Cyanobactéries: les maires de la baie Missisquoi se mobilisent

ENVIRONNEMENT. Les maires des municipalités riveraines de la baie Missisquoi veulent trouver une solution aux algues bleu vert, aussi appelées cyanobactéries. C’est dans ce but qu’ils ont formé le regroupement Action Lac Champlain.

Le groupe a été mis sur pied à l’initiative du maire de Venise-en-Québec, Jacques Landry. De prime abord, une tâche aussi colossale lui semblait dépasser la compétence des municipalités. Mais il s’est dit que si les maires ne s’en occupaient pas, qui le ferait. «On ne doit pas léguer ça aux prochaines générations», 

Il a rallié des collègues de Saint-Georges-de-Clarenceville, Pike-River, Saint-Armand (Philipsburg) ainsi que la ville de Bedford, qui puise son eau dans la baie. Le député fédéral de Brome-Missisquoi, Denis Paradis, partage leur préoccupation.

La semaine dernière, le député a organisé une rencontre à Montréal entre les maires et la directrice des communications du ministère des Affaires mondiales. Les cyanobactéries ne sont pas vraiment un enjeu de politique étrangère, mais le lac Champlain est un plan d’eau partagé avec les États-Unis. D’ailleurs, à cette occasion, Pierre-Yves Caux, directeur science et ingénierie de la Commission mixte internationale (CMI) a participé à la rencontre. Le directeur adjoint régional d’Environnement était aussi à la réunion.

Préoccupation

La réunion a permis de partager l’information relative aux enjeux actuels du lac et d’établir une stratégie pour en améliorer la qualité. Mais les maires ont aussi défendu la priorité qu’ils accordent aux problèmes des cyanobactéries. Il y a quelques semaines, la CMI a obtenu le mandat et les fonds pour se pencher sur le dossier des inondations. L’organisme binational disposera d’un budget de 15 millions sur cinq ans.

Selon M. Landry, la préoccupation première des municipalités riveraines de la baie est la qualité de l’eau. C’est un problème récurrent qui revient annuellement, fait-il valoir. Les inondations comme celles de 2011 sont centenaires. En outre, souligne-t-il, en 2011, les municipalités devaient délivrer les permis de reconstruction et de rénovation à la condition que les propriétés soient immunisées contre la crue. «Sur les 15 millions, il doit bien y avoir moyen d’en consacrer une portion aux cyanobactéries», insiste-t-il.

Solutions

Par ailleurs, les maires ont eu droit à une présentation de solutions techniques par quatre groupes, qui ont proposé des approches comme les bactéries et les ultrasons. »Dans une présentation, c’est bien beau. Ça a l’air de marcher». Les maires veulent répéter l’exercice en présence d’un universitaire neutre, qui pourra les éclairer.

Chose certaine avant de s’attaquer à l’ensemble de la baie, M. Landry préconise un projet à petite échelle pour en évaluer la faisabilité et l’efficacité. Mais au premier chef, il croit qu’il faut stopper immédiatement l’apport de phosphore dans l’eau du lac. Le phosphore est un fertilisant qui nourrit les algues bleu vert. Il provient de diverses sources comme les rejets d’eaux usées, des fertilisants agricoles et des fumiers épandus dans les champs.

M. Landry concède qu’il s’est fait beaucoup d’efforts et d’investissements depuis une couple de décennies. Les eaux usées municipales sont maintenant traitées. Le Vermont a resserré sa réglementation en milieu agricole. Cependant, au Québec, l’application varie, admet M. Landry.

Il souligne l’importance des bandes riveraines pour retenir le phosphore dans les champs. De nombreux agriculteurs font des efforts importants pour respecter les normes alors que d’autres les sabotent impunément. Les municipalités n’ont pas les ressources pour faire respecter cette réglementation. Il pense que l’application devrait relever de Québec. M. Landry insiste: «Il faut agir. On ne peut léguer ce problème aux générations futures.»