raison du risque de dilatation thermique», a déclaré la compagnie basée à Montréal, par courriel. 

Elle précise que ces mesures sont aussi mises en oeuvre pendant les périodes de froid intense. 

Solution durable à l’étude

Amtrak mentionne travailler avec «le CN et le NYSDOT pour développer une solution à long terme afin que les trains Amtrak puissent circuler à destination et en provenance de Montréal au cours des prochains étés».

Une intention qui rassure Tourisme Montréal. L’organisation souhaite, par ailleurs, se pencher sur la façon d’optimiser les différentes lignes ferroviaires dans la métropole. 

«On aimerait qu’elles soient plus fluides, plus fréquentes et d’horizons divers. S’il y avait plus de liaisons ferroviaires vers Montréal, on pense que cela pourrait être bénéfique pour le tourisme dans la métropole», affirme Mme de Blois.