François Bonnardel veut renforcer la sécurité dans les établissements de détention

Québec veut renforcer la sécurité dans les prisons et freiner les livraisons par drone, qui permettent aux détenus de s’approvisionner en drogues, armes et téléphones cellulaires.

Le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, était à l’Établissement de détention de Québec mardi pour annoncer des investissements de 35,8 millions $ sur cinq ans.

Cette somme avait déjà été mise de côté dans le dernier budget. Elle s’ajoute aux 9,2 millions $ prévus dans le Plan québécois des infrastructures (PQI) 2019-2029.

L’argent permettra d’acquérir de l’équipement de sécurité spécialisé, comme des systèmes radars de détection de drones et des détecteurs à balayage corporel pour la fouille des personnes incarcérées.

Il permettra également d’installer des dispositifs pour la fouille des visiteurs et du personnel des établissements de détention, et de sécuriser plus de cours extérieures avec du grillage, a expliqué M. Bonnardel.

«(Lors de) mes différentes visites des centres de détention dans les derniers mois, j’ai vu des inégalités entre les différents centres, et il fallait pour moi aujourd’hui donner un grand coup», a déclaré le ministre en conférence de presse.

«Pour moi, une prison, ça doit être sécuritaire, tant pour nos agents de services correctionnels que pour la population du Québec et les détenus. C’est pourquoi j’ai demandé (…) qu’on redresse la barre», a-t-il ajouté.

En janvier dernier, les agents correctionnels de l’Établissement de détention de Québec avaient notamment procédé à une importante saisie de drogues et d’objets illicites, probablement la plus importante de l’histoire de la prison.

Ce matériel illicite — souvent livré par drone — permet aux détenus de poursuivre leurs activités criminelles, a déploré M. Bonnardel. 

Les autorités ont détecté pas moins de 484 drones dans les six premiers mois de l’année. Environ 20 % des drones réussissent à livrer leur marchandise, a reconnu le ministre.

«Je suis pas mal tanné de voir ou d’entendre sur les différentes plateformes des criminels qui utilisent un cellulaire qui est entré illégalement pour montrer qu’ils pourraient encore continuer leurs activités dans ces prisons», a-t-il illustré.

Les cellulaires en prison sont particulièrement problématiques, a poursuivi la directrice générale de la sécurité du sous-ministériat des services correctionnels, Isabelle Mailloux.

«(Les détenus) peuvent rester en contact avec l’extérieur, continuer leurs liens d’affaires, (…) publiciser des événements violents pour se faire de la notoriété, (…) poursuivre du harcèlement envers des victimes», a-t-elle énuméré.

François Bonnardel a déclaré avoir demandé à ses équipes des «solutions additionnelles» pour contrer l’utilisation du cellulaire. «On va vous revenir en temps et lieu avec d’autres mesures, mais sachez que pour moi, le statu quo n’est pas une option.»

Un premier pas, dit le syndicat

Les mesures annoncées ont été bien accueillies par le président national du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec, Mathieu Lavoie, qui parle d’un bon «premier message».

En mêlée de presse, il a expliqué que les détenus se font de plus en plus livrer des couteaux, des outils, des stupéfiants et des cellulaires. Près de 800 cellulaires sont saisis à chaque année, alors qu’on compte 4500 personnes incarcérées, selon lui.

La situation est telle que l’Établissement de détention de Bordeaux, à Montréal, peut désormais être considéré le «deuxième aéroport» de la métropole, a-t-il lancé.

«C’est quelque chose qui est rendu commun. Les personnes incarcérées adorent faire des Facebook, des TikTok, se montrer sur les réseaux sociaux (…) et se vanter de leurs crimes», a déploré M. Lavoie.

Des détenus se sont même filmés en train de poignarder un autre détenu. «Il est anormal que le crime organisé profite d’être en détention pour continuer leurs crimes, (…) donc ça doit être un message qu’on doit envoyer, c’est un premier message», a-t-il ajouté.

Le chef syndical réclame que le gouvernement s’attaque également au manque d’effectifs dans les services correctionnels et qu’il rénove les établissements, puisque les détenus parviennent à casser les fenêtres, a-t-il dit.