Une étude démontre que les vagues de chaleur marine n’ont pas affecté les poissons

Les vagues de chaleur marines n’ont pas eu d’effet durable sur les populations de poissons le long des côtes atlantique et pacifique du Canada, selon une étude montrant qu’il est encore possible d’agir contre les changements climatiques.

L’étude publiée le 30 août dans la revue «Nature» a examiné des données de 1993 à 2019, qui comprenaient 248 vagues de chaleur marines décrites comme des périodes prolongées de températures océaniques chaudes.

«On s’attend à ce que chaque fois qu’il y a des vagues de chaleur, les stocks de poissons soient affectés, et que plus les vagues de chaleur sont importantes, plus les impacts sont importants. Mais ce que nous constatons, c’est que l’impact n’est pas cohérent», a expliqué William Cheung, professeur à l’Institut des océans et des pêches de l’Université de la Colombie-Britannique et co-auteur de l’étude.

«Ce que cela suggère, c’est que la relation entre les vagues de chaleur et les stocks de poissons peut être plus compliquée», a-t-il ajouté.

L’étude a examiné 82 322 échantillons de données sur les vagues de chaleur provenant d’études scientifiques à long terme sur les écosystèmes marins d’Amérique du Nord et d’Europe, s’étendant des régions subtropicales jusqu’à l’Arctique. Les auteurs ont défini une vague de chaleur marine comme une période de cinq jours ou plus avec des températures extrêmement supérieures à la moyenne.

Les données comprenaient des vagues de chaleur marines notables, telles que «le Blob», qui a recouvert le Pacifique Nord-Est de 2014 à 2016, et celle de 2012 dans l’Atlantique Nord-Ouest. Alors que le «Blob» a provoqué une perte de 22 % des poissons dans le golfe d’Alaska, la vague de chaleur marine de 2012 a entraîné une augmentation de 70 % du nombre de poissons dans l’Atlantique Nord-Ouest.

Les auteurs ont indiqué que de fortes baisses des populations de poissons «se produisaient occasionnellement après des vagues de chaleur marines, (mais) celles-ci constituaient l’exception et non la règle».

«Les vagues de chaleur marines n’ont pas entraîné de changement de biomasse ou de renouvellement des communautés de poissons qui soutiennent bon nombre des populations de poissons, les pêcheries les plus grandes et les plus productives du monde.»

M. Cheung a souligné que même si l’étude mesurait les vagues de chaleur à travers les changements de température, il existe d’autres facteurs qui affectent les poissons, tels que la disponibilité de nourriture, les niveaux d’oxygène et la salinité des océans.

«Il se peut que la relation entre la température et ces autres changements dans les conditions océaniques soit plus complexe», a-t-il mentionné.

D’autres impacts possibles à cause des changements climatiques

L’étude prévient qu’à mesure que les vagues de chaleur marines deviennent plus longues et plus intenses, les pêcheries pourraient éventuellement être affectées, car la vie marine est plus vulnérable au réchauffement que la vie terrestre.

Les organismes marins ont tendance à vivre près des limites de température que leur corps peut supporter, tandis que les océans, comparés aux terres, ont moins de «refuges thermiques», c’est-à-dire des zones où les températures sont plus fraîches que l’écosystème environnant.

«Alors qu’un avenir plus chaud de plus de 1,5 °C semble de plus en plus probable, il est plus essentiel que jamais de développer une compréhension plus approfondie de ce qui détermine les réponses écologiques aux événements climatiques extrêmes», indique l’étude.

Les vagues de chaleur marines ont également été liées au blanchissement généralisé des coraux et à la disparition des forêts de varech et des poissons de récif dans les mers côtières peu profondes, a déclaré M. Cheung. De plus, a-t-il ajouté, les scientifiques ont observé des poissons migrer vers des régions plus froides de l’océan à mesure que les températures augmentaient.

«Mais le fait est que toutes les espèces n’auront pas la même capacité à modifier leur répartition; certaines espèces peuvent être limitées par la géographie, a-t-il noté. Il existe également d’autres conditions environnementales qui peuvent empêcher les poissons de se déplacer vers des eaux encore plus profondes.»

Les scientifiques étudient attentivement les rares bonnes nouvelles concernant l’absence d’impact majeur provoqué par les vagues de chaleur marines. M. Cheung a toutefois soulevé que la vie marine pourrait être limitée dans sa capacité à absorber les coups constants des températures élevées.

«Cela met vraiment en évidence l’urgence de prendre des mesures pour le climat maintenant», a-t-il déclaré.