Selon Pablo Rodriguez, Pierre Poilievre aurait dû retirer ses propos arrogants

MONTRÉAL — Pablo Rodriguez estime que le chef conservateur Pierre Poilievre aurait dû se rétracter après les propos désobligeants qu’il a tenus à l’endroit des politiciens québécois, mercredi, en faisant référence aux dépassements de coûts.

À la veille du congrès conservateur qui s’ouvre ce jeudi à Québec, M. Poilievre a affirmé que sous sa gouverne, le gouvernement fédéral ne paierait pour aucun dépassement de coût «pour les projets mal gérés par des politiciens incompétents». Il était alors interrogé sur les dépassements de coûts prévus pour le projet de tramway à Québec, dépassements dont le gouvernement Trudeau a déjà accepté d’assumer sa part.

À l’issue du caucus des députés libéraux fédéraux du Québec, jeudi à Montebello en Outaouais, Pablo Rodriguez n’a pas mâché ses mots à l’endroit de Pierre Poilievre. «J’ai trouvé ça un peu arrogant de sa part de dire que nous, les Québécois, on n’est pas capables de réaliser des grands projets et qu’on a une gang de pas bons comme politiciens.»

«À sa place, je me serais rétracté»

«Moi, à sa place, je me serais rétracté là-dessus», a ajouté le lieutenant québécois de Justin Trudeau, lors d’un entretien téléphonique avec La Presse Canadienne.

M. Rodriguez, qui est aussi ministre des Transports, a fait l’éloge «des hommes et des femmes extraordinaires à différents paliers de gouvernement» qui réalisent «de grands projets au Québec» et a reproché au chef conservateur sa méconnaissance de la réalité, rappelant que les augmentations de coûts sont «une réalité que l’on voit partout, que ce soit chez nous, au Québec, au Canada, aux États-Unis ou partout dans le monde. On doit y faire face.»

«La solution Poilievre, c’est soit on annule les projets, soit on impute la facture aux villes ou à Québec. M. Poilievre dit que s’il y a une augmentation des coûts au niveau de la construction de logements, on va annuler les projets, on va punir les villes. Ça ne marche pas comme ça. Le fédéral n’intervient pas directement. C’est mal connaître comment fonctionnent les choses», a-t-il fait valoir.

Sortir le Bloc de l’équation

Les députés libéraux du Québec ont discuté d’enjeux tels que la lutte aux changements climatiques, le besoin de logements et la prolifération des armes à feu. Devant la montée des conservateurs dans les sondages, toutefois, les 35 députés libéraux du Québec voient désormais un deuxième adversaire venir les menacer en terre québécoise où leur principal souci, jusqu’ici, était le Bloc québécois, qui compte 32 sièges contre seulement neuf pour les conservateurs.

Les propos de Pablo Rodriguez en entrevue laissent d’ailleurs entrevoir que les libéraux chercheront à convaincre les Québécois de voter stratégiquement pour bloquer les conservateurs en créant un rempart libéral plutôt que bloquiste.

«Je veux bien que le Bloc soit là, mais en bout de ligne, il va falloir que les Québécois décident qui ils veulent pour diriger le Canada. On est plus ambitieux que de simplement choisir l’opposition. On a le droit nous aussi de choisir qui sera le prochain gouvernement du Canada et à ce moment-là, ce sera entre l’équipe de Poilievre et l’équipe libérale», a-t-il avancé.