Québec se penche sur les permis «fermés» des travailleurs étrangers temporaires

Québec est à la recherche de pistes de solutions afin d’améliorer les conditions des travailleurs étrangers temporaires.

Mardi, le gouvernement Legault a chargé la Commission des partenaires du marché du travail (CPMT) d’évaluer l’impact du permis de travail dit «fermé» sur le marché du travail québécois et sur les travailleurs. 

Ce type de permis de travail est depuis longtemps décrié, car il fait en sorte que le travailleur étranger temporaire est lié à un seul employeur. Au cours des derniers mois, plusieurs cas d’abus ont été rapportés dans les médias.

Cependant, depuis 2019, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada peut accorder un permis de travail ouvert pour les travailleurs vulnérables (maltraités, victimes de violence ou à risque de subir de la violence).

La ministre québécoise de l’Immigration, Christine Fréchette, réclame une analyse «approfondie» des moyens à mettre en place pour offrir plus de flexibilité d’emploi aux immigrants temporaires. 

«J’ai été très touchée par les témoignages, a affirmé Mme Fréchette dans une déclaration écrite, mardi. Nous croyons que la CPMT est la bonne instance pour effectuer cette analyse approfondie et trouver des opportunités d’amélioration.»

Il y a deux semaines, Québec solidaire (QS) avait plutôt demandé à ce que l’enjeu soit étudié à la Commission des relations avec les citoyens. Le parti souhaitait que les députés, avec les experts, puissent trouver rapidement des solutions.

Il citait Tomoya Obokata, rapporteur spécial des Nations unies, selon qui le programme des travailleurs étrangers temporaires est un terrain propice à l’esclavage contemporain.

M. Obokata recommandait de mettre fin au système fermé des permis de travail.

Le 13 septembre dernier, à l’Assemblée nationale, Mme Fréchette a évoqué des options de rechange au permis fermé, comme un permis de travail régional ou encore sectoriel.

«Nous saluons la position de la ministre, qui vraisemblablement constate que le statu quo n’est plus possible», a réagi mardi le porte-parole de QS en immigration, Guillaume Cliche-Rivard.

«On a entendu trop d’histoires d’horreur sur les permis de travail fermés dans les derniers mois, en plus du rapport troublant de l’ONU qui fait état de conditions propices à l’esclavage moderne. 

«Il faut cependant que la ministre de l’Immigration prenne ses responsabilités et tienne elle aussi des consultations sur le sujet, comme je l’ai demandé dernièrement», a-t-il ajouté.

La CPMT est composée d’employeurs, de syndicats, d’acteurs du milieu de l’enseignement, d’organismes spécialisés en employabilité, et de ministères et organismes à vocation économique et sociale. 

Le gouvernement estime qu’elle est un «forum privilégié» pour dégager un consensus sur des voies d’améliorations, tout en tenant compte du partage de responsabilités entre les gouvernements du Québec et du Canada.