Trudeau devrait quitter l’Inde mardi, à la suite d’ennuis à l’avion gouvernemental

NEW DELHI — Les Forces armées canadiennes ont dépêché un avion dimanche soir en Inde pour récupérer le premier ministre Justin Trudeau, qui est coincé à New Delhi après que l’avion à bord duquel il était arrivé a été cloué au sol en raison d’un problème technique.

Le cabinet du premier ministre a déclaré lundi que la délégation canadienne espérait maintenant quitter New Delhi au plus tôt mardi après-midi, heure locale. Le secrétaire de presse de M. Trudeau, Mohammad Hussain, a toutefois admis que la situation demeurait fluide.

Un autre avion «CC-150 Polaris» a quitté la base de Trenton, en Ontario, dimanche soir, pour se rendre en Inde afin d’y récupérer le premier ministre et le reste de la délégation canadienne. Cet appareil et un autre avion, un CC-144 Challenger, se trouvaient à Londres lundi.

De hautes sources gouvernementales ont confirmé qu’un technicien était en route vers New Delhi avec la pièce nécessaire pour résoudre le problème mécanique sur l’avion qui devait être utilisé par M. Trudeau: si le technicien n’est pas en mesure de résoudre le problème, l’Airbus de remplacement ramènera la délégation au Canada. Ces sources ont bénéficié de l’anonymat, car elles n’étaient pas autorisées à parler publiquement de la situation.

«Le problème concerne une composante qui devra être remplacée», a expliqué Daniel Le Bouthillier, responsable des relations avec les médias au ministère de la Défense nationale. 

Il a précisé que le problème avait été découvert lors d’une vérification avant le vol de retour, dimanche. «La découverte de ce problème prouve que ces protocoles sont efficaces», a-t-il soutenu.

La flotte de «CC-150 Polaris», comme l’Aviation royale canadienne appelle ces Airbus, comprend les appareils utilisés pour transporter le premier ministre, la gouverneure générale et d’autres hauts fonctionnaires et responsables. Cette flotte est utilisée depuis le début des années 1990.

Il n’y a pas de réseau Wi-Fi dans l’avion gouvernemental et des cordons d’alimentation électrique longent les allées pour permettre aux passagers de recharger leurs téléphones et autres appareils électroniques — qui n’existaient même pas au moment de la construction de l’appareil. Il y a une petite cabine privée à l’avant de l’avion pour le premier ministre ou la gouverneure générale, mais le reste du Polaris est configuré davantage comme un avion commercial classique.

Cet Airbus n’est pas très économe en carburant et offre une autonomie très limitée; lors de la plupart des voyages à l’étranger, l’appareil doit effectuer plusieurs escales pour faire le plein.

Le confinement qui avait barricadé tout le secteur de New Delhi autour du site du sommet du G20 et fermé les commerces dans le quartier a pris fin à minuit, dimanche, après la fin du sommet.

La délégation canadienne était déjà à l’aéroport, attendant d’embarquer, lorsqu’elle a été prévenue du problème. M. Trudeau et son fils Xavier, qui l’accompagnait dans ce voyage officiel, n’étaient pas encore arrivés à l’aérogare.

Alors que décollaient les avions transportant des délégations de Corée du Sud et de Russie, les membres de la délégation canadienne ont été invités à retourner à l’hôtel. M. Trudeau y était déjà, tenant encore des rencontres privées à l’issue du sommet.

Lundi, en milieu de matinée, le cabinet du premier ministre n’avait pas encore publié d’itinéraire officiel pour cette page blanche inattendue dans l’agenda de M. Trudeau. On n’a pas non plus précisé si le chef libéral serait en mesure de participer comme prévu à la retraite de trois jours du caucus, qui doit débuter mardi à London, en Ontario. Le cabinet avait signalé que M. Trudeau souhaitait y assister dès son retour de New Delhi.

De nouveaux appareils commandés

En juillet dernier, Anita Anand, qui était alors ministre de la Défense nationale, a annoncé que le gouvernement fédéral avait acheté neuf nouveaux avions Airbus pour remplacer la flotte vieillissante de CC-150 Polaris, qui approche de la fin de sa durée de vie utile.

Désignée «CC-330 Husky», la flotte d’avions neufs et usagés comprendra un avion destiné au transport de hauts responsables, notamment le premier ministre. L’un de ces avions a déjà été livré à Ottawa le mois dernier, mais il n’est pas encore prêt à être utilisé.

Lorsque M. Trudeau a décollé d’Ottawa le 3 septembre pour visiter la région Indo-Pacifique, avec des escales à Jakarta et à Singapour avant d’arriver à New Delhi, ce nouvel avion était garé sur le tarmac de l’aéroport international d’Ottawa.

M. Le Bouthillier a expliqué que l’équipage aura besoin d’une formation ainsi que de davantage d’essais en vol avant que cet avion puisse être utilisé.

À New Delhi, en fin de semaine, M. Trudeau et son homologue indien, Narendra Modi, se sont rencontrés pendant une quinzaine de minutes dans une salle privée, en marge du sommet du G20. M. Trudeau a déclaré que les sujets de l’ingérence étrangère et du mouvement séparatiste du «Khalistan» ont tous deux été abordés.

La conseillère à la sécurité nationale de M. Trudeau, Jody Thomas, avait soutenu plus tôt cette année que l’Inde était l’une des principales sources d’ingérence étrangère au Canada.

New Delhi a déjà fait valoir que des éléments au Canada étaient à l’origine d’une ingérence dans les affaires intérieures de l’Inde, notamment en relation avec le mouvement séparatiste du «Khalistan», qui milite pour qu’une partie de l’État indien du Pendjab devienne un pays indépendant.

New Delhi estime que ce mouvement sécessionniste met en danger la sécurité nationale de l’Inde et accuse depuis longtemps le Canada d’héberger des «extrémistes». Le gouvernement canadien a maintenu que la liberté d’expression signifie que les groupes peuvent exprimer leurs opinions politiques à condition qu’elles ne soient pas violentes.