Paul St-Pierre Plamondon doit dire la vérité, dit François Legault

QUÉBEC — Le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon «doit dire la vérité sur les sacrifices à faire» advenant l’indépendance du Québec, a sommé mardi le premier ministre François Legault.

Il réagissait à la publication, lundi, du portrait des finances d’un Québec souverain préparé par le Parti québécois (PQ), un document qui suggère que l’option de l’indépendance est viable sur le plan économique.

Le document table notamment sur 8 milliards $ d’économies à réaliser en éliminant les dédoublements et chevauchements du fédéral qui empiète sur les compétences du Québec. 

Cela veut dire «8,8 milliards $ de compressions» et le chef péquiste doit les expliquer aux Québécois, a opiné le chef caquiste en mêlée de presse mardi au parlement.

«Le Parti québécois juge que les sacrifices financiers en vaudraient la peine, pour protéger notre identité, pour d’autres raisons que des raisons financières», a-t-il précisé à la période de questions, en ajoutant que lui ne retomberait pas dans ce débat vieux de 50 ans. 

Pour «la grande, grande, grande majorité des Québécois», un référendum sur la souveraineté n’est pas une priorité, a-t-il conclu.

Or les prochaines élections porteront sur la tenue d’un référendum sur l’indépendance, a plaidé le PQ.

En mêlée de presse au parlement, interrogé à savoir si l’indépendance et le référendum pourraient être la question de l’urne au scrutin de 2023, le nouveau député péquiste de Jean-Talon, Pascal Paradis, a répondu: «c’est notre plan de match».

Le Parti libéral du Québec (PLQ), qui se targue d’être le seul défenseur du fédéralisme à l’Assemblée nationale, a tiré des conclusions de cet aveu.  

«Au moins l’élection générale (de 2026) aura été claire: un vote pour le PQ, c’est un vote sur un référendum sur la séparation», a martelé en riposte le chef intérimaire du Parti libéral (PLQ), Marc Tanguay.

Selon François Legault, le PLQ ne veut que profiter de ce débat pour tenter de ressusciter dans l’opinion publique, alors qu’il est au plus bas dans les sondages.    

«Ces deux partis-là (PQ et PLQ) rêvent de ramener cette chicane-là parce que, depuis que la CAQ a mis ça de côté, ils sont un peu effacés. J’écoutais le chef de l’opposition officielle (Marc Tanguay) ce matin, il avait l’air en jouissance totale de revenir sur ce vieux débat.»

M. Tanguay a laissé entendre qu’il ne faisait pas confiance à M. Legault pour défendre l’option fédéraliste, en l’accusant d’être un «crypto séparatiste» parce qu’il a déjà été ministre péquiste.

Il a rappelé que M. Legault était autrefois un «indépendantiste pressé» et qu’il avait lui-même présenté un portrait des finances d’un Québec souverain en 2005.

«François Legault, en capitaine Canada, peut aller accrocher ses collants parce qu’il n’est aucunement crédible», a ironisé le chef libéral. 

Rappelons que le portrait des finances d’un Québec souverain, un document de 84 pages publié lundi, conclut qu’un État indépendant s’en tirerait plutôt bien sur le plan économique et financier.   

Il perdrait plus de 9 milliards $ en péréquation, mais économiserait plus de 8 milliards $ en mettant fin aux dédoublements et chevauchements des pouvoirs du fédéral. 

Sur un horizon budgétaire de sept ans, de 2021 à 2028, l’analyse du PQ suggère un déficit cumulatif de 55,9 milliards $ pour un Québec séparé, par rapport à 67,9 milliards $ si le Québec reste une province et qu’on lui attribue sa part du déficit fédéral anticipé: donc 12 milliards $ d’économies.

Un Québec indépendant hériterait de sa part de la dette fédérale, estimée à 185 milliards $. Ce montant, additionné à la dette actuelle du Québec, estimée à 212,2 milliards $, totaliserait une dette brute de 397 milliards $.