Le Bloc se positionne en «perroquet de la CAQ», lance Alexandre Boulerice

HAMILTON — Les députés du Nouveau Parti démocratique (NPD) ont profité de leurs discussions avec les militants de leur formation politique à leur congrès pour modeler leur prochaine stratégie électorale au Québec. Plus d’attaques contre le Bloc québécois sont à prévoir.

Dès le début du grand rendez-vous néo-démocrate, une haute responsable du parti a affirmé aux journalistes que «c’est certain» que plus d’invectives à l’endroit des bloquistes sont dans les cartons d’ici à la prochaine élection générale.

Cette source a demandé l’anonymat, au cours d’une séance d’information technique destinée aux médias, afin de pouvoir s’exprimer plus librement.

Selon elle, le NPD tentera de démontrer que le Bloc québécois «n’a rien accompli» au cours des dernières années et n’a pas de réel bilan à présenter aux électeurs.

Le chef adjoint du NPD, Alexandre Boulerice, a tenu un discours similaire, allant jusqu’à accuser les troupes d’Yves-François Blanchet de se contenter de répéter, à Ottawa, les demandes de la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault.

«Le Bloc se positionne comme le perroquet de la CAQ (…) sur un paquet d’enjeux, que ça soit la loi 21 (sur la laïcité de l’État), que ce soit le chemin Roxham, que ce soit les travailleurs migrants temporaires, que ça soit le troisième lien à Québec. On dirait qu’ils sont juste là pour répéter les mêmes lignes que François Legault», a-t-il dit en entrevue avec La Presse Canadienne, en marge du congrès.

Le NPD, «perroquet» des libéraux, selon Blanchet

Réagissant sur le réseau X (anciennement Twitter), le chef bloquiste Yves-François Blanchet a sous-entendu que le NPD agit en «perroquet» des libéraux de Justin Trudeau.

«Perroquet pour perroquet, le NPD est le partenaire intime du piétinement du Québec par les libéraux, non? Voilà», a-t-il écrit.

Selon lui, le Bloc québécois est «ciblé par tous» puisqu’il est «désigné meneur». «Il est meneur pour son bilan», a fait valoir M. Blanchet.

M. Boulerice, seul député du Québec au sein de l’actuel caucus du NPD, croit que les néo-démocrates arriveront à convaincre les Québécois de se rallier à eux aux prochaines élections.

La volonté du parti de Jagmeet Singh de faire des gains dans la Belle Province est de longue date, mais ce souhait a été loin de s’exaucer aux derniers scrutins.

Questionné à savoir pourquoi il jugeait que cette fois-ci était la bonne, l’élu de Rosemont-La-Petite-Patrie a répondu que le NPD, contrairement au Bloc québécois, a un bilan à présenter aux électeurs, de par les résultats qu’a donnés, jusqu’à présent, son entente de soutien et de confiance avec le gouvernement libéral de Justin Trudeau.

«Qu’est-ce que le Bloc a été cherché depuis deux ans avec un gouvernement minoritaire à Ottawa? Nous, on va pouvoir dire aux gens: vous avez accès au dentiste si vous gagnez moins de 70 000 $ par année. Vous avez gagné l’accès au dentiste (…) grâce au travail du NPD. On a forcé les libéraux à faire ça», a soutenu M. Boulerice.

Le NPD semble envoyer le signal qu’il est déjà prêt à en découdre avec les bloquistes, dans l’immédiat.

«Livrer des résultats»

Dans son discours prononcé à l’adresse des délégués samedi, le chef néo-démocrate, Jagmeet Singh, a lancé une flèche vers le Bloc québécois.

«Pendant que le Bloc chiale, que Pierre Poilievre dit ses slogans et que Justin Trudeau déçoit, le NPD travaille pour livrer des résultats», a-t-il lancé.

Interrogé sur cette ligne d’attaque, M. Boulerice a soutenu que les critiques exprimées par le NPD contre les bloquistes se raffineront au fil du temps, laissant entendre que cela ira au-delà de les accuser de «chialer».

Les électeurs québécois peuvent aussi s’attendre à entendre les néo-démocrates critiquer de plus en plus le ministre de l’Environnement et député du Québec, Steven Guilbeault.

«(Il devient) ministre de l’Environnement (et) autorise le projet Bay du Nord, puis de l’exploration gazière et pétrolière au large de Terre-Neuve également. (..) Donc, ils font une chose puis son contraire», a-t-il dit au sujet des libéraux.

Les néo-démocrates espèrent ainsi que des Québécois normalement portés à voter libéral pivoteront vers les néo-démocrates.

Au 4e rang dans un sondage

La tâche ne risque toutefois pas d’être facile, si l’on se fie à un coup de sonde mené par la firme Léger et dont les résultats ont été dévoilés en septembre.

Selon ce sondage effectué pour le compte du «Journal de Montréal», le NPD arrive au 4e rang dans les intentions de vote au Québec, recueillant seulement 13 % d’appui. C’est loin derrière les libéraux (29 %), bloquistes (29 %) et conservateurs (23 %).

À ce sujet, M. Blanchet a laissé entendre que le NPD n’a pratiquement aucune chance de faire des gains au Québec. «Au moins, les conservateurs sont dans la course», a-t-il raillé.

La haute responsable du NPD a reconnu que faire des gains au Québec est «un défi» pour le parti, mais a plaidé qu’il est possible de gagner plus de sièges dans la région de Montréal.

Quoi qu’il en soit, M. Boulerice ne cache pas son envie de cesser d’être le seul et unique député québécois au sein du caucus du NPD.

«On a de bons espoirs de faire des gains au Québec à la prochaine élection. La prochaine fois que vous allez me parler, je ne serai pas tout seul (assis) à cette table», a-t-il dit à l’adresse de la journaliste de La Presse Canadienne qui menait l’entrevue avec lui.

«On va être 2, 3, 4, 5, 6 peut-être. Trente-deux si c’est possible!», a-t-il conclu, sourire aux lèvres, résolu à se montrer confiant et optimiste.

Ce sont précisément 32 circonscriptions du Québec qui sont présentement dans le giron du Bloc québécois.