Le procès de Pat King se penche sur ses publications sur les réseaux sociaux

OTTAWA — L’organisateur du «Convoi de la liberté», Pat King, s’est vanté de son rôle dans l’occupation du centre-ville d’Ottawa en 2022 et a incité les manifestants à klaxonner, violant ainsi une ordonnance du tribunal, révèle une série de vidéos publiées sur les réseaux sociaux pendant les événements.

Ces vidéos ont été présentées comme preuve lors de son procès pénal jeudi.

M. King a plaidé non coupable de neuf chefs d’accusation liés à son rôle dans la manifestation, y compris un certain nombre d’allégations selon lesquelles il aurait conseillé à d’autres d’enfreindre la loi.

La Couronne allègue que M. King était un meneur influent du mouvement de protestation, qui a vu des centaines de gros camions et autres véhicules entrer dans Ottawa et s’installer dans les rues, bloquant le centre-ville pendant près de trois semaines, pour s’opposer aux mesures sanitaires liées à la COVID-19 et – dans certains cas – réclamer un changement de gouvernement. 

La Couronne a présenté plusieurs vidéos et diffusions en direct tirées de ses réseaux sociaux. Dans une vidéo, il décrit son rôle dans la coordination du positionnement des camions, sous le couvert de l’obscurité, et se moque du blocage d’une rue principale près du Parlement.

«Nous les avons tous déplacés… loin de la police», a lancé King dans une vidéo datée du 31 janvier, où il décrit le déplacement furtif de 80 camions vers le centre-ville.

«Nous avons bloqué Kent Street.»

«Je m’amuse tellement. Je ne plaisante pas, je passe un moment inoubliable.»

Dans une vidéo précédente, il avait demandé aux camionneurs de klaxonner toutes les 30 minutes. Presque au même moment, des klaxons ont commencé à retentir.

Dans la plupart des vidéos, M. King dit que la manifestation est pacifique. Il s’exprime souvent avec des jurons et un langage grossier.

Les vidéos démontrent qu’il était une figure bien connue de la foule, de nombreux passants l’appelant, le remerciant, lui faisant des câlins et demandant même son autographe.

Dans une vidéo, une femme lui crie qu’elle a conduit cinq heures pour se joindre à la manifestation grâce à lui.

Au moment des manifestations du «Convoi de la liberté», la page Facebook de M. King comptait 354 000 abonnés, a témoigné jeudi Alyson Yaraskovitch, analyste du renseignement criminel à Ottawa.

Une vidéo enregistrée durant le troisième week-end de protestation a suscité 26 000 réactions sur Facebook. Dans cette vidéo, il demandait aux camionneurs de ne pas déplacer leurs gros camions hors des quartiers résidentiels.

M. King a gardé une expression neutre alors qu’il regardait vidéo après vidéo sur un grand écran de télévision dans la salle d’audience.

Une injonction non respectée

Le 7 février, plus d’une semaine après le début de la manifestation, un juge a prononcé une injonction contre les klaxons excessifs à Ottawa en réponse au bruit quasi constant qui, selon les résidents, les a privés de sommeil pendant des jours.

Dans une diffusion en direct, M. King avait demandé à tous les camionneurs d’arrêter immédiatement de klaxonner afin de ne pas se faire arrêter et d’«apaiser» les résidents d’Ottawa, mais a ajouté que l’injonction du tribunal signifiait que la manifestation faisait une différence.

«Rappelez-vous, ces gens n’ont pas dormi depuis dix jours», dit-il en riant et qualifiant la situation d’«hilarante». «Ça marche à merveille.»

Le lendemain, il avait publié une nouvelle vidéo contredisant son conseil de cesser de klaxonner et où il déclarait à ses abonnés qu’il était «en colère». «Klaxonnez. Laissez le ciel vous entendre», disait-il.

La Couronne devrait diffuser des dizaines de vidéos supplémentaires devant le tribunal vendredi avant que l’avocate de la défense, Natasha Calvinho, contre-interroge le témoin.