Tamara Lich est devenue le symbole du convoi des camionneurs

OTTAWA — Le procès de Tamara Lich doit s’amorcer mardi devant un tribunal d’Ottawa. Elle doit faire face à des accusations liées à son rôle dans le convoi des camionneurs qui a occupé la capitale nationale en février 2022.

Si Lich est devenu une égérie pour nombre de partisans d’une certaine droite, elle a aussi été la tête d’affiche d’un mouvement que plusieurs souhaitent aujourd’hui laisser dans les oubliettes de l’histoire.

Tout comme Chris Barber, un autre organisateur du convoi qui subira lui aussi son procès en même temps, elle est accusée de méfait, d’entrave à la police, d’avoir conseillé à d’autres personnes de commettre des méfaits et d’intimidation.

L’avocate de Lich a déclaré que sa cliente ne doit pas être jugée en fonction du mouvement de protestation, mais pour plusieurs, il est difficile de séparer les manifestations de leur principale porte-parole.

Au cours de l’été, Lich s’est rendue dans plusieurs villes canadiennes et même américaines pour faire la promotion d’un livre dans lequel elle relate son expérience. Elle a accordé une entrevue de deux heures au balado très suivi du commentateur de droite Jordan Peterson.

Elle s’y montre peu compatissante envers les résidants d’Ottawa qui ont dû composer avec le désordre et le bruit causé par les manifestants pendant de longues journées. Elle raconte comment leurs plaintes la contrarient. Selon Lich, «un certain degré de perturbation» était nécessaire. Elle croit aussi que les manifestants n’ont pas reçu le mérite de ne pas avoir fait preuve de trop de violence.

«Si on avait voulu s’emparer d’Ottawa et renverser le gouvernement, on l’aurait fait», déclare-t-elle.

Amazon place «Hold the Line», le livre de Lich, en tête de son palmarès dans la catégorie «Histoire canadienne».

Pour ses admirateurs, Lich est une fière Canadienne, la lionne derrière le convoi des camionneurs et la cible d’un système judiciaire qui ne parviendra pas à la faire taire. Pour eux, elle a été, au cours de ses 49 jours d’incarcération, une «prisonnière politique». C’est un titre qu’elle porte comme une médaille.

Bethan Nodwell, qui a participé aux manifestations, dit que l’entrevue de Lich au balado de Jordan Peterson n’a fait que conforter sa légitimité à titre de figure publique. Selon elle, l’accusée est devenue une égérie du prétendu «mouvement de la liberté» ou «mouvement patriotique».

«Elle est devenue une figure chérie du mouvement de la liberté, souligne Mme Nordwell. Elle nous représente bien. Elle ne perd pas son calme. Elle ne perd pas sa contenance.»

L’avocat Keith Wilson, qui a servi de conseiller pour plusieurs organisateurs, dit avoir connu Lich par l’entremise des vidéos qu’elle a enregistrées avant d’arriver à Ottawa. Il constatait déjà son grand charisme.

«Si on la regarde, on peut voir qu’elle écoute très attentivement ce qu’on lui dit, a-t-il raconté à La Presse Canadienne. Elle est une personne très compatissante qui laisse les gens être à l’aise, même lorsqu’ils sont vulnérables.»

Kathy Morrison, une autre admiratrice, a été surprise de recevoir une longue lettre de Lich après qu’elle lui eut écrit. Elle n’a pas hésité à aller la rencontrer lorsque son héroïne est venue promouvoir son livre là où elle habite, à Campbell River, en Colombie-Britannique.

«Elle m’a donné de l’espoir, se souvient Mme Morrison. Je n’étais pas vaccinée. Elle était la lumière éclairant une période très noire.»