Des kilomètres de plage à Venise-en-Québec

ENVIRONNEMENT. Profitant de kilomètres de plage, des oiseaux rares fréquentent la baie Missisquoi.

Les conditions hydriques actuelles du lac Champlain attire des visiteurs inhabituels au lac Champlain. Des espèces qu’on ne voit jamais dans le Haut-Richelieu s’alimentent actuellement sur les plages de la baie. Celles-ci font habituellement quelques mètres de large, voire quelques dizaines de mètres. Présentement, certaines font 500 mètres de large, souligne Réal Boulet, administrateur du Club d’ornithologie du Haut-Richelieu.

Ces milieux attirent les oiseaux limicoles. Ce sont des oiseaux de rivage qui s’alimentent sur les plages et les eaux vaseuses. On en retrouve une quarantaine d’espèces au Québec, précise notre interlocuteur. Une année normale, on en recense une quinzaine dans le Haut-Richelieu. Cette année, les ornithologues en ont observé 26 espèces.

Le pluvier argenté, le pluvier bronzé, le bécasseau de Baird, le bécasseau à échasses, le bécassin à long bec, la barge hudsonnienne, le tournepierre à collier, le bécasseau roussâtre et le phalarope à bec étroit sont parmi ces espèces qui boudent habituellement la région.

Mieux encore, selon M. Boulet. Sa conjointe, Ghislaine Boulet, a identifié un bécasseau d’Alaska et un pluvier grand gravelot. Pour cette dernière espèce, il s’agit seulement de quatrième mention au Québec depuis plusieurs décennies.

Le réseau des ornithologues amateurs est tricoté serré. Ce genre d’observation se répand rapidement sur Internet. M. Boulet dit avoir reçu plusieurs demandes d’information d’un peu partout au Québec et même de l’est de l’Ontario pour connaître le trajet pour s’y rendre et les sites d’observation.

Faune

Par ailleurs, le niveau d’eau a sûrement un impact sur la faune et la flore, pense Marcel Comiré, biologiste et directeur du COVABAR, l’organisme de bassin versant du Richelieu. Cependant, rien n’indique que ce soit majeur ni néfaste pour les espèces vivantes.

La charge de contaminant dans la rivière reste la même pour un volume d’eau inférieur, analyse notre interlocuteur. Le taux d’oxygène est vraisemblablement plus bas, ce qui peut nuire à la faune et à la flore. Cependant, M. Comiré ne pense pas qu’il y ait un impact majeur si la situation demeure temporaire. Si le scénario devait se répéter pendant quelques années, l’écologie de la rivière se modifierait.

Le niveau pourrait-il descendre plus bas? Il faut se rappeler que les records historiques de bas niveau, toutes saisons confondues, ont été atteints en 1999 et 2001. Le niveau de la rivière était déjà bas, mais moins qu’il ne l’est actuellement. Ces deux jours-là, le sud du Québec avait essuyé la queue d’un ouragan. Selon son emplacement,  l’œil de la tempête peut provoquer de forts vents du nord qui ont pour effet de refouler l’eau dans le lac Champlain. C’est ce qui s’était produit à ces deux occasions.