Nazi aux Communes: l’Assemblée nationale adopte une motion pour se dissocier

QUÉBEC — L’Assemblée nationale a adopté mardi à l’unanimité une motion pour se dissocier de la Chambre des communes qui a ovationné un ancien soldat nazi.

Rappelons que lors de la visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky à Ottawa vendredi, les parlementaires fédéraux ont salué dans les tribunes un ancien combattant ukrainien ayant servi dans une unité de l’armée allemande sur le front russe durant la Deuxième Guerre mondiale. 

La présidente de l’Assemblée nationale, Nathalie Roy, a pour sa part laissé entendre que le risque d’un tel dérapage est quasi inexistant à Québec.  

«Que l’Assemblée nationale se dissocie du Parlement du Canada qui a récemment ovationné un ancien combattant nazi de la SS», lit-on dans le libellé de la motion du Parti québécois, qui exprime aussi la solidarité de l’Assemblée envers le peuple juif.

Elle a été adoptée à l’unanimité par la Chambre, à 93 voix pour, sans abstention, après la période de questions. Certains élus avaient déjà quitté la Chambre lors du vote, dont le premier ministre François Legault. 

En mêlée de presse, le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon a dit qu’il était «troublant» que les Communes ovationnent un ancien SS et que le Canada est devenu «la risée» du monde entier.

C’est une «situation indéfendable et inconfortable», a-t-il commenté.

«Je n’ai pas été très impressionnée», a dit la ministre des Relations internationales, Martine Biron, en mêlée de presse.

M. St-Pierre Plamondon a rappelé qu’en vertu de la doctrine Gérin-Lajoie, le Québec dispose de sa voix propre sur la scène internationale et peut mener sa diplomatie: il doit donc s’exprimer dans cet incident diplomatique, selon lui. 

«Je pense que c’est important que le Québec inscrive au procès verbal à l’échelle internationale que le Québec se dissocie de ces événements, que nous n’avons rien à voir avec cette bourde historique et honteuse.»  

À la demande du PQ, la motion sera transmise à la Chambre des communes, à l’ambassade d’Ukraine ainsi qu’au Centre consultatif des relations juives et israéliennes.  

Dans une courte et rare mêlée de presse, la présidente de l’Assemblée nationale, Nathalie Roy, a indiqué que la présentation des visiteurs au Salon bleu est régie par une directive qui avait été «encadrée» et «précisée» il y a quelque temps. 

Le processus est-il parfaitement sécuritaire?

«On le souhaite, mais des vérifications sont faites lorsqu’il s’agit d’invités dans les tribunes de la présidence.»

Vendredi, le président des Communes, Anthony Rota, avait présenté Yaroslav Hunka, âgé de 98 ans, comme «un héros ukrainien, un héros canadien» ayant combattu pour la 1ère Division ukrainienne. Or, cette division était également connue sous le nom de Division SS Galicie, une unité de volontaires placée sous le commandement de la SS.

Lorsque l’affaire a éclaté dimanche à la suite de doléances d’un groupe de défense des droits des personnes juives, le président Rota avait immédiatement présenté des excuses. Et il les a réitérées verbalement lundi lors de la reprise des débats à la Chambre, mais il a dû démissionner mardi en raison du désaveu de tous les partis.