Des agriculteurs s’approprient l’emprise de la piste cyclable

VÉLO. Des agriculteurs de Mont-Saint-Grégoire et de Sainte-Brigide-d’Iberville se sont approprié de longues portions de l’emprise de la piste cyclable entre Saint-Jean-sur-Richelieu et Farnham. Ces terrains appartiennent pourtant au ministère des Transports. Ils n’hésitent pas à faire des coupes à blanc pour étendre leurs champs.

Rappelons que dans les années 60, le Québec a rêvé d’un grand réseau autoroutier digne de la modernité nord-américaine. C’est dans cet esprit que le projet de l’autoroute 6 a été planifié dans le but de relier Saint-Jean-sur-Richelieu à Farnham.

Cette autoroute devait emprunter l’emprise ferroviaire désaffectée de la compagnie Central Vermont, ancienne filiale du CN. En plus d’acquérir le chemin de fer, Transports Québec a exproprié les emprises nécessaires, notamment pour les échangeurs et les viaducs. Un premier tronçon a même été construit à Farnham. Il est devenu une piste d’avions.

Le projet a fini par être abandonné dans les années 80. Le ministère a alors privilégié la conversion du couloir en piste cyclable. Un premier tronçon, la Montérégiade 1, a été aménagé entre Farnham et Granby. Le comité Pro-piste a été mis sur pied pour en assurer la gestion et l’entretien.

Montérégiade 2

Il a fallu attendre le milieu des années 90 pour que la Montérégiade 2, entre Farnham et Iberville prenne forme et s’insère dans la Route Verte du Québec. La piste traversait alors le territoire des municipalités d’Iberville, Saint-Athanase, Saint-Grégoire-le-Grand, Sainte-Brigide-d’Iberville, Rainville et Farnham. Les fusions municipales ont simplifié les choses. Saint-Jean-sur-Richelieu, Mont-Saint-Grégoire, Sainte-Brigide et Farnham se partagent maintenant la Montérégiade 2.

Au départ, un organisme a été mis sur pied pour la gérer. Finalement, on a retenu les services de Pro-Piste pour s’assurer de l’entretien. Vincent Baraby en est  le président bénévole depuis plus de 25 ans. Grand utilisateur de la piste depuis sa retraite, Denis Tremblay est devenu membre du comité. Les deux se souviennent d’un sentier cyclable dans un corridor boisé. La cime des arbres formait un tunnel ombragé où il faisait bon rouler par temps de canicule.

Depuis plusieurs années, des agriculteurs ont commencé à gruger ce corridor comme s »ils étaient chez eux. Ce problème est spécifique aux territoires de Mont-Saint-Grégoire et Sainte-Brigide, souligne Carole Génier, employée de Pro-Piste depuis 15 ans.

Déboisement

Des événements récents les a convaincus de faire une sortie publique. La sensibilisation ne fonctionnant pas, ils dénoncent donc les agriculteurs. L’un d’eux vient d’arracher une bande boisée alors qu’un autre littéralement défoncé la surface de la piste avec sa machinerie. D’ailleurs, des plaintes pour méfaits publics ont été déposées à la S.Q.. Un autre a déjà arraché des arbres plantés par des bénévoles pour baliser le sentier.

Les habitués de la piste cyclable ont assurément constaté que certains agriculteurs cultivent jusqu’à la limite du sentier de roches. Pourtant, leur propriété se termine au moins 25 pieds plus loin. L’ennui, c’est que le MTQ n’a jamais remis les plans de ses propriétés, se contentant de dire que l’emprise est de 20 mètres. C’est 65 pieds.

Le sentier de gravier est large de 10 pieds. Une bande d’environ 27 pieds de chaque côté fait partie de la Montérégiade. Sur le plan de zonage et le rôle foncier de la Ville de Saint-Jean, on peut facilement identifier les lots formant la piste cyclable sur son territoire. Leur largeur varie de 20,29 à 125,76 mètres.

Le sujet a été abordé à quelques reprises aux séances de la MRC du Haut-Richelieu, officiellement locataire de la piste. Ça ne semble pas une préoccupation majeure. L’ennui, c’est qu’on ne connaît pas exactement les limites de la propriété. Difficile dans ce contexte de faire respecter ses droits. Cependant, des travaux d’arpentage doivent se réaliser cette semaine.

En plus de déboiser pour étendre leurs champs, les agriculteurs utilisent la piste cyclable pour circuler, causant un effet de planche à laver. En principe, ils ne devraient la traverser qu’en ligne droite. Il arrive que le sentier soit recouvert de purin. Pas terrible pour circuler à vélo. Enfin, il faut le souligner, de Farnham à Granby, un tel comportement ne se rencontre pas.