Un dindon sauvage s’introduit dans un CHSLD de Beauceville; aucun blessé rapporté

MONTRÉAL — Un dindon sauvage s’introduit dans un CHSLD

Un dindon sauvage s’introduit dans un CHSLD de Beauceville; aucun blessé rapporté

Un dindon sauvage s’est introduit dans un CHSLD de la Beauce, au sud de Québec, la fin de semaine dernière, en fracassant une fenêtre du troisième étage.

Selon les autorités de santé de la région, l’animal est entré dans un bureau vide de l’établissement de Beauceville, vers 6 h 30, samedi, mais n’a blessé personne.

Des membres du personnel du centre de soins de longue durée de Beauceville, qui ont réagi rapidement, ont fermé la porte du bureau pour enfermer l’animal à l’intérieur.

Les autorités de santé de la région de Chaudière-Appalaches affirment que quelques minutes plus tard, le volatile est sorti par la fenêtre qu’il avait brisée.

Une vidéo circulant sur les réseaux sociaux montre le dindon s’agitant dans le bureau et faisant tomber des papiers par terre.

«L’oiseau a repris ses esprits quelques minutes plus tard et il est reparti comme il était entré, ont indiqué les autorités de santé de la région de Chaudière-Appalaches. Heureusement, il n’y a eu aucun impact pour les résidents.»

Il est surprenant qu’un dindon puisse voler à travers une fenêtre aussi haute, a souligné Tadeusz Splawinski, biologiste à la Fédération canadienne du dindon sauvage, un groupe de conservation fondé par des chasseurs.

«Cela pourrait simplement être dû à une malchance aléatoire, les oiseaux volent parfois dans les fenêtres, a-t-il dit. Les dindes mâles sont connues pour attaquer les fenêtres, les miroirs et autres surfaces réfléchissantes pendant la saison des amours au printemps, car elles confondent leur reflet avec celui d’un concurrent.»

«Les mâles sont très dépendants des hormones pendant la saison des amours, ils recherchent des femelles, mais ils sont également en compétition avec d’autres mâles», a ajouté M. Splawinski.

Les ornithologues sont divisés sur la question de savoir si les dindons sauvages ont déjà vécu au Québec avant le début du 20e siècle, lorsque ces animaux ont disparu du Canada en raison de la chasse excessive et de la perte de leur habitat. Mais en 1976, le premier dindon sauvage a été aperçu au Québec, et depuis, leur nombre n’a cessé de croître.

Entre 2003 et 2013, le ministère des Ressources naturelles du Québec en a relâché 600 dans la province; leur nombre a encore augmenté en raison des migrations de dindes en provenance des États-Unis et de l’Ontario, selon M. Splawinski.

«Quand j’étais enfant, dans les Laurentides, on ne voyait pas de dindes. En 2012, on a commencé à en voir quelques-unes et, depuis 10 ans, la population a explosé», a-t-il observé, spécifiant qu’avec des hivers plus doux, les dindes se multiplient plus au nord.

Il a ajouté qu’elles vivent bien dans les environnements forestiers, mais qu’elles peuvent également se déplacer dans les zones agricoles – où elles trouvent de la nourriture dans les fermes – s’il y a des arbres sur lesquels se percher.

Les populations croissantes conduisent également les dindes vers les zones urbaines, comme Montréal, où elles bénéficient du manque de prédateurs et de chasseurs. «Elles commenceront à se rassembler sur les terrains de golf, le long des voies ferrées et dans les parcs urbains», a avancé M. Splawinski. 

Selon cet expert, les mâles harcèlent souvent les gens au printemps et ils peuvent être dangereux pour les animaux domestiques et les enfants, car ils peuvent peser plus de 13 kilogrammes et avoir des éperons acérés à l’arrière des pattes et un bec pointu.

Un problème pour les agriculteurs

En février, un homme armé d’une fronde a tué un dindon qui terrorisait la ville de Louiseville, au Québec, à environ 167 kilomètres à l’ouest de Beauceville.

Le nombre croissant de dindes au Québec est devenu un problème pour les agriculteurs, a déclaré Stéphanie Levasseur, seconde vice-présidente de l’Union des producteurs agricoles.

En été, les dindes mangent les récoltes des champs et les fruits des vergers, comme les raisins et les pommes. En hiver, elles mangent les récoltes stockées dans les fermes, comme les bottes de foin et l’ensilage – un type d’aliment pour animaux. Et parce que les dindons sauvages brisent les emballages en plastique utilisés pour protéger leurs récoltes des éléments, elles endommagent plus qu’elles n’en mangent, a indiqué Mme Levasseur.

Les agriculteurs sont habitués à la menace que représentent des animaux comme les cerfs pour leurs cultures, mais avec l’augmentation du nombre de dindes, il est difficile d’adapter les mesures de contrôle assez rapidement, a fait remarquer Mme Levasseur.

L’Association des agriculteurs a demandé au gouvernement du Québec d’étendre la saison de chasse au dindon et d’augmenter le nombre d’oiseaux que chaque chasseur peut rapporter à la maison.

Sans la chasse, le grand nombre de dindes – et leur audace – conduirait à davantage de situations comme celles de Beauceville et de Louiseville, croit-elle.

«Plus elles seront nombreuses, plus elles se rapprocheront, c’est sûr. Ce sont des opportunistes, si elles savent qu’elles peuvent se nourrir plus facilement à proximité des humains, elles continueront de s’approcher de nous. Si nous ne pouvons pas les contrôler en chassant, nous ne pouvons pas faire grand-chose d’autre.»