Investissement Québec a versé moins de primes

MONTRÉAL — Après avoir franchi un record l’an dernier, les primes versées par Investissement Québec (IQ) ont diminué de près de 40 % en raison de la perte nette qu’a enregistrée la société d’État.

Quelque 1200 employés et dirigeants d’IQ ont reçu l’équivalent de 7,1 millions $ en primes pour l’exercice 2022-2023, selon des données obtenues par La Presse Canadienne en vertu de la Loi sur l’accès à l’information. L’année dernière la société avait versé une somme record de 12,3 millions $ sous forme de rémunération variable incitative.

La perte nette explique en grande partie cette diminution, précise IQ dans sa réponse. L’institution a enregistré une perte de 224 millions $ au cours de l’exercice 2022-2023, dont les résultats ont été dévoilés au début du mois de juin. Elle affiche ainsi un rendement négatif de 4,8 % à un moment de grande volatilité sur les marchés boursiers et d’incertitudes économiques.

Outre la performance financière, la rémunération variable est basée sur un facteur de développement économique et organisationnel ainsi que sur un facteur individuel. Dans sa réponse, IQ affirme que «la majorité» des indicateurs liés au développement économique et organisationnel dépasse ses objectifs.

Le directeur général de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP), François Dauphin, voit d’un bon œil que plusieurs aspects de la mission d’IQ soient pris en compte dans l’établissement de la rémunération. «C’est bien ainsi, commente-t-il en entrevue. C’est le bras financier du gouvernement. Investissement Québec doit prendre des risques pour favoriser le développement économique.»

Le président et chef de la direction, Guy LeBlanc, a touché une prime de 86 737 $ pour l’exercice 2022-2023. L’an dernier, la portion variable de sa rémunération atteignait 105 000 $. 

La rémunération de M. LeBlanc avait fait l’objet de critique de la part de l’opposition à Québec tandis qu’elle avait franchi la barre du million pour l’exercice 2021-2022 pour s’établir à 1,1 million $. 

En moyenne, les autres catégories d’emploi ont subi un plus grand recul de leur rémunération incitative. Pour l’ensemble des employés et dirigeants, le boni moyen est de 5853 $, comparativement à 11 244 $ à la même période l’an dernier.

M. Dauphin souligne qu’une plus grande part de la rémunération de M. LeBlanc est liée à des critères à long terme. «Il est moins affecté par ce qui arrive pour une seule année, mais la baisse pourrait être plus importante si la situation venait à se répéter.»

Les bonis annuels sont un outil de rétention des employés tandis qu’IQ doit concurrencer les employeurs du secteur financier, souligne M. Dauphin. Il ne croit toutefois pas que la diminution des primes cette année cause des problèmes à cet égard. 

«Ça a été une année difficile dans le secteur financier et on peut penser qu’on a assisté à la même chose. Je dirais même que le fait qu’on ne prenne pas uniquement le rendement a représenté un avantage pour les employés et vient amoindrir le risque.»