Diarrhée porcine: la filière québécoise se mobilise
L’éclosion de diarrhée épidémique porcine (DEP), qui frappe actuellement les États-Unis, suscite de vives inquiétudes au sein de l’industrie qui multiplie les interventions afin de prévenir la propagation de cette maladie virale qui menace la vie des porcelets. La présence du virus a d’ailleurs été relevée, les 10 et 12 février dernier, dans l’aire de déchargement des porcs à l’abattoir de F. Ménard à Ange-Gardien.
«Le virus a été détecté dans l’environnement et non sur un animal. On ne relève aucun cas à ce jour au sein de troupeaux de porcs québécois», précise Charles Surprenant, médecin vétérinaire chez F. Ménard, à Ange-Gardien.
Selon l’Équipe québécoise de santé porcine (EQSP), l’entreprise a pris des actions pour retracer la source du virus et effectué des tests environnementaux dans plus de 25 fermes ayant été identifiées à risque.
Une enquête est en cours et des tests seront effectués dans les prochains jours dans toutes les autres fermes approvisionnant l’abattoir d’Ange-Gardien pour obtenir un portrait plus précis sur la circulation potentielle du virus.
Si de nombreux cas ont été identifiés aux États-Unis et une quinzaine en Ontario, seules des traces du virus ont été décelées, le 20 janvier dernier à Saint-Esprit, sur un quai de déchargement de l’abattoir d’Olymel. La menace de la DEP n’est cependant pas prise à la légère. «L’ensemble de la filière porcine québécoise prend la menace de la DEP très au sérieux. C’est pourquoi notre industrie se mobilise pour rehausser les mesures de biosécurité en vigueur (lavage, désinfection, séchage des camions de transport et du matériel utilisé lors du déplacement des animaux)», indique Gaëlle Leruste, conseillère aux communications externes chez Les Éleveurs de porcs du Québec.
16 cas en Ontario
Une éclosion de DEP a été détectée dans plusieurs États du Midwest américain en avril 2013. «Pas moins de 23 États américains ont eu à se battre contre la DEP, mais seulement 5% à 10 % des élevages de ces États ont été affectés. Les producteurs touchés ont cependant subi des pertes élevées pouvant aller jusqu’à 100%», précise le président des Éleveurs de porcs du Québec, David Boissonneault.
Charles Surprenant ajoute que les principaux États producteurs de porcs ont tous été touchés. «De cinq à sept millions de porcelets sont décédés chez nos voisins du Sud depuis l’apparition du premier cas, il y a moins d’un an. Ce pays produit plus de 100 millions de porcs d’abattage chaque année», signale-t-il.
Seize cas cliniques ont par ailleurs été répertoriés récemment en Ontario, un autre au Manitoba et un dernier à l’Île-du-Prince-Édouard.
«Le Québec n’a pas encore été touché à ce jour, mais l’étau se resserre autour de nous», constate M. Surprenant.
Une stratégie de surveillance, de prévention et de contrôle a été mise au point de manière concertée.
La vigilance est de mise
David Boissonneault, laisse entendre que la mobilisation de l’industrie fonctionne bien, mais rappelle que la vigilance est toujours de mise.
«Il n’y a pas de risque zéro, car il s’agit d’un nouveau virus en Amérique du Nord et nos troupeaux ne sont pas immunisés. Nous avons cependant une longueur d’avance sur les États-Unis, parce que nous avons appris de l’expérience américaine et sommes mieux préparés», affirme ce producteur de porcs de Lyster, près de Plessisville.
Confiant de pouvoir éviter le pire, M. Boissonneault admet que les cas découverts en Ontario ces dernières semaines sont préoccupants. «On constate que le virus se rapproche», affirme-t-il.
Si les élevages du Québec étaient touchés dans les mêmes proportions que ceux des États-Unis, la DEP pourrait entraîner le décès de 350 000 à 400 000 porcs et des pertes annuelles de l’ordre de 50M $. La province produit près de sept millions de porcs d’abattage chaque année.
«Chez F. Ménard seulement, on pourrait enregistrer jusqu’à 50 000 décès sur une production annuelle d’un million de porcs», précise M. Surprenant.
Un plan de mesures d’urgence a déjà été mis au point pour faire face à toute éventualité.