Coupures chez les aumôniers à la prison de Cowansville
Incertitude et confusion règnent au pénitencier de Cowansville suite à la décision du gouvernement Harper de ne pas renouveler les contrats des aumôniers à temps partiel dans les prisons fédérales.
Au début du mois d’octobre, le gouvernement conservateur a annoncé que les contrats des aumôniers à temps partiel travaillant dans les prisons fédérales ne seraient pas reconduits l’année prochaine. Cette décision touchera des dizaines d’aumôniers, dont plusieurs non chrétiens. En effet, la presque totalité des contrats à temps plein est octroyée à des prêtres chrétiens, alors que les autres religions sont essentiellement représentées par des aumôniers à temps partiel.
Tim Smart, qui travaille comme aumônier protestant à temps partiel au pénitencier de Cowansville, n’a reçu aucune communication interne des autorités pénitentiaires jusqu’à maintenant.
«J’ai lu les nouvelles dans les journaux comme tout le monde. Pour le moment, il y a beaucoup de confusion», affirme-t-il. Selon lui, des centaines de bénévoles travaillent de façon ponctuelle à l’établissement. «Ce sont les aumôniers qui recrutent et dirigent les bénévoles. S’ils s’en vont, les bénévoles disparaîtront aussi», prévient-il.
À l’heure actuelle, il y a deux aumôniers catholiques, un à temps plein et un à temps partiel à l’établissement de Cowansville. Il y a également un aumônier protestant (Tim Smart), présent deux jours par semaine. De plus, un imam rend visite aux détenus qui le désirent de façon hebdomadaire. Un rabbin et un prêtre bouddhiste viendraient quant à eux une fois par mois.
La direction du pénitencier de Cowansville n’a voulu confirmer ou réfuter aucune de ces informations. Elle a référé Journal Le Guide.com au service des communications à Ottawa, lequel a confirmé par voie de communiqué qu’il y a cinq aumôniers à temps partiel et un à temps plein, à Cowansville. De plus, selon la même missive, «les contrats de service d’aumônerie à temps partiel ne seront pas renouvelés, toutefois, les contrats actuellement en vigueur seront honorés jusqu’à leur date d’expiration prévue, soit le 31 mars 2013».
Service correctionnel Canada s’engage également à respecter la liberté de religion des délinquants sous responsabilité fédérale, mais n’indique pas comment il entend y parvenir.
Réaction de Pierre Jacob
Selon le député fédéral de Brome-Missisquoi, Pierre Jacob, le gouvernement conservateur a pris une décision irréfléchie sans examiner les conséquences possibles sur la réhabilitation des détenus. Le criminologue de formation affirme que «les aumôniers font un travail d’accompagnement unique dans les démarches des individus pour se réhabiliter. Ils servent dans la quête de sens et aident les détenus à vraiment s’impliquer dans le processus».
À son avis, l’abolition de ce programme peu coûteux (6,4 millions $) représente une économie minuscule à court terme et coûtera beaucoup plus cher à la société à long terme.