Un député transgenre du Manitoba veut «amplifier les voix» généralement pas entendues

WINNIPEG — Logan Oxenham célèbre plusieurs premières ce mois-ci. Il a notamment été élu pour la première fois à l’Assemblée législative du Manitoba avec les néo-démocrates lors des élections du 3 octobre.

La victoire de l’homme de 46 ans a également été qualifiée d’historique, car il est considéré comme la première personne ouvertement transgenre élue au niveau provincial au Manitoba, et peut-être au Canada.

Il vient également de prendre ses mesures pour son premier costume ajusté.

«Je me sens honoré», a déclaré M. Oxenham dans une récente entrevue à propos de sa victoire électorale.

«Je sens que j’ai maintenant l’opportunité de vraiment amplifier les voix qui n’ont traditionnellement pas été entendues dans des lieux tels que le bâtiment législatif.»

Les personnes transgenres et de diverses identités de genre sont depuis longtemps sous-représentées dans les fonctions politiques à tous les niveaux du gouvernement.

Jamie Lee Hamilton a été la première personne transgenre à briguer une fonction publique au Canada, lorsqu’elle s’est présentée sans succès au conseil municipal de Vancouver en 1996.

Depuis lors, un petit groupe d’hommes et de femmes transgenres et d’individus non binaires ont inscrit leur nom sur les bulletins de vote. Un nombre encore plus restreint a été élu.

Julie Lemieux, une femme transgenre, est devenue la première personne ouvertement transgenre élue mairesse au Canada en 2017, lorsqu’elle est devenue la leader du petit village de Très-Saint-Rédempteur, au Québec.

Les défenseurs des droits LGBTQ+ affirment que même si les gouvernements ont été poussés à être plus représentatifs des communautés qu’ils servent, les politiques et le discours préjudiciables et discriminatoires ont rendu plus difficile, et dans certains cas dangereux, l’accès des personnes transgenres à un plus grand nombre de rôles publics.

«Il faut énormément de courage et de résilience pour devoir affronter ce barrage de haine et se rendre si publiquement vulnérable pour simplement se présenter à un poste politique», a déclaré Kristopher Wells, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la compréhension par le public des jeunes faisant partie de minorités de genre et d’orientation sexuelle.

«Dans de nombreux cas, il faut tendre l’autre joue et essayer de persévérer et de s’élever au-dessus d’une grande partie de ces préjugés et de cette discrimination flagrants.»

Les gouvernements du Nouveau-Brunswick et de la Saskatchewan ont récemment décidé d’exiger que les enfants de moins de 16 ans obtiennent le consentement de leurs parents pour changer de prénom ou de pronom à l’école.

Ils ont affirmé qu’ils défendaient les droits des parents, tandis que les critiques soutiennent que ces politiques bafouent les droits des jeunes vulnérables. Plusieurs rassemblements ont eu lieu à travers le pays avec des manifestants des deux côtés.

M. Oxenham a dit qu’il était angoissant de voir des jeunes être ciblés pour ce qu’ils sont.

«Les jeunes trans sont des gens tellement brillants et résilients qui se lèvent chaque matin pour aller à l’école et essayer de vivre dans cette société qui leur dit qu’ils ne peuvent pas ou qu’ils ne devraient pas exister.»

Meilleure visibilité pour briser les stéréotypes 

M. Oxenham s’est présenté pour la première fois à l’élection partielle de 2022 dans la circonscription de Kirkfield Park à Winnipeg. Il a perdu contre le progressiste-conservateur Kevin Klein.

Il attribue sa victoire cette fois-ci à des mois de travail acharné et au porte-à-porte qu’il a fait à des milliers d’adresses, ajoutant que les résidents avec lesquels il s’est entretenu ont exprimé leur dégoût face au ton de la campagne progressiste-conservatrice.

Les conservateurs ont fait campagne en faveur de «droits parentaux» plus forts dans les écoles, mais n’ont pas précisé ce que cela signifiait.

M. Oxenham a déclaré qu’il était prêt à défendre les jeunes transgenres en tant que député.

«Leurs voix sont les moins entendues en cette période de politiques régressives, mais nous devrions vraiment écouter les jeunes pour obtenir des conseils sur ces questions», a-t-il souligné. 

La directrice exécutive de l’organisation nationale LGBTQ+ Egale Canada, Helen Kennedy, a fait valoir qu’il est important d’avoir des personnes transgenres et de diverses identités de genre dans les sphères politiques, car cela brise les stéréotypes qui mènent à la discrimination.

«C’est très important pour la conversation qu’ils peuvent avoir autour de la table en termes d’élaboration de politiques et de questions liées aux soins de santé et à l’éducation, a-t-elle déclaré. Ces expériences vécues sont inestimables.»

Mme Kennedy a trouvé que c’était passionnant de voir des personnes LGBTQ+ proposer leur nom dans la politique manitobaine.

Uzoma Asagwara, qui s’identifie comme une personne non binaire, a remporté un second mandat avec le NPD. Les candidats transgenres Shandi Strong et Trevor Kirczenow, des libéraux, n’ont pas remporté leur élection.

Mme Strong connaît M. Oxenham depuis de nombreuses années. Elle a dit qu’elle espérait qu’il serait capable de faire une différence dans son nouveau poste.

«Nos voix doivent continuer à être entendues pour corriger les campagnes de désinformation et nous ramener sur la voie du progrès», a-t-elle déclaré dans un courriel. 

Avant d’être élu, M. Oxenham a passé 12 ans comme agent correctionnel pour mineurs et conseiller auprès des jeunes.

M. Oxenham a déclaré qu’il souhaitait utiliser ses connaissances directes du travail dans le domaine de la justice et de la navigation dans le système de santé en tant qu’homme transgenre pour apporter des changements à ces systèmes.

Mateo Llanillos espère que la victoire de M. Oxenham y parviendra.

Lors de sa transition il y a environ 15 ans, Mateo Llanillos a raconté s’être renseigné sur les soins de santé par le bouche-à-oreille.

«Oui, Logan est trans, mais il a également une idée de ce à quoi ressemblent les soins de santé. Pas seulement d’un point de vue trans, mais en tant que personne.»

Mateo Llanillos espère que les personnes transgenres qui envisagent de se présenter aux élections prendront note de la réussite de M. Oxenham et sauront qu’il y a également une place pour elles à la table des négociations.

«Parfois, nous devons avoir des pionniers comme Logan pour franchir la porte.»