La mairie et la chambre de commerce réagissent au départ de Beaulieu

LICENCIEMENT – Le président du syndicat, le maire de Farnham et le président de la chambre de commerce s’entendent pour dire que la fermeture de la filature de Beaulieu Canada aura un impact non négligeable sur l’économie locale.

Le président du syndicat, Daniel Bissonnette, prend soin de rappeler que les travailleurs de la filature touchaient un bon salaire (16,59 $ en moyenne pour les employés de production et de 18 $ à 27 $ pour les préposés à l’entretien de machinerie fixe et autres travailleurs spécialisés).

«Il n’est pas dit que ces gens-là vont pouvoir se replacer du jour au lendemain. Des jobs disponibles, il n’y en a pas 200 000 à Farnham. Et, rien n’indique qu’ils vont trouver un emploi aussi bien rémunéré», indique M. Bissonnette.

Ce dernier prend soin de rappeler que les travailleurs licenciés n’ont pas nécessairement un taux de scolarité très élevé.

«Plusieurs ont à peine complété leur secondaire 2. Au moment de leur embauche, il y a 25, 30 ou 40 ans, il n’était pas nécessaire d’avoir un diplôme d’études secondaires en poche pour travailler», explique M. Bissonnette.

Conjoncture économique

Le maire de Farnham, Josef Hüsler, abonde dans le même sens…

«La conjoncture économique n’est pas très bonne. Il n’y a pas beaucoup de création d’emplois et les postes disponibles s’adressent surtout à des employés qualifiés, qui ont un métier», soutient M. Hüsler.

Ce dernier n’a appris la nouvelle qu’au retour du congé de l’Action de grâces par la voie des media.

«Les villes sont souvent les dernières informées. En mai dernier, la compagnie nous avait laissé entendre que le centre de distribution déménagerait, mais que la filature poursuivrait ses activités (…) À mon avis, la décision était prise depuis longtemps et le communiqué de la compagnie était déjà rédigé depuis un bout de temps», déplore le maire.

M. Hüsler se demande par ailleurs ce qu’il adviendra des installations d’Acton Vale.

«Après les fermetures des filatures de Wickham et de Farnham, on peut se demander combien de temps Beaulieu Canada va continuer d’opérer à Acton Vale avant de déménager aux États-Unis? Les Américains sont des gens fiers, qui prennent les moyens nécessaires pour faire travailler leurs propres travailleurs», poursuit le maire.

Économie locale

Le président de la Chambre de commerce de Farnham et région (CCFR), Robert Arcand, déplore la perte d’emplois bien rémunérés dans une localité qui en a bien besoin.

«Des salaires à 15 $ ou 20 $ de l’heure, il n’y en a pas des tonnes à Farnham», indique M. Arcand.

Ce dernier ajoute qu’il n’y a pas beaucoup d’usines de l’ampleur de Beaulieu Canada dans la région et que la fermeture annoncée va faire mal à l’économie locale.

«L’usine de Beaulieu Canada a contribué à faire rouler les restaurants, épiceries, stations d’esence et boutiques spécialisées (sport, vêtements de travail, etc.) pendant plusieurs décennies en raison de son importante masse salariale», prend soin de rappeler le président de la CCFR.

Robet Arcand dit souhaiter que ces employés «qualifiés et d’une grande fidélité» (plusieurs dizaine d’années d’ancienneté) puissent trouver un nouvel employeur dans des délais raisonnables.

«Les entreprises avec un gros roulement de personnel sont pénalisées, car la formation des employés coûte cher. Elles n’ont aucun avantage à voir partir un travailleur qu’elles ont pris la peine de former », explique M. Arcand.

La CCFR entend par ailleurs être proactive dans le dossier en faisant parvenir à ses membres une infolettre les invitant «à penser au personnel licencié de Beaulieu Canada» au moment d’embaucher de nouveaux employés.

«Une copîe de cette lettre sera également transmise à la Chambre de commerce de Cowansville et région», précise M. Arcand.