Une usine de production de matériaux de batteries sera implantée à Bécancour

BÉCANCOUR, Qc — Québec et le fédéral paieront pour plus de la moitié d’une nouvelle usine de cathodes qui approvisionnera Ford pour ses véhicules électriques.

L’usine de 1,2 milliard $ a été annoncée en grande pompe à Bécancour jeudi matin et les gouvernements du Québec et d’Ottawa accorderont 644 millions $ en financement sous diverses formes. 

Cette installation qui devrait ouvrir en 2026 est considérée comme «critique» par Ford, car elle fournira les cathodes des batteries de ses camionnettes F-150 Lightning et Mustang Mach-E.

Le premier ministre François Legault a assuré que les retombées dépasseront le financement public attribué par les gouvernements, mais ne s’est pas risqué à avancer des chiffres.

«Je n’ai pas l’intention de faire de cadeaux à aucune entreprise», a-t-il assuré.

«Il faut que ce soit donnant donnant. Si je donne 1 $, il faut que je ramasse plus que 1 $.»

Lui qui avait dénoncé le financement gouvernemental et la prise de participation dans la Série C de Bombardier quand il était dans l’opposition, il a refusé de dresser un parallèle, alors que les gouvernements ne détiennent aucune participation dans l’usine qu’ils financent à moitié.

Pour sa part le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a toutefois laissé entendre que les gouvernements récupéreront leurs billes en retombées diverses en moins de 10 ans. 

Québec avance 322 millions $ des 644 millions $, et 194 millions $ des 322 millions $ sont des sommes qui n’auront pas à être remboursées par l’entreprise. Il s’agit essentiellement de crédits d’impôt, a expliqué M. Fitzgibbon. 

L’usine, qui emploiera 350 travailleurs, est un partenariat entre Ford et les Coréens EcoProBM et SK On, un important cellulier. Le communiqué précise toutefois qu’il reste des modalités à convenir entre les partenaires. 

Le patron d’EcoProBM, Jae-Hwan Joo, a indiqué que l’entreprise avait choisi Bécancour en raison des compétences de la main-d’oeuvre, du soutien des gouvernements, de l’accès aux minéraux critiques qui servent à la production des batteries, de l’approvisionnement stable en électricité propre, et enfin, de l’accès aux installations portuaires, aux autoroutes et chemins de fer.  

Il est estimé que l’usine produira en moyenne 45 000 tonnes de matériaux actifs de cathode chaque année.

C’est la première fois que Ford investit au Québec. La vice présidente à l’industrialisation des modèles électriques du constructeur, Lisa Drake, a souligné que le fondateur, Henry Ford, avait pourtant établi son entreprise au Canada un an après sa fondation il y a 120 ans.

«Henry, on est au Québec aujourd’hui», a-t-elle lancé avec une pointe d’humour. 

Elle assure que le manufacturier est là pour rester, puisque la technologie de batterie lithium-ion telle que celle qui sera exploitée dans l’usine de Bécancour est «une technologie à long terme».