Un employé de Distribution Marcel Dion sous enquête

ENQUÊTE. La mise en place de dispositifs de surveillance et de sécurité à la suite du vol d’un chargement de cuivre a permis à l’entreprise Distribution Marcel Dion de Farnham de mettre au jour une vaste fraude commise par un employé de longue date, a appris l’AvenirEtDesRivières.com. Ce stratagème mis au jour aurait pu faire couler l’entreprise qui se spécialise dans le transport routier depuis 1983. Les deux événements n’ont cependant aucun lien, assure la direction.

Un train routier et une remorque contenant du cuivre ont été volés, le 8 novembre dernier, dans la cour de l’entreprise située sur le boulevard Industriel à Farnham. La valeur totale du vol est estimée à 450 000$. Dans la même semaine, l’enquête policière a permis de retrouver l’équipement routier à Saint-Jérôme. Le contenu, quant à lui, est toujours manquant, indique Sylvain Oligny, propriétaire de Distribution Marcel Dion.

Ce vol a remué certaines questions dans l’esprit de M. Oligny, propriétaire de l’entreprise depuis janvier 2014, puisqu’aucune autre remorque n’avait été vandalisée ou volée, laissant croire que l’engin dérobé était visiblement visé. Est-ce qu’une information a filtré de l’intérieur? Les clôtures sont-elles suffisamment sécurisées? Et le système d’alarme? «J’ai voulu renforcer la sécurité au terminal et j’ai engagé des enquêteurs privés», soutient-il. Des vérifications internes ont aussi débuté.

Vol d’information

Entretemps, un employé de longue date avait entrepris de télécharger tout le contenu des serveurs informatiques de l’entreprise, incluant les contrats et les listes de clients, sur des supports externes. «Il est allé rencontrer un avocat qui lui a dit qu’il ne fallait pas faire ça et d’aller voir son employeur», ajoute Sylvain Oligny. L’individu, qui compte plus de 15 ans d’expérience, s’est adressé à la direction. Aussitôt, une plainte à la Sûreté du Québec a été formulée pour vol d’informations valant plusieurs millions de dollars. «Nous pouvons confirmer que nous avons reçu une plainte. Nous ne commenterons pas ce dossier, car l’enquête est en cours», précise la sergente Aurélie Guindon, porte-parole de la Sûreté du Québec de l’Estrie.

L’employé en cause a été suspendu par son employeur aux fins d’enquête le 18 décembre dernier. Il s’expose à un congédiement pour faute grave. Pour des raisons légales, son identité n’a pas été dévoilée.

«Il voulait vendre des informations à d’autres compagnies. Il s’est essayé à Cowansville, mais l’entreprise a dit non», enchaîne Sylvain Oligny. «S’il partait avec la liste des clients, un compétiteur aurait pu savoir le coût de chaque voyage, les contacts, le mode de fonctionnement, tout.» 

M. Oligny a d’ailleurs craint quelques jours pour la survie de son entreprise qui embauche 110 travailleurs et qui a un chiffre d’affaires annuel de 15M $. «On est rassuré. Ça a été découvert, mais ça aurait pu tomber entre de mauvaises mains.» Sylvain Oligny indique avoir averti les autres compagnies de transport de la situation, notamment via des pages Facebook. «On lui a coupé l’herbe sous le pied.»

Prévention

En s’adressant ainsi à l’AvenirEtDesRivières.com, Sylvain Oligny souhaite prévenir la population qu’une personne a volé des informations provenant de son entreprise et rassurer les gens. «On va renforcer nos systèmes informatiques. On sait maintenant qu’on peut programmer des alertes sur le système et aussi empêcher le téléchargement de données [sur des clés USB par exemple]», note-t-il. Des investissements de l’ordre de 100 000$ pour l’amélioration des systèmes de vidéosurveillance et d’éclairage sont prévus. Et il souhaite par-dessus tout préciser que les deux événements, soit le vol de cuivre et la fraude, ne sont pas reliés. «L’employé a pris la mauvaise décision [en commettant sa fraude], mais il n’est pas relié avec le vol de cuivre», conclut-il.