Denis Paradis souhaite que la priorité soit mise sur les cyanobactéries

ENVIRONNEMENT. Sans délaisser l’enjeu des inondations, la Commission mixte internationale (CMI) sur les eaux limitrophes devrait mettre la priorité sur le problème des cyanobactéries dans le bassin de la baie Missisquoi et de la rivière Richelieu, estime le député fédéral de Brome-Missisquoi, Denis Paradis.

M. Paradis et son collègue du comté de Saint-Jean, Jean Rioux, ont décidé de se partager deux dossiers qui touchent les deux circonscriptions. M. Rioux s’occupe de défendre le dossier du prolongement de l’autoroute 35 jusqu’à la frontière alors que M. Paradis prend en charge le dossier de la CMI. Il connaît bien l’organisme puisqu’il a déjà obtenu son intervention dans les dossiers du pont d’Alburg, au Vermont, et des cyanobactéries dans la baie Missisquoi.

Rappelons que la CMI a été créée en 1909 en vertu d’un traité entre le Canada et les États-Unis. L’organisme paritaire est chargé de conseiller les gouvernements sur les questions relatives aux eaux partagées. À la suite des inondations historiques du printemps 2011, les deux gouvernements l’ont mandaté pour étudier le problème et proposer des solutions.

Dans une première étape, la Commission a formé un groupe de travail chargé de préparer un plan d’étude. Le groupe a proposé trois scénarios de travaux, dont le plus complet doit s’échelonner sur cinq ans et coûter 14millions. En 2013, la Commission a recommandé ce scénario aux deux gouvernements. Il a fallu attendre 2014 avant qu’elle reçoive un mandat considérablement réduit.

Mandat

Ils ont demandé principalement à la Commission de recueillir et d’harmoniser les données topographiques et de bathymétrie, ainsi que d’établir une cartographie montrant les secteurs inondés à différents niveaux. Le rapport a été remis l’automne dernier. En même temps, la CMI réitérait l’importance de réaliser le plan d’étude de 2013.

Dans le premier budget fédéral du gouvernement libéral, la Commission a reçu des fonds pour réaliser des travaux sur différents bassins limitrophes, dont 7,5 millions pour le bassin Richelieu-Champlain. Il est très rare que le budget précise à ce point l’utilisation du budget d’un organisme.

M. Paradis a été réélu député après une décennie à l’écart du pouvoir. À son retour, il a constaté que l’état de la baie Missisquoi ne s’est pas vraiment amélioré au cours de la décennie». En fait, je me demande si ça n’a pas empiré», dit-il en entrevue. Il a réuni un groupe de maires des municipalités riveraines de la baie et de la rivière qui font partie de son comté.

Outre les maires de Saint-Armand (Philipsburg) et Pike-River, ceux de Venise-en-Québec, Saint-Georges-de-Clarenceville, de Noyan et de Henryville participent à l’exercice. Il y a aussi adjoint le maire de Bedford, dont la prise d’eau est située à Philipsburg. Dans le groupe, deux sont riverains du Richelieu. Selon M. Paradis, le problème des cyanobactéries constitue leur principale préoccupation.

Priorité

M. Paradis estime que la Commission doit d’abord se concentrer sur ce problème et y affecter au moins une partie du budget que le gouvernement lui concède. Il est d’avis que dans l’immédiat, les cyanobactéries sont l’enjeu principal du bassin. Mais il veut de l’action, des gestes concrets, pas des études.

Le député note que le travail de l’Organisme de bassin versant et du Lake Champlain Basin Program a une portée à long terme. Il faut des interventions à court terme. Des entreprises se sont déjà manifestées pour proposer des solutions. Le comité de maires les écoutera, mais il convient qu’il faudra valider scientifiquement ces solutions.

M. Paradis a déjà entrepris les démarches pour donner cette orientation à la Commission, qui relève du ministre des Affaires étrangères. M. Paradis a déjà approché son collègue Stéphane Dion, qui, rappelle-t-il, a été ministre de l’Environnement. Il a aussi rencontré le président canadien de la CMI et il doit rencontrer son homologue américain en septembre.

Le député concède que les cyanobactéries ne sont pas un problème dans la rivière Richelieu. Il assure que le dossier des inondations n’est pas pour autant écarté.