Ottawa pourrait aider en soins de santé «en facilitant le recrutement à l’étranger»

WINNIPEG — Les premiers ministres du Canada ont réitéré leur appel à une aide fédérale accrue dans le domaine de la santé, tout en reconnaissant que les provinces peuvent apprendre les unes des autres dans des domaines tels que la fidélisation des travailleurs.

Lors de la deuxième journée de l’assemblée annuelle du Conseil de la fédération, les premiers ministres ont discuté des 46 milliards $ de nouveaux fonds pour la santé que le premier ministre Justin Trudeau a proposés en février, en échange de l’engagement des provinces et des territoires à mettre en œuvre des réformes ciblées. À l’exception du Québec, toutes les provinces ont accepté l’offre de financement.

Heather Stefanson, première ministre du Manitoba et hôte de la réunion, a déclaré que ces fonds supplémentaires étaient les bienvenus, mais qu’ils ne représentaient qu’environ 2 % des budgets de santé des provinces.

Les premiers ministres ont demandé de l’aide dans des domaines connexes.

Le gouvernement fédéral devrait rationaliser le processus de recrutement des travailleurs de la santé à l’étranger, a lancé la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith. 

«Le gouvernement fédéral est le principal responsable de l’immigration et de l’entrée des personnes dans le pays, c’est pourquoi il joue un rôle crucial dans ce domaine», a-t-elle déclaré. 

«Nous avons tous pu négocier des accords qui nous ont permis de faire venir de nouveaux professionnels. Nous avons conclu un protocole d’accord avec les Philippines, par exemple.»

Mme Smith a ajouté qu’Ottawa pourrait également contribuer à faire en sorte que les professionnels de la santé puissent se déplacer sans heurts d’une province à l’autre.

Le premier ministre de la Colombie-Britannique, David Eby, a fait écho de ces sentiments.

«Comment utiliser le système d’immigration pour soutenir les soins de santé dont les Britanno-Colombiens ont besoin ? Comment utiliser l’autorité nationale du gouvernement fédéral pour fixer des normes concernant la mobilité des travailleurs de la santé ?»

Les premiers ministres ont également rencontré des représentants des professionnels de la santé, qui ont affirmé que les provinces pouvaient prendre elles-mêmes des mesures.

La Fédération canadienne des syndicats d’infirmières et d’infirmiers a présenté plusieurs recommandations aux premiers ministres pour stimuler les soins de santé. La fédération, qui représente les syndicats de toutes les provinces sauf le Québec, recommande notamment des ratios minimums infirmière-patients et l’établissement de limites aux heures sécuritaires de travail continu.

Mme Stefanson a déclaré que les premiers ministres avaient eu une «excellente discussion» avec les membres du syndicat des infirmières. 

Elle a ajouté que les premiers ministres prévoyaient de se réunir à nouveau plus tard dans l’année pour un sommet sur les soins de santé afin de partager les meilleures pratiques et de discuter de la manière dont les provinces peuvent travailler ensemble sur le recrutement, la rétention et la formation des travailleurs. 

«Je pense que nous avons fait des progrès significatifs, franchement, mais je pense aussi que nous écoutons, nous apprenons, a déclaré Mme Stefanson. Nous n’avons pas peur d’avoir ces conversations. C’est pourquoi nous sommes tous là, dans tout le pays, à écouter les infirmières… pour savoir comment nous pouvons améliorer les choses.»

Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a indiqué que son gouvernement souhaitait collaborer avec Ottawa pour faire venir des travailleurs de différents domaines.

«Nous avons désespérément besoin de personnel dans toute la province. Je pense que tous les premiers ministres l’ont dit», a-t-il ajouté. 

La santé n’est pas le seul sujet abordé lors de cette conférence de trois jours, qui s’achèvera mercredi.

Mme Stefanson a souligné que les premiers ministres ont également demandé au gouvernement fédéral de prendre «des mesures urgentes» pour réformer le système de mise en liberté sous caution, en réponse aux inquiétudes suscitées par la criminalité. 

«Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre plus longtemps pour être mieux protégés contre la violence aléatoire causée par des délinquants récidivistes et dangereux et pour mieux cibler les criminels qui utilisent des armes à feu et d’autres armes», a-t-elle déclaré.

Ottawa a présenté un projet de loi visant à réformer le système de libération sous caution. Il prévoit d’inverser la charge de la preuve pour les récidivistes violents et les personnes accusées de détention d’armes. Il appartiendrait à ces accusés de montrer au tribunal pourquoi ils devraient être libérés sous caution, plutôt qu’à la Couronne de montrer pourquoi ils ne devraient pas l’être. 

Les premiers ministres ont également discuté des problèmes d’accessibilité financière, de la pénurie de logements et du renforcement de la main-d’œuvre, a indiqué Mme Stefanson.

— Avec des informations de Jeremy Simes à Regina.