Le commerce est en tête de liste des priorités de Justin Trudeau en Asie

OTTAWA — Le Canada lorgne les marchés commerciaux lucratifs de la région indopacifique alors que le premier ministre Justin Trudeau se rend dans la région pour une semaine de sommets internationaux et de réunions bilatérales.

Ce voyage marque le premier retour de M. Trudeau en Inde après son voyage controversé de 2018, qualifié de moment embarrassant par les médias internationaux.

Le pays souhaite diversifier ses échanges commerciaux dans la région. Ce faisant, le Canada a lancé l’automne dernier une nouvelle stratégie indopacifique, visant à élargir les liens commerciaux dans toute la région pour aider à contrer la domination de la Chine.

L’indopacifique est la région du monde en croissance la plus rapide et jouera un rôle essentiel dans l’avenir du Canada au cours des 50 prochaines années, estiment des experts.

D’ici 2030, elle abritera les deux tiers de la classe moyenne mondiale, ayant sorti des millions de personnes de la pauvreté grâce à sa croissance économique. Et cette croissance démographique est la main-d’œuvre dont le Canada a besoin, surtout avec sa population vieillissante, note Goldy Hyder, PDG du Conseil canadien des affaires.

«Le vieil adage disait : « Va vers l’ouest, jeune homme ». La nouveauté, c’est « Va vers l’Est, jeune homme, jeune femme ». C’est là que se situe l’action et nous devons en faire partie», croit-il.

Le changement climatique est la clé de la réussite du Canada dans la région, car Ottawa se considère comme un leader dans la transition de la région vers l’énergie verte. Les entreprises canadiennes croient qu’elles disposent du carburant, de la nourriture et des engrais nécessaires pour relever ce défi.

«Pour être un leader mondial en matière de changement climatique, il faut maintenir ce soutien en veillant à ce qu’il soit accompagné d’une stratégie de croissance économique», indique M. Hyder.

Cultiver des relations

Avec des escales en Indonésie, à Singapour et en Inde pendant six jours, l’établissement de relations avec les dirigeants asiatiques constitue un objectif essentiel pour M. Trudeau.

Des experts mettent toutefois le premier ministre en garde de prouver que sa visite n’est pas seulement une séance photo, mais qu’elle fait partie d’un engagement plus large selon lequel le Canada sera présent dans la région à long terme.

«Ce n’est pas un endroit où vous venez et dites simplement « Bonjour, je suis ici pour faire des affaires. Faisons un accord. » C’est un endroit où l’on cultive les relations. Nous devons comprendre les cultures de chacun», explique M. Hyder

M. Trudeau s’arrêtera d’abord à Jakarta le 4 septembre, où il rencontrera le président indonésien Joko Widodo et participera à l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est, un groupe de 10 pays qui représentent le quatrième plus grand partenaire commercial du Canada.

Le 6 septembre, le premier ministre se rendra à Singapour et passera deux jours à rencontrer le premier ministre Lee Hsien Loong et des chefs d’entreprise. Il terminera son voyage par deux jours à New Delhi, en Inde, pour le sommet des dirigeants du G20.

Alors que les gouvernements régionaux et étatiques de l’Inde se sont montrés très accueillants envers M. Trudeau, le premier ministre Narendra Modi a semblé ignorer complètement la présence de celui-ci jusqu’aux derniers jours de la visite de 10 jours. 

Beaucoup pensaient que le comportement de M. Modi était une tentative délibérée d’embarrasser Trudeau en représailles à ce que l’Inde considère comme un effort terne du Canada pour freiner le mouvement séparatiste sikh au Canada.

Alors que des groupes de défense exhortent les pays occidentaux à soulever les questions relatives aux droits de la personne tout au long du Sommet du G20, une experte que le Canada gagnera à se concentrer sur l’économie.

«Cela tombera dans l’oreille d’un sourd, estime Bessma Momani, professeur de sciences politiques à l’Université de Waterloo. Ce n’est pas le même environnement qu’il y a 10 ans, où M. Trudeau pouvait se rendre dans ces endroits et monter sur ses grands chevaux.»