Souveraineté: Legault met au défi PSPP: combien de Québécois perdraient leur emploi?

QUÉBEC — Le chef caquiste François Legault a évoqué jeudi le spectre de pertes d’emplois advenant que le Parti québécois (PQ) réalise la souveraineté. 

Il a brandi cette menace durant la période de questions, alors qu’il était interpellé par le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon. Notons que depuis la défaite de la CAQ dans l’élection complémentaire de Jean-Talon aux mains du PQ, le ton a clairement monté entre les deux formations nationalistes concurrentes.

Le leader indépendantiste doit présenter lundi un portrait des finances d’un Québec souverain et selon les chiffres qui circulent déjà, il prévoit faire des économies de 8 milliards $ en raison de la fin des dédoublements et chevauchements avec le fédéral. 

«Selon lui, le fédéral dépense trop et lui, dans un Québec souverain, il couperait 8 milliards $ dans les dépenses qui sont faites actuellement par le gouvernement fédéral», a riposté M. Legault en Chambre.  

«Est-ce qu’il pourrait, en même temps, lundi, dire aux Québécois combien de Québécois perdraient leur emploi avec les compressions de 8 milliards?» a-t-il demandé, reprenant ainsi une rhétorique à laquelle ont souvent eu recours les chefs libéraux avant lui pour défendre le fédéralisme.

Qui plus, le chef caquiste martèle constamment que le Québec est bénéficiaire de 13 milliards $ de versements de péréquation par an du fédéral. Au net, fait remarquer son rival péquiste, le Québec touche plutôt 9,6 milliards $, puisqu’il contribue lui-même à la péréquation.   

«Le chef du Parti québécois vient d’avouer, devant tout le monde, qu’au net, le Québec reçoit 9,6 milliards $ de plus que ce qu’on envoie à Ottawa», a ironisé M. Legault.

Un «mauvais deal» 

L’indépendance, «ce serait un très mauvais « deal » pour les Québécoises et Québécois, financièrement», a insisté le chef libéral intérimaire Marc Tanguay, en mêlée de presse.

Ses prédécesseurs Jean Charest et Philippe Couillard estimaient qu’un Québec souverain serait viable sur le plan économique, mais mercredi, le député libéral Monsef Derraji avait même exprimé son scepticisme sur la viabilité d’un État indépendant. 

M. St-Pierre Plamondon a questionné M. Legault jeudi sur les dépenses fédérales qui ont explosé au cours des dernières années. 

En huit ans, la dette fédérale a doublé, passant de 628 milliards $ à 1220 milliards $, et la taille de la fonction publique fédérale a augmenté de 40 %, a-t-il déploré, en demandant au chef caquiste s’il était d’accord avec les choix d’Ottawa. 

«Le premier ministre a bâti sa carrière en disant qu’il fallait mettre fin au gaspillage et qu’il allait faire le ménage: est-ce qu’il trouve que doubler la dette fédérale et augmenter de 40 % la taille de l’État fédéral en huit ans, c’est bien gérer les impôts des Québécois? Est-ce qu’il pense que c’est aux Québécois de payer pour le gaspillage du fédéral?»

Le chef caquiste, qui a été lui-même autrefois souverainiste, a fait valoir que les débats sur un éventuel Québec indépendant et un référendum n’intéressent plus personne. 

«La grande, grande, grande majorité des Québécois, ils n’en veulent pas, de référendum sur la souveraineté. Il peut bien essayer de tirer sur la fleur pour qu’elle pousse plus vite.»

«Piastre à Plamondon»

«Ça démontre un parti qui est déconnecté», a lancé Marc Tanguay en parlant du PQ. 

Il a attaqué le chef péquiste qui, appelé cette semaine à commenter sa conception d’un Québec indépendant, avait plaidé pour qu’un Québec indépendant batte sa propre monnaie afin de mieux contrôler sa politique monétaire.

«Plutôt que de parler de la piastre à Plamondon, on devrait parler du dollar canadien qu’il y a de moins en moins dans les poches des Québécoises et Québécois», a fustigé M. Tanguay.

Une option cachée

Irrité, M. Legault a reproché au PQ d’avoir caché son option indépendantiste au cours de la campagne électorale de la complémentaire de Jean-Talon.

«Pourquoi le chef du Parti québécois n’en a pas parlé dans Jean-Talon? Pourquoi, quand il arrive les élections, il ne parle pas de souveraineté? Il en parle maintenant que c’est fini dans Jean-Talon.»

Lors de la complémentaire, M. St-Pierre Plamondon avait plutôt plaidé que l’élection complémentaire devait porter sur des enjeux locaux et sur le bilan de la CAQ. Il avait choisi de reporter la publication de son document sur les finances d’un Québec souverain après le vote du 2 octobre dans Jean-Talon.