Un député libéral s’excuse pour un lien entre Poilievre et la fusillade à Winnipeg

OTTAWA — Un député fédéral libéral de la région de Vancouver s’est excusé mardi sur les réseaux sociaux pour avoir laissé entrevoir un possible lien entre des propos du chef conservateur Pierre Poilievre et la fusillade meurtrière qui s’est produite cette fin de semaine au Manitoba.

Dans une publication écrite lundi, le député Ken Hardie, qui représente la circonscription fédérale de Fleetwood—Port Kells, a souligné que la fusillade qui a fait quatre morts à Winnipeg dimanche matin était «plus que troublante».

Il s’est aussi demandé si cet événement pouvait être relié à l’attitude «tout repartir de zéro» («burn everything down») qui sévit aux États-Unis.

Sur le réseau X, M. Hardie a ensuite fait référence à la progression de cette manière de penser au Canada, la liant directement au chef conservateur.

Lors d’un échange mardi matin avec La Presse Canadienne, le député a réitéré qu’il ne regrettait pas ce qu’il a écrit et assuré qu’il n’avait pas l’intention de s’excuser, mais il a reconnu qu’il aurait pu utiliser un autre exemple pour faire valoir le même point.

Cependant, quelques heures plus tard, son discours a changé après une rencontre qu’il a eue avec la leader du gouvernement à la Chambre des communes, Karina Gould.

Après cette conversation, M. Hardie a avoué que son message était inapproprié, clarifiant qu’il n’y avait aucun lien entre M. Poilievre et les meurtres survenus à Winnipeg.

«Il n’y a aucun lien. Aucun du tout. Et donc, à cet égard, le publier de cette façon était tout à fait inapproprié de ma part», a-t-il reconnu lors d’un autre échange avec La Presse Canadienne.

«Je ne savais pas que mon message serait compris de cette façon. Mais vous savez, ce sont des choses qui arrivent avec certaines personnes. Alors oui, je m’en excuse.»

Même s’il a présenté ses excuses mardi après-midi, le député n’a pas supprimé le message initial.

«C’est absolument inapproprié et ce n’est pas quelque chose que quiconque devrait suggérer, peu importe dans quel parti», avait mentionné Mme Gould lors d’une mêlée de presse mardi matin, avant sa rencontre avec son collègue libéral.

Des propos critiqués

L’enquête policière sur la fusillade qui s’est produite au petit matin dimanche au centre-ville de Winnipeg en est toujours à ses débuts. Pour l’instant, aucune arrestation n’a été effectuée et les forces de l’ordre sont toujours à la recherche de suspects.

La police ne connaît pas encore le mobile de ces crimes, a-t-elle indiqué.

Avec sa publication, M. Hardie voulait surtout dénoncer l’attitude du Parti conservateur, qui, selon lui, crée un environnement dans lequel les gens se sentent désespérés, a-t-il soutenu.

Le porte-parole de M. Poilievre, Sebastian Skamski, a répliqué dans une déclaration écrite que les députés libéraux cherchent désespérément à faire des «affirmations dégoûtantes et farfelues» pour détourner l’attention du «bilan désastreux» du gouvernement.

Il a qualifié l’approche libérale de «politique de caniveau», affirmant que «des commentaires dérangés comme ceux-ci ne sont pas des exceptions, mais plutôt l’ensemble du plan de match du (premier ministre) Justin Trudeau».

C’est la deuxième fois en deux mois que M. Hardie s’excuse en raison de ses propos sur les réseaux sociaux.

La cheffe adjointe conservatrice, Melissa Lantsman, avait qualifié M. Hardie de «déséquilibré» dans son propre message sur les réseaux sociaux lundi, rappelant au passage un autre message publié le mois dernier par le député libéral dans lequel il affirmait que le propagandiste nazi Josef Goebbels serait fier des députés conservateurs.

M. Hardie a supprimé ce message et a présenté des excuses à la Chambre des communes.